Algérie

Présidentielle en Algérie : l’ascension éclair du «candidat» Rachid Nekazz, né en France



Présidentielle en Algérie : l’ascension éclair du «candidat» Rachid Nekazz, né en France
Photo : Cet homme d’affaires avait tenté de se présenter en 2007 à l’élection présidentielle française. RYAD KRAMDI/AFP

Né en France, cet homme d’affaires de 47 ans attire depuis quelques semaines la jeunesse algérienne dans les rues. Ce samedi, la police l’a forcé à quitter la capitale.
« Un phénomène nommé Nekkaz ». La une du quotidien indépendant El Watan ce samedi symbolise toute l’effervescence qui règne depuis le début de l’année en Algérie autour de Rachid Nekkaz. Alors que la rue se soulève de façon inédite contre un cinquième mandat du président souffrant Abdelaziz Bouteflika, cet homme d’affaires, né en France, suscite une adhésion stupéfiante.
Des places bondées de jeunes Algériens, formulaire et carte de vote en main prêts à l’aider à obtenir les 60 000 parrainages d’électeurs nécessaires à sa candidature… Une communauté Facebook approchant le million et demi d’abonnés. Autant dire que le pouvoir en place ne goûte pas à cette ascension éclair.

Ce samedi, alors qu’il était accueilli à la mairie d’Alger-Centre par plusieurs centaines de jeunes partisans, Rachid Nekkaz s’est fait exfiltrer par plusieurs hommes en civil. « La police m’a contacté pour m’informer qu’ils emmenaient M. Nekkaz à Chlef », à environ 150 km au sud-ouest d’Alger, région où il est domicilié en Algérie, a expliqué son directeur de campagne Lotfi Derradji.

Le 19 février, la décision - illégale - du maire de lui interdire l’accès d’une mairie en province avait déclenché la colère de centaines de ses partisans qui s’étaient rassemblés devant le bâtiment avant d’en décrocher un immense portrait de M. Bouteflika.
De multiples coups d’éclat en France
Si son nom résonne énormément en Algérie depuis peu, sa notoriété lui vient à l’origine de l’autre côté de la Méditerranée. Son premier coup d’éclat remonte à l’avant-campagne présidentielle hexagonale de 2007 quand il déchire, en direct sur LCI, le parrainage d’un maire qu’il venait d’« acheter » aux enchères. « Je ne suis pas prêt à tout pour être candidat », avait-il alors lancé. Quatre ans plus tard, il déverse 10 000 pièces d’un euro devant le siège du Parti socialiste - auquel il adhérait pour protester contre la cotisation d’un euro demandée aux militants. A chaque fois, il n’obtient finalement pas le nombre de parrainages nécessaires pour devenir candidat.

Nekkaz - par ailleurs condamné pour avoir loué deux logements indignes situés au sous-sol d’un pavillon à Choisy-le-Roi - s’est aussi fait un nom pour son activisme contre les PV anti-burqa. En dix ans, il assure avoir déboursé 315 000 euros dans 1 552 dossiers en France et à l’étranger. « Je suis contre le port du voile intégral car je considère que ce n’est pas la meilleure manière de s’intégrer dans la société européenne. Mais ce n’est pas incompatible. J’ai une démarche philosophique, je suis dans une position voltairienne. Je me bats pour la liberté », se justifiait-il encore cet été auprès de la chaîne russe Sputnik. En 2016 aussi, la police l’empêche d’organiser une baignade publique en burkini.

Mais depuis 2013, Rachid Nekkaz a de plus en plus les yeux tournés vers l’Algérie. Cette année-là, ce binational franco-algérien, M. Nekkaz assure avoir rendu son passeport français. La raison de cette décision est purement rationnelle. Ne sont en effet éligibles à la présidence que les candidats n’ayant « que la nationalité algérienne », selon la Constitution. Sa candidature ne sera finalement pas validée. Le véhicule qui transportait ses formulaires de parrainage s’est perdu, dénoncera-t-il devant le Conseil constitutionnel, comme le rappelle RFI.

Barré par la Constitution cette année encore ?
Impossible de savoir pour le moment s’il déposera le nombre de suffisant cette année, mais l’homme intrigue les observateurs. Il a monté son propre parti et mène sa campagne sur internet et sur les routes, sans s’occuper des autres figures de l’opposition. « Nekkaz sait exploiter le pathos, écrit le journal El Watan. Son action spectaculaire en France, où il s’engage à payer les amendes infligées aux femmes qui portent le niqab, lui vaut une entrée fulgurante dans les cœurs des Algériens. Mieux. Sa campagne pour la présidentielle 2014, il l’a menée sur la route, dans les villes et les villages les plus éloignés, allant à la rencontre de l’Algérien lambda ». Le site francophone « Tout sur l’Algérie » (TSA) va lui plus loin et se demande même si l’entrepreneur de 47 ans n’est pas « devenu le nouvel homme à abattre ». Et donne un début de réponse : « Peut-être, mais on se demande s’il n’est pas déjà trop tard ».
De nouvelles dispositions constitutionnelles, introduites en 2016 lors d’une révision, risquent toutefois de venir contrecarrer les chances de candidature de Nekkaz. En effet, comme le signale El Watan, il faut désormais « prouver d’une résidence permanente exclusive en Algérie durant un minimum de dix ans ». Est également retoquée toute personne ayant acquis, à un moment ou à un autre, une nationalité étrangère…


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