Algérie

Présidentielle : Que diront les Algériens ?



Près de 20 millions d'électeurs algériens sont appelés aujourd'hui, aux urnes, pour élire le président de la République.

Face au chef de l'Etat sortant et candidat indépendant Abdelaziz Bouteflika, cinq autres candidats briguent le suffrage des électeurs, mais aucun n'a pu vraiment émerger durant une campagne, certes sans incident, mais sans vrais débats. Même si les commentaires pré-électoraux et les «statistiques officieuses » avancent déjà un scrutin sans surprise, avec une réélection du président sortant pour un troisième mandat, le taux de participation reste la grande inconnue de la présidentielle d'aujourd'hui, où les candidats ont lancé une offensive tout azimut pour convaincre les Algériens d'aller voter. Les réunions électorales de M. Bouteflika et, à un degré moindre, celles de Louisa Hanoune ou de Moussa Touati, ont certes drainé les foules mais cela ne constitue pas un signe présageant une forte participation. A l'instar des précédentes campagnes électorales, celles des présidentielles n'a pas vraiment suscité un engouement particulier auprès des Algériens, plutôt préoccupés par la brusque flambée des prix des produits de consommation courante. Le ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni, semble vouloir minimiser l'impact d'une éventuelle érosion de la participation, en estimant que «l'abstention ne doit pas constituer un complexe». «Nous n'avons aucune raison de vivre avec un complexe, appelé le complexe du taux de participation, s'il y a lieu de comparer les résultats obtenus régulièrement en Algérie par rapport à ceux obtenus dans des pays qui ont la plus longue expérience démocratique», a-t-il expliqué. Et d'ajouter : «nous ne devons pas faire un complexe du taux de participation. Nous avons eu de bons taux de participation», se référant aux présidentielles de 1999 et de 2004. Concernant un éventuel taux élevé d'abstention à l'élection, M. Zerhouni a indiqué qu'il était difficile d'anticiper sur un chiffre et se hasarder à donner un taux possible, précisant toutefois qu'il était possible de se référer à des indicateurs «intéressants». Moins optimiste, Moussa Touati prévoit une participation ne dépassant pas les 40 %. Jeunesse, emploi, amnistie générale, changement, lutte contre la précarité, l'injustice sociale, la misère ou la corruption... c'est presque du réchauffé qui est proposé par les six candidats à un électorat difficile à séduire. Depuis le début de la campagne électorale le 18 mars, et face au spectre de la forte abstention en raison du manque d'enjeu du scrutin, tous les candidats ont sillonné le pays, appelant à l'envi les électeurs à voter massivement. Bouteflika, Louisa Hanoune, Ali Fawzi Rebaïne, Moussa Touati, Belaïd Mohand Oussaid et Mohamed Djahid Younsi, ont tenté à travers des meetings et des contacts directs avec le citoyen d'occuper l'espace politique, y compris dans les fiefs traditionnels du boycott.

De son côté, l'opposition a tenté à l'approche du scrutin de mobiliser l'opinion en faveur du boycottage. Le Front des forces socialistes (FFS) a ainsi rassemblé des milliers de manifestants à Tizi Ouzou et Béjaïa, où la participation est traditionnellement faible. Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) a suscité une vague de réprobation dans le pays après avoir hissé un drapeau noir à la place de l'emblème national à son siège à Alger, «pour faire du 9 avril une journée de deuil».

L'appel au boycott ne semble pas avoir eu un écho considérable auprès de la communauté algérienne établie à l'étranger. C'est du moins ce qui ressort des informations en provenance de l'hexagone, même si aucun chiffre officiel n'a été avancé sur le taux de participation. Les échos concernant les opérations de vote des Algériens de l'étranger, qui ont commencé samedi, font état d'une forte participation, notamment en France qui compte la plus forte communauté algérienne résidente à l'étranger. En attendant les résultats définitifs des urnes, les partisans d'une forte participation peuvent toujours garder espoir, les Algériens ont toujours largement participé à la désignation du chef de l'Etat, mais votent généralement sans engouement pour les autres scrutins. L'abstention avait atteint le taux de 64 % aux législatives de mai 2007.






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