Algérie

PRESIDENTIELLE AU CAMEROUN Relative indifférence en fin de campagne



La campagne présidentielle camerounaise se terminait hier dans une relative indifférence, la réélection aujourd'hui du président Paul Biya, au pouvoir depuis 1982, ne semblant faire aucun doute.
Préoccupés par les problèmes de survie au quotidien, les Camerounais, dont un sur quatre vit avec moins de 1,1 euro par jour, vaquaient à leurs occupations hier sans se soucier de l'agenda politique marqué par la multiplication des meetings de clôture de la campagne. Le président sortant Paul Biya, 78 ans, grand favori, a choisi la ville balnéaire de Kribi (sud, sa région natale) pour cette fin de campagne, où il devait «poser (samedi) la première pierre» de la construction d'un port en eau profonde. M. Biya, dont les déplacements à l'intérieur du pays sont rares, n'a effectué que deux sorties pour sa campagne, à Maroua (extrême-nord) et à Douala. Son opposant historique John Fru Ndi devait donner un grand meeting hier en début d'après-midi à Yaoundé avant de parcourir d'autres villes du pays pour achever sa tournée par son fief de Bamenda, capitale du nord-ouest anglophone. L'opposition accuse M. Biya d'avoir verrouillé le système électoral à son avantage. La distribution des cartes d'électeurs se poursuivaient hier. «Peu de gens viennent retirer leurs cartes», a précisé sous couvert de l'anonymat un agent de distribution rencontré au quartier Nkolndongo à Yaoundé. «En une semaine, nous n'avons pu distribuer que 600 cartes alors que nous en avons reçu 1 500.» A Douala, plusieurs électeurs potentiels n'avaient toujours pas leur carte. «J'ai fait toutes les démarches d'enregistrement et ils (les responsables d'Elecam) ne m'ont jamais édité la carte», s'est ainsi plaint Jean-Paul. Officiellement, plus de 7 millions de Camerounais sont attendus aujourd'hui aux urnes dans plus de 24 000 bureaux de vote dans le pays et à l'étranger. Ils devraient être beaucoup moins, l'abstention s'annonçant importante et l'affichage des listes électorales ayant révélé de nombreux cas de doublons. Plus de 6 000 structures d'observations des élections ont été accréditées par le ministère de l'Administration territoriale et de la Décentralisation (Intérieur) et près de 600 journalistes par le ministère de la Communication. Le gouvernement a annoncé la fermeture des frontières terrestres dès vendredi jusqu'à lundi, ainsi que l'interdiction de la circulation des biens et des personnes entre les villes à partir d'hier à 18h jusqu'à aujourd'hui soir. Des mesures de sécurité ont été renforcées dans les principales villes, en prévision d'éventuels troubles. Le 29 septembre, deux grenades avaient été découvertes dans un bureau Elecam à Limbé dans le sud-ouest du pays, selon plusieurs journaux locaux tandis que des coups de feu ont été tirés le même jour par des hommes en tenue militaire depuis un pont à Douala. Redoutant des troubles à l'issue du scrutin d'aujourd'hui, certains Camerounais ont décidé hier de se rendre au marché pour faire des réserves d'aliments. «Ma tante s'apprête à aller au marché pour faire des courses. On ne sait pas si les choses vont bien se passer ou pas demain», estime une jeune de 25 ans, Raïssa. En février 2008, des ruptures de stocks d'aliments et de pain avaient été enregistrées pendant les émeutes contre la vie chère et contre le projet de suppression de la limitation du nombre de mandats présidentiels, adopté quelques semaines plus tard. La répression des émeutes avait coûté la vie à 40 personnes, selon un bilan officiel, au moins 139 d'après des ONG.


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