A un peu plus d'une année de la présidentielle, le clan au pouvoir est décidé à affaiblir Ahmed Ouyahia et à lui mener la vie dure.Un tir de saturation. Si dans le langage militaire il s'agit d'un tir pour rendre impossible le mouvement de l'ennemi sous peine de dégâts ou de blessures, dans le cas du Premier ministre, il s'agit de l'affaiblir politiquement et de mener une campagne de dénigrement à l'encontre de son programme économique.
Pour ce faire, le clan présidentiel a décidé d'opérer en deux temps : tout d'abord pousser les membres du RND, nouvellement élus lors des locales du 23 novembre, à rejoindre le camp adverse, celui du FLN. Une opération menée dans plusieurs wilayas sous l'égide de walis qui poussent les élus à changer de bannière politique au profit du parti de Djamel Ould Abbès, dont le score aux élections locales n'est pas de nature à rassurer les décideurs d'El Mouradia.
Face à l'opération de débauchage, le Premier ministre Ouyahia a demandé l'intervention de son ministre de l'Intérieur, Noureddine Bedoui, afin de rappeler à l'ordre les walis et de mettre un terme au «folklore» qui entoure cette opération, comme le rapporte le quotidien El Khabar dans son édition du 14 décembre. «C'est quand même extraordinaire qu'un Premier ministre demande l'intervention de son ministre de l'Intérieur et peut-être futur successeur à la tête du gouvernement à intervenir dans ce cas», juge un ancien membre du gouvernement Sellal.
«Cela renseigne sur le peu de pouvoir que détient celui qui conduit le gouvernement, devenu depuis l'arrivée au pouvoir de Bouteflika un simple agent d'exécution.» L'autre versant de l'attaque consiste à dénigrer le programme du Premier ministre, alors que le prix du baril de pétrole connaît quelques frémissements.
Dans cette partie de poker menteur et alors que la situation économique du pays est très délicate, certains ne veulent surtout pas de la réussite du Premier ministre et tablent sur l'échec de son programme économique, alors que la présidentielle est dans un peu plus de quinze mois. Dans cette entreprise, c'est l'ancien ministre de l'Energie qui mène l'opération avec l'accord de la Présidence, ou du moins son assentiment.
Lors d'une conférence tenue à Médéa ou lors de son passage sur la chaîne Dzaïr TV, l'ancien ministre a attaqué, sans jamais le nommer, les choix économiques du Premier ministre mis en place pour affronter la crise économique et financière. En premier lieu, le recours à la planche à billets, qu'il juge dangereuse pour les couches les plus défavorisées.
«Les premières victimes de la politique du gouvernement seront les couches les plus fragiles qui verront leur pouvoir d'achat baisser fortement du fait de l'inflation», a affirmé Chakib Khelil qui prédit également des conséquences sur la politique de l'emploi, alors que le gouvernement s'attend à voir plus de 200 000 jeunes arriver sur le marché du travail. Si au RND la consigne est de ne pas commenter les attaques dont le secrétaire général du parti et Premier ministre est la cible, quelques cadres osent déroger à la règle pour exprimer leur malaise.
«On ne comprend pas ces attaques, d'autant qu'Ahmed Ouyahia applique le programme tracé par le président Bouteflika», rappelle un cadre du RND sous le couvert de l'anonymat. «Rien n'a été décidé sans l'aval de la Présidence. C'est à se demander où est la logique dans ces attaques. Sauf si on a décidé de préparer l'opinion à un changement de Premier ministre.» Depuis un certain temps, le nom du ministre de l'Intérieur Noureddine Bedoui est annoncé comme possible successeur à A. Ouyahia. Il a l'avantage de ne pas avoir d'ambition politique pour 2019.
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Posté Le : 18/12/2017
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Mesbah Salim
Source : www.elwatan.com