Algérie

Présidentielles françaises: un second tour qui s'annonce chaud



L'écart estfaible entre les deux finalistes et François Bayrou peut jouer les arbitres.En arrivant entête du 1er tour, Nicolas Sarkozy a incontestablement renforcé ses chances desuccès pour la présidentielle française. En regroupant plus de 30% des voix, lecandidat de l'UMP renoue avec les scores confortables de 1er tour des candidatsde la droite jusqu'à Giscard d'Estaing. Fort de ce succès initial, il devraitbénéficier au second tour des voix des électeurs légitimistes qui préfèrentvoter, à l'issue d'une campagne incertaine, pour le candidat le mieux placé.Enfin, sa place centrale sur l'échiquier politique facilite pour NicolasSarkozy les « ouvertures » face à d'autres courants afin de conforter savictoire et celle de son camp lors des élections législatives qui sedérouleront en juin. Avec ce beaurésultat au 1er tour, l'ex-ministre de l'Intérieur consacre son rôle de leaderde la droite et de présidentiable assuré. Et pourtant, rien n'est encore joué !Un sondage paru hier matin dans Le Figaro a réduit son écart avec la candidatesocialiste: 51% pour Nicolas contre 49% pour Ségolène...Le casse-tête desreports des voix L'issue finale dépendra de nombreux élémentsencore incertains. L'ensemble des commentaires français ou internationauxavaient salué le civisme des électeurs français avec un exceptionnel taux departicipation au 1er tour: 84,5% des électeurs s'étaient rendus aux urnes,score inaccoutumé dans les démocraties de la Vieille Europe. Cette mobilisationse répétera-t-elle au second tour ? En d'autres termes, les électeurs quin'avaient pas voté Royal ou Sarkozy au 1er tour vont-ils se déplacer pour voterpour ces deux-là au second tour ? Certes, une grande partie des électeurs de la« gauche de la gauche » et les écologistes (10,8% des voix éclatées en 6candidats), iront certainement nombreux voter socialiste.  En revanche, un certain nombre d'électeurstraditionnels de Le Pen avaient déjà choisi au 1er tour de voter « efficace »en soutenant Sarkozy. Que vont faire les autres (11%) voix au 1er tour ? Quelleconsigne donnera le chef du Front National qui doit donner sa position le 1ermai prochain ? On s'attend plutôt à ce que le vieux Le Pen appelle au « votesanction » contre la majorité sortante. L'interrogation qui mine les états-majors deSarkozy et de Royal porte évidemment sur la future attitude des électeurscentristes. François Bayrou a créé la surprise en triplant le nombre de sesvoix par rapport à 2002, emportant 18,5% des électeurs. Prudent, le leadercentriste, tout en annonçant la création d'un nouveau parti, le PartiDémocrate, n'a pas donné de consigne de vote, laissant pour l'instant ses éluset ses électeurs voter selon leur coeur. Mais lors de sa déclaration, il a étécritique pour la politique économique prônée par le PS, mais extrêmement durpour la majorité sortante et Nicolas Sarkozy et « son goût pour l'intimidation »! Il a laissé entendre qu'à titre personnel, il ne voterait pas pour NicolasSarkozy. Et a accepté une rencontre publique avec Ségolène Royal. La raison, sinon le coeur des éluscentristes, députés, maires, représentants régionaux, le plus souvent élus dansdes coalitions avec la droite, les incitera plutôt à rallier Nicolas Sarkozy.Ce dernier n'a d'ailleurs pas manqué de les menacer: en cas d'indiscipline,l'UMP présenterait partout des candidats pour contrer les sortants centristes.Les électeurs seront moins sensibles à l'argument.Le même sondagedu Figaro indique que Ségolène Royal bénéficierait aujourd'hui du meilleurreport des voix centristes: 46% contre 25% à Nicolas Sarkozy, mais 29% desélecteurs de François Bayrou n'ont pas encore fait de choix définitif. L'issue du second tour dépendra égalementbeaucoup de la campagne qui sera menée par les deux finalistes, 15 joursséparant les deux votes.  Ségolène Royal a déjà réussi un meeting àMontpellier (François Mitterrand affectionnait cette ville pour y commencer etclore ses campagnes électorales) où la candidate s'en est prise au « cauchemarSarkozy », transportant d'enthousiasme une foule particulièrement importante. Nicolas Sarkozy a dénoncé derechef cettediabolisation en appelant au débat sur les propositions et les valeurs. Mais ilest vrai que le fort tempérament du patron de l'UMP, son autoritarisme, sonpositionnement très à droite volontairement assumé, son libéralisme fonthésiter de nombreux électeurs à lui confier pour cinq ans les clés d'un pouvoirde plus en plus centralisé. Le « tout-sauf-Sarkozy » pourrait inciter denombreux électeurs à voter Royal, sans pour autant être convaincus du programmeet des capacités présidentielles de