De notre correspondant à Oran
Samir Ould Ali
Depuis quelques temps, certains sites historiques et immeubles datant de l’ère coloniale d’Oran subissent des opérations de restauration destinées à leur donner une «nouvelle vie» et contribuer ainsi à préserver ces repères de la mémoire collective longtemps abandonnés à la dégradation.
C’est le cas, notamment, de l’Hôtel de ville, véritable joyau architectural, dont les travaux de réhabilitation viennent de démarrer, de la mosquée de l’Imam El Houari dont les travaux de restauration touchent à leur fin (à moins d’une surprise), du Palais du Bey, de la mosquée Jawhara ou encore quelques bâtisses du centre-ville dont la restauration a été confiée à des sociétés étrangères spécialisées.
Reconstitution mémorielle
Ce travail de reconstitution mémorielle, bien que salué par les habitants et les responsables d’associations locales de préservation du patrimoine, est pourtant loin de suffire au regard de l’ampleur de la tâche qui reste à accomplir.
Véritable musée à ciel ouvert, selon l’expression consacrée par les spécialistes pour décrire la capitale de l’Ouest, Oran compte des centaines de sites historiques et de vestiges remontant à la préhistoire, dont beaucoup sont à l’état d’abandon pendant que d’autres, beaucoup l’attestent, restent à découvrir: «Il faut préserver de toute urgence les vestiges et procéder aux fouilles archéologiques pour déterrer les ruines, et elles sont très nombreuses, qui dorment sous terre.
Des trésors archéologiques que nous avons tout intérêt à préserver», alertait, il y a quelques mois, l’un des responsables du site romain de Bethioua, Portus Magnus.
Et, tout comme ce site, les grottes préhistoriques de Kouchet
El Djir et d’Eckmühl, les vestiges puniques de la région des Andalouses, les fortifications (Oran serait l’une des villes les plus fortifiées de la Méditerranée, selon un nouvel ouvrage à mettre à l’actif de l’association Bel-Horizon) et ces mille et un trésors archéologiques à haute valeur historique ont tous besoin d’un sérieux dépoussiérage, au sens propre comme au figuré.
Autrement dit, d’une stratégie de longue haleine impliquant les pouvoirs publics, le tissu associatif, les médias et l’ensemble des habitants de la wilaya.
Ce qui, quoi qu’en disent les autorités locales en ces temps de commémoration du patrimoine matériel et immatériel, n’existe toujours pas en dépit d’une nette prise de conscience de l’importance de préserver ces vestiges, toute à la fois, pour sauvegarder la mémoire collective mais aussi pour «soigner» l’économie locale à travers le tourisme culturel .
Deux notions sur lesquelles le Schéma directeur
de l’aménagement touristique (Sdat 2030) insiste dans ses orientations mais qui ne suscitent pas encore l’engouement attendu au plan local.
L’économie avant tout
Une fois par an, pendant le mois du patrimoine, les vestiges historiques, leur importance pour la mémoire et leur impact sur l’économie, sont remis au goût du jour, débattus et soulignés aux sceptiques. Mais cela ne dépasse pas le stade de la célébration culturelle et jamais aucune décision, engageant durablement l’avenir du patrimoine oranais, n’est arrêtée. Sauf, parfois, lorsqu’il s’agit de projets de développement et de modernisation contrariés par un quelconque monument historique ; auquel cas, pas d’hésitation, la décision tombe, radicale et irréversible.
Ce fut notamment le cas des Halles centrales, édifice datant des années 50 qui fut proprement rasé après la délocalisation des mandataires vers le nouveau marché de gros d’El Kerma.
Le patrimoine historique, c’est bien beau, mais pas quand l’économie est en jeu, semblent avertir les pouvoirs publics.
S. O. A.
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Posté Le : 25/04/2013
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo: La Tribune online ; texte: Samir Ould Ali du mercredi 24 avril 2013
Source : latribune-online.com