Présidentielle ivoirienne : Un pays, deux présidents '

La crise ivoirienne s'internationalise. Guillaume Soro, le Premier ministre, demande «instamment» au représentant de l'Onu à  Abidjan de se prononcer sur les résultats. La raison est  simple : si le Conseil constitutionnel proclamait la victoire de Laurent Gbagbo, la Côte-d'Ivoire  se retrouverait avec deux présidents et retomberait dans la spirale de la violence et de la partition. Le flou est quasi-total, après la proclamation des résultats du second tour par la Commission électorale indépendante (CEI). Au moment où celle-ci confirme la victoire d'Alassane Ouattara avec 54,10 % des voix contre 45,9% pour Laurent Gbagbo, le Conseil constitutionnel déclarait ces résultats «non valables», en raison de l'incapacité de la CEI à  les proclamer dans le délai imparti. A l'annonce des résultats provisoires, Ouattara affirme qu'il sortira son pays de la crise. Il appelle le peuple ivoirien à  s'unir dans la paix et la fraternité, affirmant avoir une pensée pour toutes les victimes de la crise qui déchire son pays depuis une décennie. «Je rassemblerai la Nation autour des valeurs de paix, de pardon, de réconciliation et d'union», dit-il, appelant son concurrent à  respecter le verdict des urnes et le pacte solennel qu'ils ont signé. L'Union africaine, l'Union européenne et l'Onu ont appelé les deux candidats à  respecter les résultats proclamés.  Le Conseil de sécurité de l'Onu prendra «les mesures appropriées» contre les fauteurs de trouble qui entravent le processus électoral selon  Ban ki-Moon, le secrétaire général de l'Onu. La Cour pénale internationale surveille la situation en Côte-d'Ivoire. Les membres du Conseil qui ont demandé aux dirigeants ivoiriens d'assurer un processus pacifique et faire preuve de retenue sont déterminés à  suivre de près la situation, en particulier les conditions de sécurité sur le terrain. La France qui a colonisé la Côte-d'Ivoire appelle les Ivoiriens au calme et à  la responsabilité. «Le Conseil constitutionnel doit proclamer les résultats définitifs dans le strict respect de la volonté exprimée par les électeurs», a déclaré le porte-parole du ministère  des Affaires étrangères, qualifiant le travail de la commission électorale indépendante de «remarquable».Après une décennie de crise politico-militaire qui a fait des milliers de victimes, la Côte-d'Ivoire peine encore à  désigner son futur président pour  tourner la page de son histoire tourmentée. Le pire plane sur le ciel ivoirien.