Les partisans du pouvoir se font huer là où ils vont. Rachid Nekkaz et Mahdi Ghani pourront déposer leur dossier dimanche. Bouteflika aussi, selon Sellal. Tahar Missoum aurait arrêté la collecte des signatures. Fethi Ghares soutient la lutte populaire et sort en campagne. Abderrezak Makri, lui, enfile déjà le costume de président. Pour l'instant, rien n'est clair quant à la liste des candidats qui pourraient passer cette première phase.
«Benyounès dégage !» scandent des dizaines de citoyens à Chlef, en réaction à la présence de Amar Benyounès dans leur wilaya. L'étau se resserre sur les partisans de Bouteflika et ceux qui tentent de faire campagne pour lui.
Les populations s'attaquent désormais à tous les symboles du pouvoir, devenus indésirables depuis le début des manifestations contre le 5e mandat aux quatre coins du pays.
Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Bedoui, a eu lui aussi le même accueil à Djelfa. Les manifestants étaient déterminés et scandaient «Dégage», pour l'appeler à quitter la ville en compagnie du wali. Mouwatana, qui a réussi son action dimanche dernier, hausse le ton.
Dans un communiqué rendu public mercredi, ce mouvement qui s'oppose aussi au mandat de trop pour Bouteflika, appelle «le gouvernement à démissionner et les partis de l'opposition à retirer leurs députés de l'APN». «Mouwatana invite les partis politiques à retirer leurs élus du Parlement, appelle le gouvernement, à sa tête le Premier ministre, à démissionner et exige de Bouteflika, absent des vrais défis, d'annoncer son retrait définitif de la vie nationale et remettre le pouvoir au peuple», indique le communiqué du mouvement signé par son nouveau porte-parole, l'avocat Abdelghani Badi.
Mouwatana appelle aussi, par la même occasion, les citoyens à s'impliquer massivement dans la marche d'aujourd'hui et annonce sa participation. «Nous appelons les citoyens de toutes les régions du pays à sortir massivement pour marcher aujourd'hui pour signifier ainsi une nouvelle fois notre détermination à refuser un 5e mandat illégal et humiliant pour le pays», lit-on dans le même communiqué.
Consensus
En l'absence du candidat à la candidature Ali Ghediri, dont la participation a été pourtant annoncée, la réunion du consensus initiée par Tahar Missoum a été maintenue. Rachid Nekkaz et Ghani Mahdi étaient au rendez-vous à Oran pour décider, avec Missoum, qui sera le candidat du consensus pour cette élection. Nekkaz a été appréhendé par des éléments de la police civile à 10 km de la wilaya d'Oran. Ces derniers lui ont même barré la route à l'aide de véhicules particuliers, avant de le laisser continuer son chemin pour rejoindre les autres candidats.
Selon leurs proches, Nekkaz et Ghani Mahdi «ont décidé de déposer leurs dossiers de candidature ce dimanche, ; ils affirment avoir rassemblé les 60 000 signatures». «Dans le cas où leurs dossiers seront refusés, ils décideront ensemble de soutenir ou non un candidat de l'opposition ou alors ils annonceront leur boycott de l'élection présidentielle», confient-ils.
D'autres prédisent «le retrait de Tahar Missoum de la candidature». «Missoum a décidé d'arrêter la collecte de signatures à la suite des problèmes qu'il a eus, il y a plus d'une semaine, avec la justice et la Gendarmerie nationale», assurent-ils. Pour rappel, Missoum a annoncé qu'il a été condamné par contumace «à deux mois de prison ferme pour une affaire qui concerne la qualité du lait qu'il produit chez lui, à Ksar El Boukhari».
Il a considéré cette affaire comme étant «un complot du pouvoir pour freiner son effervescence». Missoum a dû arrêter sa campagne pour quelques jours avant d'annoncer la rencontre du consensus organisée chez lui, à Oran. Mais il sera certainement du même avis que Nekkaz et Ghani Mahdi dans la suite qu'ils vont donner aux prochains événements.
Nekkaz a annoncé sa participation à la marche prévue aujourd'hui. Quant à Ghani Mahdi, il ne cesse de subir la répression des forces de police qui l'ont d'ailleurs interpellé hier, sans lui fournir de raisons valables, à l'intérieur du métro d'Alger. De l'autre côté de la barrière politique, le candidat du Mouvement démocratique et Social (MDS), Fethi Ghares, annonce son meeting pour aujourd'hui à Bouira.
Dimanche
Dans une vidéo diffusée sur sa page Facebook, il affirme son soutien aux manifestations populaires organisées à travers les régions du pays contre le 5e mandat. «L'événement politique que nous vivons actuellement nous a montré quelque chose d'important. L'espace public a été longtemps interdit aux Algériens, en fait depuis l'époque de Benflis.
C'était pendant le Mouvement citoyen de Kabylie que ce dernier, qui prêche aujourd'hui démocratie, avait décidé d'interdire toute action ou manifestation dans la capitale. Il avait justifié cela par la préservation de la stabilité du pays, comme si l'Algérien était contre les intérêts de son pays ! L'espace public a été récupéré grâce aux luttes du peuple.
Cela prouve une chose : pour qu'un projet puisse se concrétiser, il faut qu'il soit porté par le peuple. Les contestations ont réussi grâce à l'implication du peuple algérien qui, comme il nous l'a montré, est politisé et conscient des enjeux et de ce qui se passe politiquement dans notre pays», assure Fethi Ghares.
Le candidat du MDS annonce que certaines wilayas, comme Naâma et Dejlfa ont déjà envoyé leurs formulaires signés, sans donner de chiffre du nombre des signatures récoltées jusque-là.
Sur la candidature de Bouteflika, il assure qu'«elle est anticonstitutionnelle», contrairement aux dernières déclarations de Sellal qui affirme que son candidat déposera son dossier ce dimanche 3 mars. «Le pouvoir nous a habitués à promulguer des lois pour ne pas les respecter», réagit Ghares. Abderazzak Makri multiplie, lui aussi, les rencontres avec les citoyens.
Il assure qu'il est l'homme de la situation et le prochain président du pays. De son côté, l'ancien ministre et ancien candidat à la candidature de la dernière présidentielle, Ahmed Benbitour, tire la sonnette d'alarme et appelle les Algériennes et les Algériens à sortir en masse pour la marche d'aujourd'hui.
Pour lui, «le maintien du pouvoir conduira certainement l'Algérie au chaos». «Le pouvoir a perdu sa légitimité populaire et constitutionnelle. Il n'a respecté aucun de ses engagements ni de ses promesses.
L'urgence, aujourd'hui, n'est plus seulement de changer les personnes au pouvoir, mais le pouvoir tout entier», défend-il. Et d'ajouter : «J'appelle tous les Algériennes et Algériens, individuellement ou en groupe, à répondre à l'appel du 1er mars et à manifester à travers tout le territoire algérien. Faisons de cette journée celle du changement global en Algérie.»
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Posté Le : 01/03/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Meziane Abane
Source : www.elwatan.com