Plus de trente années nous séparent aussi de ce mois d'avril 1990 qui a vu la publication de la fameuse circulaire signée par Mouloud Hamrouche, chef du gouvernement de l'époque, permettant la création de titres indépendants. Ce document fondateur, qui portera, du reste, l'appellation officieuse de «circulaire Hamrouche», marquera le début d'une nouvelle page dans l'histoire de l'Algérie indépendante et de sa presse publique rompue aux méthodes de gestion du parti unique et des injonctions venues d'en haut. C'était une voie royale ouverte sur la pluralité médiatique et de pensée et la consolidation du processus démocratique initié, deux années plus tôt, dans la douleur et le sang.L'initiative de Mouloud Hamrouche intervenait, en effet, dans le sillage de la révolution d'Octobre et de ses martyrs et de l'espoir, longtemps écrasé, de tout un peuple, de voir ses libertés d'expression, d'association et de pensée recouvrées et ses conditions de vie améliorées. C'était aussi le début d'un vaste programme de réformes lancé par ce gouvernement et qui allait marquer une rupture radicale avec certaines pratiques du passé. Elle intervenait également au lendemain de l'émergence du Mouvement des journalistes algériens (MJA) et des chauds débats organisés autour de la situation de la presse et de ses perspectives futures.
Foisonnement de titres indépendants
Délestés du poids des directives de l'autorité publique, les esprits se libèrent, les langues se délient et les projets pour des journaux indépendants censés être mieux adaptés aux exigences de cette nouvelle étape se multipliaient de plus en plus.
Concrètement, cette circulaire offrit aux journalistes professionnels désireux de se lancer dans cette aventure de se constituer en collectifs et de présenter des dossiers de projets qui seront soumis à l'évaluation d'une commission spécialement dédiée. Une fois retenus, ces projets seraient alors éligibles à une subvention de l'Etat.
En réalité, cette aide se résumait à un versement anticipé de 3 années de salaires pour chaque journaliste. S'ajoute à cela, la réservation de locaux dans ce qui sera plus tard connu sous le nom de Maison de la presse, avec des loyers modestes.
Très vite, on assiste à un foisonnement de quotidiens et de périodiques avec une liberté de ton qui suscita illico presto l'assentiment du citoyen mais qui déstabilisa les partisans de l'ordre précédemment établi. Face à une forte résistance à ses réformes, Hamrouche jeta l'éponge mais non sans avoir, heureusement, verrouillé le cadre juridique et réglementaire organisant la presse indépendante. Aussi, ses successeurs et leurs mentors, ne pouvant remettre en cause cette importante victoire, ont dû recourir à des méthodes d'un autre temps pour tenter de mettre à genoux des titres, à l'évidence, peu dociles à leurs yeux.
Des pratiques d'un autre temps
On assista rapidement à la réinstauration du monopole sur la publicité publique avec une intention publiquement assumée d'en faire bénéficier selon l'état de service de chaque journal et de son degré de soumission.
Des injonctions ont également été émises aux imprimeries publiques où sont tirés les titres privés, pour reconsidérer des contrats purement commerciaux et décider, par le seul fait du prince, de suspensions en série.
À l'image du roseau, la presse indépendante a, sans doute, plié parfois face à toutes ces embûches et de dizaines d'autres qui obstruaient périodiquement son parcours, mais elle n'a pas rompu. Elle a été de tous les combats démocratiques et contre l'obscurantisme, auxquels, du reste, elle a payé un lourd tribut. Le Soir d'Algérie en est l'exemple édifiant. Quatre martyrs et un attentat à la voiture piégée qui a soufflé entièrement son siège. La «circulaire Hamrouche» a permis, en définitive, la création de près de 200 titres entre quotidiens et périodiques aussi bien en langue arabe que française et l'emploi de centaines de personnes dans les différents corps de ce métier.
30 années après, une menace pandémique d'un autre genre commence à peser de tout son poids sur cette presse indépendante d'expression écrite. Elle a pour nom, numérisation.
Par son étendue planétaire, par son instantanéité, par son efficacité et par sa proximité, l'internet est en voie de s'imposer comme le moyen de communication par excellence. Quels lendemains, alors, pour notre presse indépendante dans cette mondialisation rampante '
B. Bellil
Mouloud Hamrouche
«Il fallait créer un maximum de relais sociaux et de supports d'expression»
Dans une contribution publiée à l'occasion du 20e anniversaire du Soir d'Algérie (4 septembre 2000), Mouloud Hamrouche écrivait, notamment : «Dans la dynamique globale des réformes, le gouvernement que j'ai eu le privilège de présider s'était vite trouvé confronté à un problème de communication avec l'opinion publique et avec les acteurs politiques et sociaux.