celle-ci. Ségolènefavorable à l'adhésion de la Turquie Il y a fort à parier que, passionnés par lajoute électorale, les Français attendront le grand face-à-face télévisuel quise tiendra le 3 mai prochain. Les deux candidats sont également déterminés.Nicolas Sarkozy est certainement le meilleur orateur, mais Ségolène Royalopposera une sérénité toute mitterrandienne à l'appétit et à la nervosité dupremier. Il est à peu près certain que ce débattélévisuel n'abordera pas les problèmes géopolitiques. Lors de la campagne, lesdeux candidats n'ont pas brillé sur ces dossiers, multipliant l'une et l'autreles gaffes dans le domaine. Quelques sujets d'actualité internationale pourrontcependant être évoqués. Hasard du calendrier ? Un sommet européen doit se tenirles 20 et 21 juin, au lendemain du deuxième tour des élections législativesfrançaises.  La chancelière allemande, Angela Merkel, dontle pays occupe pour un semestre la présidence de l'Union, veut faire sortir àbride abattue l'Europe de la crise institutionnelle qu'elle connaît depuis ledouble « non » français et hollandais: elle souhaite l'adoption par les 27Etats membres d'un traité remanié qui n'aurait pas nécessairement une dimensionconstitutionnelle. Nicolas Sarkozy est sur cette longueur d'onde, favorable àun « mini-traité » adopté uniquement par le Parlement. Ségolène Royal continueà souhaiter l'organisation d'un référendum populaire à propos de ce nouveauprojet. Autre question européenne qui divise, la Turquie. Isolée même dans sonpropre camp sur la question, Ségolène Royal est favorable à l'adhésion de laTurquie à l'Union européenne. Ce n'est pas le cas de Nicolas Sarkozy. Le patronde l'UMP a fait campagne contre cette adhésion, il s'oppose à la poursuite del'élargissement européen, déclarant que l'identité de l'Europe en seraitaffaiblie et que l'UE deviendrait une institution impossible à gérer.  Il soutient en revanche une «Unionméditerranéenne», sur le modèle de l'Union européenne, qui engloberait laTurquie et d'autres pays musulmans. On peut imaginer également que la situationau Moyen-Orient serait évoquée, les candidats se contentant certainement dessempiternels et vains « appels à la paix ».La Russie et legaz Les deux finalistes de la présidentiellefrançaise pourront difficilement éviter un dossier d'une vive actualité, lesrelations euro-américano-russes. Nous sortons d'un sommet de l'Otan, dansquelques jours se tiendra le sommet annuel Etats-Unis/Union européenne. Lesommet du G8, qui rassemble les sept pays les plus industrialisés de la planète(Etats-Unis, Japon, Allemagne, France, Grande-Bretagne, Italie et Canada), plusla Russie, se réunira du 6 au 8 juin sur les bords de la mer Baltique, enAllemagne. George Bush a annoncé sa venue et profitera de l'occasion pourvisiter un certain nombre de pays de l'Europe de l'Est.  Au centre de ces différentes échéances, ledossier délicat du projet antimissile américain. Les Etats-Unis veulentdéployer en Europe d'ici 2010, c'est-à-dire demain matin, un bouclierantimissile, celui dont rêvait Reagan, en principe pour se protéger desmissiles iraniens, coréens ou venant d'autres contrées asiatiques. Washingtonnégocie en ce moment avec trois pays, tous membres de la Communauté européenne:la Pologne, la République Tchèque, dont les gouvernements ont déjà donné leuraccord pour l'installation de missiles, et la Grande-Bretagne. L'Unioneuropéenne n'est pas réellement partie prenante dans cette discussion. Nil'Otan. Les Russes réagissent vivement à cette initiative dont ils estiment,pas tout à fait à tort, qu'elle est en réalité tournée contre eux etaccentuerait fortement la présence militaire américaine à leurs frontières. Lesdiplomaties française et allemande sont plutôt opposées à cette initiativeaméricaine: elles critiquent mezzo voce la volonté de Washington d'alimenterles tensions partout dans le monde. Elles n'apprécient pas le choix délibéré dela Maison-Blanche de négocier directement avec des pays de l'Europe de l'Est,hors du cadre de l'Union européenne. Elles ont conscience que la Russie sera àterme un partenaire essentiel de l'économie européenne.  Dans un marché énergétique très tendu, laRussie est le 1er fournisseur de gaz de l'Europe, l'Algérie venant au secondrang avec 28% des importations. L'idée d'une Opep du gaz a même inquiété lescapitales européennes, après la signature, l'été dernier, d'une alliance entrele russe Gazprom et l'algérienne Sonatrach. Même si une organisation des prixdu gaz reste lointaine, un regain de tensions diplomatiques ne sera pas enrevanche sans effets majeurs sur l'approvisionnement énergétique européen.


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