A- Parcours artistique:
1)- Contexte géoculturel :
« Tewfik Benghabrit » fait partie de cette génération d’artistes qui ont dominé la scène musicale algérienne et paradoxalement, de manière très discrète. Il occupa la scène artistique depuis la fin des années 70 ; une période transitoire qui fut marquée par le départ de plusieurs maîtres de la musique andalouse à Tlemcen et donc il y avait un vide à combler. Le départ de Abdelkrim Dali à Alger et celui de Cheikh Redouane BEN SARI au Maroc dans les années 50 ont donné un coup sérieux à la musique andalouse, tant à Tlemcen qu’à Alger. Cependant, quelques élèves des grands chouyoukhs disparus avaient essayé tant bien que mal de perpétuer ce patrimoine musical algérien, qui évoque l'authenticité et qui fait la fierté des algériens. Dans le classique, c’est-à-dire la musique andalouse, dite aussi « musique savante », quelques maîtres, tels que EL HADJ MUSTAPHA BRIXI, disparu en cette année 2010, les fils de Larbi BENSARI ( mort en 1964) en l’occurrence Mahmoud et Mohamed, ainsi que feu Mohamed Benguerfi et quelques autres sont arrivés à maintenir la voie que leur avait tracée leurs maîtres, en occupant la scène d’une part, et en transmettant ce legs aux générations futures dans les écoles et collèges grâce à leur recrutement par l’éducation nationale à l’époque. A signaler que la naissance de plusieurs associations venait contribuer positivement au développement de cette musique mais surtout à sa préservation. Maître Mohamed BOUALI qui dirigeait la « SLAM » depuis 1934, créa l’association « GHARNATA » en 1964. D’autres suivront par la suite et ce sont les élèves de ces mêmes associations qui vont à chaque fois en créer d’autres, créant ainsi une lignée, une chaîne dont les maillons évoquent aussi de grands noms dans la musique, tel que Salah BOUKLI, un virtuose de R’beb, un instrument mythique qui tend à disparaître dans les orchestres malheureusement.
Parallèlement à ceux-là, d’autres individualités occupent la scène artistique en composant de petits orchestres dits « professionnels ou semi professionnels » et à leur tête, un interprète, un chanteur, tel que BENZERGA Boubkeur, GHAFOUR Mohamed, quelques temps après, KOUFI Nouri, Fewzi KALFAT, Chafik HADJADJ et Tewfik BENGHABRIT.
2)- Biographie de l’artiste :
* Il est né le 04 août 1959 dans le vieux quartier « Derb Messoufa », situé dans la vieille médina qui a vu naître aussi un grand nombre de musiciens tel que cheikh Boudalfa, dit Benchaabane, celui qui allait devenir le maître de cheikh Larbi BEN SARI.
* Il apprit les rudiments de la musique traditionnelle au sein de sa famille (son père étant lui-même musicien). Il commença par la derbouka, instrument de percussion incontournable dans ce genre d’apprentissage.
* A l’occasion d’un succès scolaire, son père lui offrit une guitare et ce fut le début d’une carrière musicale qui commençait. A l’âge de 11 ans, il jouait déjà bien à la guitare tout en essayant d’imiter Abdelkrim Dali ou Fadèla Djzirya ou même les « djil djilala » très en vogue à l’époque.
* Au début des années 70, il réalisa un travail pour son professeur de musique au collège (El MAQARRI), en l’occurrence Mr Boukli Salah : Celui-ci le garde jalousement chez lui jusqu’à présent. Il s’agit d’un travail de recherche sur l’histoire de la musique andalouse et sur lequel il obtint une très bonne note.
* En 1974, il adhéra à l’association « Mustapha Belkhodja » au lycée BENZERDJEB où il faisait ses études secondaires. Il apprit la « Nouba » avec tant d’autres tels que Fewzi Kalfat, Zakya H’ssaîn (devenue Kara Turki plus tard) et ce, sous la houlette déjà de feu Med BOUALI. Il participa avec eux aux premières éditions du festival national de la musique andalouse qui se déroulait à l’époque en partenariat avec la télévision algérienne, au lycée Maliha Hamidou (1974).
* Pour ses études, il dut quitter Tlemcen pour séjourner pendant 4 ans à Oran où il entra en contact avec de grands musiciens des différentes associations musicales mais surtout avec un cousin à lui, Mr Bachir Zerrouki, disciple de cheikh Larbi BEN SARI, mort en 2004.
* Au même moment, il adhéra à la prestigieuse association « SLAM » (association artistique littéraire et musicale) où il perfectionna sa formation en musique andalouse avec l’un des plus grands enseignants de ce genre et pas le moindre, feu Med BOUALI. Il découvrit avec elle des gens du métier lors des déplacements à Oran, Alger, Blida, Bejaia, Constantine mais aussi en France, en Suisse, en Turquie etc.
*Il constitua son propre orchestre vers les années 78/79 avec qui il commença à animer des soirées familiales mais son nom demeurait encore anonyme. Ce n’est que vers l’année 19/85, de son retour du service militaire qu’il enregistra son premier album « adji ya nouah », chez new-suond et édité par le regretté « Rachid et Fethi» :il fut un énorme succès.
