Algérie

Presse et diplomatie saluent la mobilisation populaire et s'interrogent sur la suite



Les réactions à l'étranger après la démission du Président Bouteflika soulignaient toutes, hier, la nécessité que les Algériens conduisent eux-mêmes le processus qu'ils entendent donner à la révolution qu'ils ont «pacifiquement» entamée le 22 février dernier.Ainsi, fait certes pas rare mais pas très courant non plus, la réaction américaine à la démission du président de la République a été d'une promptitude telle qu'elle a précédé le point de vue officiel français qui, pourtant, ne perd jamais de temps pour livrer son sentiment sur les faits majeurs touchant à l'Algérie. Dans la soirée de mardi, peu après la démission de Bouteflika donc, Robert Palladino, le porte-parole du Département d'Etat américain, s'est surtout attaché à souhaiter : «Après la démission du Président Bouteflika, il appartient aux Algériens de décider de la gestion de la transition», exprimant ainsi le v?u qu'aucun pays ne s'implique dans les affaires algéro-algériennes.
Le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, s'est, quant à lui, contenté, cette fois, de saluer la mobilisation «continue, digne et pacifique» des Algériens pour ensuite se dire «confiant dans la capacité des Algériens à poursuivre la transition démocratique dans ce même esprit de calme et de responsabilité». Les Russes, pour leur part, par la voix de Dimitri Peskov, le porte-parole du Kremlin, ont fait part de leur espoir que «quoi qu'il arrive, les processus internes qui se déroulent dans ce pays et qui relèvent exclusivement des affaires intérieures de l'Algérie se dérouleront sans ingérence de pays tiers ».
A l'instar de leurs politiques, les médias étrangers se sont également contentés de narrer le déroulé des faits des dernières heures qui ont précédé la présentation de la démission par le président de la République. C'est le cas, par exemple, du quotidien londonien The Guardian qui, dans son édition online d'hier après-midi, affirmait que les protestataires entendent poursuivre leur mouvement malgré le retrait du Président pour ensuite souligner que «ce qui devrait se passer après cette démission n'est pas clair dans un pays qui a rarement vu des changements politiques d'envergure à son sommet depuis son indépendance».
Des doutes sur la suite des événements qui ne traversent pas l'esprit de la presse américaine, comme le New York Times qui, à travers la plume de son correspondant à Paris, Adam Nossiter, s'est longuement étalé sur le processus ayant abouti à la démission de Bouteflika pour ensuite s'autoriser une comparaison entre la «révolution algérienne pacifique et aux revendications clairement exprimées pour un changement radical» et de ce qui s'est passé chez les «autoritaires voisins d'Egypte et du golfe du Soudan qui ont réussi à mâter la rue pour étouffer ce genre de révolte».
Le seul journal d'envergure international à s'être largement détaché dans sa couverture de la démission du Président Bouteflika c'est le grand quotidien français Le Monde qui, en plus d'avoir ouvert sa Une avec le titre «Algérie : l'Armée écarte le clan Bouteflika», consacre ses deux premières pages d'actualité au sujet avec deux articles, le premier de son correspondant à Alger dans lequel il souligne entre autres, pour la suite des événements, que la charge d'organiser le scrutin présidentiel par l'actuel gouvernement est une perspective que rejette le mouvement populaire.
Dans un autre papier, il est fait état de «la chasse aux oligarques» par le général Gaïd Salah. En page trois, en revanche, Le Monde ouvre avec un reportage à Alger avant de fermer avec un article titré «La Grande Mosquée d'Alger, le chantier de trop du Président déchu». Puis au grand quotidien parisien de fermer sur l'Algérie avec son éditorial intitulé «Algérie : un avenir à inventer» où il est écrit «Depuis le 22 février, c'est pourtant ce peuple muselé et méprisé, ce peuple privé de toute représentation politique digne de ce nom qui est en train d'écrire un nouveau chapitre de l'histoire de l'Algérie. Beaucoup le pensaient tétanisé par les drames nationaux et incapable de se réveiller sans plonger le pays dans la répression brutale, voire le chaos. Au-delà de ses fortes spécificités locales, il s'est mobilisé massivement et pacifiquement. En six semaines, faisant mentir toutes les prédictions, il a acculé le Président Bouteflika à l'abdication et déjoué toutes les man?uvres dilatoires engagées par le pouvoir qui l'entourait et agissait en son nom», le tout en exprimant un certain scepticisme sur les intentions de l'armée.
A. M.


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