En raison de l'obsolescence des anciennes méthodes et structures, le message des gouvernants était traduit par les supports médiatiques de l'époque en un langage ésotérique et répétitif incompris de la population. Le recours au discours des années soixante-dix n'était plus à même de saisir l'apparition de nouvelles situations et l'émergence de nouvelles idées. Cet état de fait avait conduit l'opinion à riposter en produisant ses propres informations, en créant ses propres réseaux y compris par la rumeur et en livrant ses propres lectures et analyses. D'autant que des chaînes étrangères organisaient des débats plus diversifiés plus informés et parfois plus équilibrés sur nos problèmes. C'est pour cela, notamment, qu'il a fallu doter la société de ses propres instruments... et encourager la création d'un maximum de relais sociaux et de supports d'expression. C'est à cette fin également que les journalistes ont été encouragés et soutenus pour la création de leurs propres journaux indépendants... Cette jeune presse a vite réalisé que la seule façon de rattraper la société était d'aller à sa rencontre, comprendre ses inquiétudes et saisir ses aspirations...»
Des unes et des évènements : Année 2017
Le gaz chauffe les relations algéro-françaises
Les perturbations évoquées récemment par l'opérateur GRTgaz, filiale de la compagnie publique française Engie, puis par la maison-mère elle-même, dans la livraison du GNL pour la France et la réponse sèche de la Sonatrach sont considérées, par nombre de spécialistes, comme le prélude d'une guerre non déclarée qui dure depuis plus d'un demi-siècle.
La Sonatrach subit, en fait, d'énormes pressions pour renégocier les termes du contrat gazier avec Engie (ex-GDF Suez) qui use de tous les subterfuges pour entraîner le débat technique (formules de vente de gaz) vers le terrain politique. Le contrat d'approvisionnement de la France en gaz devra expirer dans deux ans. Sa reconduction devra traverser des zones de turbulence politique.
La Sonatrach est alors incapable de résister seule à l'offensive française. De part et d'autre de la Méditerranée, c'était pratiquement une occasion de se rappeler que la guerre sur les prix de cession de gaz n'a jamais cessé et ne risque pas encore de laisser place à d'autres solutions, moins déplaisantes. Même si l'Algérie a commencé à livrer du gaz aux groupes énergétiques français à partir de 1964, la question des prix a toujours empoisonné les débats entre les deux pays. Pour l'histoire, le premier accord sur les prix du gaz n'a pu être conclu qu'en mai 1967.
La Libye en proie aux islamistes
Un jeu trouble des islamistes maghrébins semble se jouer actuellement en direction de la Libye.
Objectif : saborder les efforts diplomatiques de leurs Etats pour un passage en douceur vers un processus démocratique qui éviterait de transformer ce pays en Etat islamique. Tous les éléments le prouvent aujourd'hui. Les leaders des mouvements islamistes des pays frontaliers avec la Libye ont jeté leur dévolu sur cette zone et se démènent à grands coups d'opérations médiatiques pour tenter de s'introduire coûte que coûte dans le processus de normalisation recherché par la communauté internationale.
La toute dernière déclaration du Président tunisien en constitue l'exemple le plus probant. Lors d'un entretien accordé à la chaîne de télévision tunisienne Nessma, Caïd Essebci a tenu à révéler n'avoir jamais mandaté Ghannouchi, chef du mouvement Ennahdha, pour une quelconque action envers la Libye. Et comme pour bien se faire mieux comprendre, le Président tunisien ajoute que le seul interlocuteur qu'il ait délégué n'est autre que son ministre des Affaires étrangères lequel, précise-t-il, «s'acquitte parfaitement de sa tâche».
Tension entre Alger et Rabat
Les pendules ont été remises à l'heure. L'ambassadeur du Maroc en Algérie a été en effet convoqué hier au siège du ministère des Affaires étrangères où il a été fait part des vives protestations de l'Algérie suite au harcèlement dont a été récemment victime une diplomate de ce département lors d'un séminaire sur la décolonisation auquel elle prenait part.
L'affaire remonte à quelques jours seulement. Dépêchée à un séminaire des Nations unies sur la décolonisation, une jeune diplomate membre de la délégation algérienne avait subi un harcèlement et des provocations intenses. Les détails de l'affaire ne sont pas relatés dans le communiqué publié hier par le MAE.
On apprend en échange que les méthodes utilisées contre cette diplomate revêtent «un caractère inacceptable, contraire aux règles élémentaires de bienséance et attentant à la courtoisie et aux us et coutumes diplomatiques». Le ministre a en outre soutenu que les «éléments d'information relatifs à cet incident en possession de la partie algérienne, vérifiables autant auprès des organisateurs que des participants au séminaire, confirment les agissements des membres de la délégation marocaine».
Le communiqué ajoute que «les détails de ces faits ont été portés à la connaissance du secrétaire général de l'ONU» et que ces provocations ont poussé les autorités de «Saint-Vincent-les-Grenadines à lui assurer une protection personnelle rapprochée».
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Posté Le : 06/08/2020
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Belkacem Bellil
Source : www.lesoirdalgerie.com