Algérie

PRÉSIDENTIELLE 2019: Les mains sales



PRÉSIDENTIELLE 2019: Les mains sales

En huit jours, le climat presque tendu de cette présidentielle laisse transparaître des signes d'inquiétude. Le discours de certains est de plus en plus violent, parfois odieux. Faut-il accepter cette sortie de route?

«Quand tu as le pouvoir, tout le monde veut te le prendre.» Une phrase tirée du film américain VICE (comme vice- président) consacré au rôle de Dick Cheney qui a servi sous BUSH Jr. Cette production cinématographique qui vient de sortir dans les salles de cinéma dans le monde, est placée en tête du box-office.
Elle résume à elle seule toute la réalité et les soubassements qui soutiennent la lutte impitoyable pour gravir les marches du pouvoir quel que soit le pays et quel que soit le système qui le gouverne.
Chez nous en Algérie, elle est plus que d'actualité. Depuis l'annonce officielle de la candidature de Bouteflika pour la présidentielle du 18 avril prochain, l'on assiste à un vrai prurit dans le camp des «présidentiables» et de leurs partisans, qui se manifeste dans certaines villes. Ce constat, loin d'inquiéter, rassure au contraire sur l'état de notre démocratie.
Le «jeu politique» a ses règles. Qui triche, paye! Le spectacle ne s'arrêtera pas là durant au moins les soixante prochains jours. Le défi que doivent relever les Algériens consistera à créer d'abord le climat idéal pour le bon déroulement de ce scrutin duquel émergera le prochain président de la République tout en respectant la personnalité des candidats et l'engagement de leurs soutiens.
Le constat fait à ce jour par tous, établit que l'opposition patine et donne l'impression d'être disloquée en plusieurs tendances qui n'arrivent pas à s'arrimer à un seul leader capable d'entraîner derrière lui les autres postulants quémandant des signatures de réticents citoyens, impossibles à arracher. L'opposition algérienne n'aura pas de candidat unique capable de l'unifier et de l'incarner. Du moins, ceux qui comptent. Cette faillite politique est consignée depuis déjà de nombreuses années. Ni à Zéralda 1, ni à Zéralda 2, cette cohorte de partis et de personnalités n'a montré une quelconque capacité à concéder la moindre parcelle ou de renoncement d'ordre politique, idéologique ou social, ni à dépasser ses contradictions pour s'élever à sacrer un candidat de l'union. C'est là et seulement là que réside le principal écueil de cette opposition qui se recherche en vain depuis trente ans.
Avouons quand même que son échec est celui de la démocratie en Algérie. Le Niet de Ali Ghediri ou l'obstination du patron du MSP, Makri, à aller jusqu'au bout de la course présidentielle ne nous renseignent-ils pas éloquemment sur les chances d'ancrer dans notre société de vraies valeurs pour asseoir cette culture démocratique qui nous fait tant défaut?
Pour entrer dans la compétition, tout le monde doit savoir que la «triche» n'est pas permise. Et que les coups de poignard dans le dos sont toujours un crime impardonnable!
Aussi bien le pouvoir en place que l'opposition, aussi divisée soit-elle, doivent savoir qu'une élection se gagne toujours dans la transparence et dans la confiance des électeurs.
En huit jours, le climat presque tendu de cette présidentielle laisse transparaître des signes d'inquiétude. Le discours de certains est de plus en plus violent, parfois odieux. Faut-il accepter cette sortie de route? L'injure, l'insulte, la calomnie sont à bannir du discours politique.

«Guerre d'usure»
Et comme si cela ne suffisait pas, nous voilà plongés dans le cycle de la menace avec tout ce que cela peut supposer de violence sur l'intégrité physique des personnes et le désordre social. Tout le monde aura ainsi relevé que les réseaux sociaux sont devenus en quelques jours une machine à broyer l'espoir de 43 millions d'Algériens à bâtir la grande nation à laquelle ils n'ont cessé de rêver.
Eh bien! face à cette «guerre d'usure» livrée sur les réseaux sociaux, ne faudrait-il pas enfin réagir en refusant de s'impliquer dans des projets visant à semer le désarroi dans le pays à travers le prétexte de la présidentielle?

Une opposition de pacotille
La majorité silencieuse -pour l'instant- des Algériens refuse d'abonder dans ces combines macabres. La tragédie des années 90 habite encore nos consciences éplorées. Les charniers de ces massacres existent toujours.
Nos rues, nos villes peuvent être, à tout moment, prises d'assaut par des millions de compatriotes pour chasser les groupuscules d'indus occupants que rien et que personne n'a chargé de jouer aux «redresseurs de tort» comme ils se plaisent à se qualifier.
Parmi tout ce monde, il y a des hommes, des jeunes sincères que le discours hypocrite et inquisitorial de ces tâcherons, des meneurs payés à l'heure, a peut-être trompés, mais, il faudra bien leur rappeler que la vraie TASK FORCE, elle se situe dans l'autre bord. Chez les millions de travailleurs, de paysans, de familles démunies qui jouissent aujourd'hui d'un vrai statut social. C'est cette Algérie-là qui compte. Qui ne se laissera pas faire. Et elle est puissante!
La logomachie de ces «intrus de la démocratie» tourne à vide. A les voir, à les écouter, ils sont capables de vendre de la glace aux esquimaux. Ces amateurs de Facebook qui sont à la poursuite du buzz et des batailles youtubesques sont-ils devenus, à ce point, une vraie police de la pensée? Faut-il encore attendre, et pendant combien de temps, pour que selon leurs bons voeux, le peuple finisse par être réduit par eux à l'état de «franche moutonnaille»? Sinon, comment expliquer que cette engeance se préparerait peut-être déjà à aborder la campagne, électorale de la présidentielle, le couteau entre les dents?
La démocratie risque à l'heure actuelle d'être cannibalisée par des gens poussés dans la rue et payés par des puissances de l'argent inspirées par des officines bien connues chez nous.
Nous n'ignorons rien. Cette opposition de pacotille est toxique. Elle pollue tout ce qui l'approche.
En 1991, l'épidémie du FIS n'a-t-elle pas entraîné le vertige collectif de tout un peuple dans le grand saut de la tragédie nationale: on a massacré, tué, violé, pillé? Si la grande échéance à venir, celle de l'élection présidentielle, doit se dérouler dans la pleine sérénité, il ne faudrait pas que vienne ce jour maudit pour que nous nous souvenions, avec regret, que toujours «après les mots, viennent les coups». Oui, les coups, des mains sales
Par Ahmed FATTANI - Lundi 18 Fevrier 2019


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