Les Guinéens ne choisiront pas aujourd'hui qui d'Alpha Condé du Rassemblement du peuple et de Cellou Dalein Diallo de l'Union des forces démocratiques, arrivés au premier tour organisé le 27 juin dernier avec respectivement 18, 25% et 43, 69% des voix,
sera leur président. Comme redoutée depuis plusieurs jours, notamment depuis les affrontements qui ont fait les 11 et 12 courant à Conakry, un mort et 54 blessés, cette élection qui devrait clore la parenthèse militaire parvenue au pouvoir après le décès du président Lansana Conté, le 23 décembre 2008 et entériner le retour à un pouvoir civil, est reportée à une date ultérieure. La Commission électorale nationale indépendante (CENI) évoque pour justifier ce report, le manque de moyens techniques et logistiques (création de 1600 nouveaux bureaux de vote et distribution de 465 000 cartes numériques). «Deux semaines seraient sans doute nécessaires pour résoudre les difficultés logistiques et créer les conditions d'un scrutin plus transparent que celui du premier tour entaché de fraudes et d'irrégularités», explique Thierno Seydou Bayo, son porte-parole. Réellement, ce report qui irrite l'Union africaine et le Conseil de sécurité très préoccupés par l'incertitude qui plane sur le second tour, s'explique par les divergences politiques des membres de la CENI. Certains sont favorables à Cellou Dalein Diallo. Considérant sa victoire comme mathématiquement acquise—Il bénéficie du désistement de Sidya Touré, 13,6% des voix—,  il menace de ne plus contenir ses partisans après ce report qualifié de «manœuvre» et exige le départ du Premier ministre, qu'il accuse d'avoir pris partie pour son rival. D'autres à Alpha Condé qui pour réunir les garanties d'un scrutin «crédible», a exigé ce report. Outre ces partis pris sur fond de crispations ethniques, ils s'écharpent aussi sur le nom du futur président de la Commission après la disparition le 14 septembre à Paris de Ben Sékou Sylla. Alpha Condé récuse Hadja Aminata Mame Camara pour accointance avec le candidat Cellou Dalein Diallo. Ces divergences pourraient, selon les analystes, déboucher sur des troubles et pousser l'armée à garder le pouvoir même si entre temps Jean-Marie Doré, le chef du gouvernement et le général Sékouba Konaté, le président de la transition, annonce la tenue du second tour, début octobre. «Je constate avec un grand regret (...) que notre pays va vers l'impasse», avait déclaré, mercredi dernier, le général Konaté avant de suggérer aux deux candidats d'aller retrouver  le médiateur de la crise guinéenne, le président burkinabé Blaise Compaoré pour «tirer toutes les conséquences du report» et user de leur poids «pour appeler leurs militants au calme». «Nous n'avons pas besoin de médiateur», lui réplique Alpha Condé qui ne semble pas pressé d'aller au second tour, à la différence de Cellou Dalein Diallo, son rival, qui souhaite que «cette élection se tienne courant septembre ». Le pays de Sékou Touré, au sous-sol très riche, qui a donné des espoirs aux démocrates africains en décembre 2008—même si les événements du 28 septembre 2009 à Conakry sont encore vivaces— sera-t-il rattrapé par les démons des clivages et des divisions ethniques nourris par l'incurie politique de ceux qui prétendent le gouverner ' Moins de deux ans après le décès du président Lansana Conté, Conakry est plus près que jamais de l'impasse à laquelle fait face Abidjan depuis 2002. Curieusement, un incendie s'est déclaré jeudi dans un entrepôt qui abrite des matériels électoraux juste après une réunion d'Alpha Condé et Cellou Dalein Diallo avec le Premier ministre pour examiner les détails de ce report. Les Guinéens qui assistent impuissants à un enlisement du processus électoral auquel ils ont beaucoup cru, commencent à s'inquiéter. La lutte pour la démocratie en Afrique est loin d'être gagnée. Même si les élections s'enchaînent
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Posté Le : 18/09/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Djamel Boukrine
Source : www.horizons.com