* Son passage à la télévision en 1985 dans l’émission « noudjoum » de Bachir Belhadj et animé par Djalal, où il interpréta majestueusement « Besmellah nebda medhi », une chanson m’dih de sa composition, lui valut le succès qu’il méritait.
* Il proposa alors un nouveau style, une nouvelle voix que le public tlemcenien semblait attendre depuis longtemps. Il enregistra alors plusieurs émissions à la télévision algérienne sous la direction d’un grand monsieur qui nous a quitté il y a quelques années, à savoir Mr Mustapha Skandrani.
* En 1991, il lui arriva une chose merveilleuse : il rencontra Cheikh Redouane Ben Sari à Tanger (Maroc) où il chantèrent ensemble deux nuits durant. (Vidéo amateur existe).
* Il fréquenta beaucoup les studios à Tlemcen sans pour autant enregistrer beaucoup d’albums (3 seulement) mais il devint très vite le maître incontesté du genre « medh » mais aussi de la maîtrise de son instrument fétiche, le luth.
*A partir de l’an 2000, et avec quelques amis, il se lança dans des actions culturelles, toujours au sein de la cellule qui, de sa propre initiative personnelle, tenta de redynamiser le secteur musical, appauvri ces derniers temps à Tlemcen, en faisant redémarrer le conservatoire communal, en mettant en place un orchestre très performant qui effectuait des recherches en musicologie, en perfectionnant le niveau de l’instrumentation et enregistrer les noubas avant qu’on en perde encore d’autres ; ce grand projet était piloté conjointement par un autre passionné de cette musique, il s’agit de Mr Benmansour Bénali.
* Cet orchestre dont il faisait partie, s’est produit 2 fois à Paris (à la cité de la musique - XIXème - en Juin 2002 et au siège de l'UNESCO - XVème - le 20 Février 2003) et une fois à Tunis.
* En mai 2003, Benghabrit Tewfik fut nommé à la tête de la direction de la culture de la wilaya de Tlemcen qu’il dirigea jusqu’à la fin 2004. Il comprit alors que la culture ne pouvait être dynamisée qu’en profondeur et qu’il la servirait encore mieux de l’extérieur, loin de toute pression politico administrative.
* Son retour à la scène ces derniers temps a été accueilli très favorablement par ses fans qui lui demandent de ne pas la quitter malgré ses autres obligations professionnelles.
* Actuellement, il fait partie de l’ensemble régional du ministère de la culture avec lequel il répète régulièrement et se produit dans les scènes algériennes et étrangères.
B- Parcours professionnel (officiel):
* Il fit ses études primaires, du collège et du secondaire à Tlemcen où il obtint son baccalauréat littéraire en 1978.
* Entre 1978 et 1982 il prépara une licence de français à l’université d’Essenia, Oran.
* Septembre 1982, il est nommé professeur de français au lycée Polyvalent (Ahmed Benzekri) Tlemcen.
* Entre 2000 et 2003, il prépara un Magistère en Didactique française qu’il soutiendra avec brio en juin 2004 à l’institut des langues latines de l’université d’Oran.
* Entre mai 2003 et septembre 2004, il est nommé directeur de la culture de la wilaya de Tlemcen.
* Depuis décembre 2004, il est enseignant chercheur au département des langues étrangères à l’université Abou- Bakr Belkaïd (Tlemcen). Il est titulaire d'un doctorat de Didactique du Français langue étrangère et il est spécialiste dans les stratégies argumentatives et analyse interculturelle en milieu universitaire.
* Il est aussi directeur du centre d’enseignement intensif des langues (CEIL) de l’université de Tlemcen : un centre où l'on dispense des enseignements en langues étrangères (Français, Anglais, Espagnol et Allemand) aux étudiants algériens et étrangers.
Mr BELKHEBRIT T. est l'un des rare pilier de la musique andalouse et l'un des professeur pertinents de la didactique en Algérie.Pratiquant d'une pédagogie très attachée à la culture interculturelle restera un point de mire pour nous professeur et étudiant
BOURDIME Lakhdar - Professeur /étudiant - Tlemcen, Algérie
11/02/2013 - 71605
Je suis contente d'avoir des nouvelles de mon ancien prof de français quand j'étais au lycée à Tlemcen. J'ai eu la chance d'assister à certains de ses concerts qu'il donnait souvent à la maison de la culture de Tlemcen. Je l'ai revu à la salle Ibn Zeydoun d'Alger en 2008 mais je n'ai pu l'approcher car il y avait beaucoup de monde. Son parcours est impressionnant car il est à cheval sur des domaines multiples et, connaissant sa générosité, je ne suis pas étonnée. Est-il possible d'avoir son adresse émail? Depuis que je vis à Alger, je n'ai pas eu l'occasion de le remercier pour tout ce qu'il faisait pour nous, élèves du Polyvalent, lorsqu'il ne ménageait aucun effort pour nous aider dans notre travail.
Merci
Nassima
Soufi Nassima - Etudiante - Alger, Algérie
07/08/2010 - 5920
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Posté Le : 18/07/2010
Posté par : wassila13