Cette ville cernée par deux millions de palmiers confirme sa vocation de porte du grand Sud.
Le paysage alentour, depuis la haute falaise qui barre l'horizon au nord, est déjà nettement saharien : qu'on l'observe depuis
le hublot de l'avion ou de la vitre d'une voiture, il forme un contraste saisissant avec la bigarrure des hauts plateaux et du massif aurésien tout proches : ce n'est partout qu'un sol rouge ou fauve marqué de gerçures, hérissé d'arêtes vives, sillonné
par les longues crevasses blafardes des oueds.
Des archipels de verdure jalonnent ces fleuves fantômes. Le trait noir des routes, rectiligne sur les regs, hésitant dans
les chaos qu'il faut franchir. relie ces îlots de vie.
Au carrefour de toutes les routes, Biskra-Ville a construit ses quartiers en damier, au bord de l'oued le plus large, aux
abords même de la palmeraie la plus dense et la plus étendue de la contrée.
Déjà les Romains avaient repéré le site. Au début du siècle, l'arrivée du chemin de fer a déterminé l'orientation de la ville
moderne. Une longue promenade magnifiquement ombragée, sillonnée par des séguias aux eaux vives, conduit de la gare jusqu'au
centre de la ville. Le jardin est bordé sur la gauche par un quartier militaire, sur la droite par des maisons à arcades.
La ville de Biskra Les rues perpendiculaires conduisent vers des places carrées, où l'on trouve la poste, les services administratifs et un marché
fort coloré, entouré de boutiques.
Dans les rues étroites existent encore de ces petits éventaires qui disparaissent malheureusement dans tant de villes d'Algérie
et qui répandent une sympathique odeur de grillades et de charbon de bois ; on y vend de la tripaille et des merguez ; les
agrumes. joliment présentés en chapelets, sont accrochés au-dessus des bouquets de persil et d'aromates.
Autour de ces comptoirs en plein vent, la jeunesse locale discute ferme jusque tard dans la soirée, à la lueur d'ampoules
nues suspendues à un fil. Les petites places voisines débordent de guéridons poussés par les cafetiers, même sur la chaussée.
Les magasins les plus cossus exposent en vitrine, des boîtes de dattes prêtes à être expédiées aux quatre coins du monde.
Le visiteur plus gourmand peut se procurer dans les entrepôts situés sur le grand boulevard extérieur des régimes entiers
(4 à 6 kg en moyenne) de " deglet-nour ", ces succulents " doigts de lumière " qui ont fait la réputation des palmeraies de
la région de Biskra.
El KantaraEl Kantara site magistral ! Nul voyageur ne peut feindre son émotion devant ce paysage véritablement stupéfiant.
S'il vient de Constantine et des hauts plateaux fertiles, c'est pour lui soudainement la révélation du Sahara, du " Sud "
avec ses terres rouges, ses chaos, ses oueds précaires. ses bouquets de palmiers.
A Aïn Touta, les maisons sont encore crépies de blanc et couvertes de tuiles rondes : après un étrange pertuis où la route
a difficulté à se glisser à côté du torrent et où le chemin de fer doit passer en tunnel, voici, agglomérées comme les cellules
d'une ruche, les habitations à terrasses, à armature de palmes et aux murs de torchis couleur de terre.
D'un côté, bien souvent de gros nuages gris s'accrochent aux pentes boisées des djebels ; de l'autre, le ciel est cru. la
lumière implacable, le soleil chauffe comme une plaque de four une longue et haute falaise ocre, dont le roc nu n'a d'autre
coupure que cette faille, ce coup de sabre au creux duquel gîte la minuscule oasis d'El Kantara.
Cette brèche dans la montagne, les Romains l'appelaient le " coup de talon d'Hercule ".
Pour celui qui vient du sud par la route de Biskra, le contraste est peut-être moins saisissant, mais le site qui se précise
peu à peu à ses yeux depuis la descente du col de Sfa revêt une beauté grandiose à l'approche du village.
C'est d'ailleurs non plus de la route, mais depuis le vieux bourg de la rive droite de l'oued, connu sous le nom de " village
rouge ", qu'il prend toute sa valeur. Le peintre orientaliste le plus romantique ne pourrait rêver plus belle composition.
Oasis de montagne : Canyon de l'oued El Abiod
A 18 km de Biskra, le lac de retenue du barrage de Foum et Gherza apparaît sur la droite, nappe bleue au creux de collines
ayant fait l'objet d'un reboisement intensif, alors qu'au-delà tout n'est que rocaille rouge.
A une vingtaine de kilomètres plus loin, une route secondaire s'échappe sur la droite, plonge dans un petit cirque naturel
en direction de la tache verte de l'oasis de M'Chouneche. (C'est dans cette descente que partirent les premiers coups de feu
de la Révolution algérienne, le 1° novembre 1954.)
Il y a lieu de traverser complètement le village et la palmeraie (on franchit l'oued à gué) et d'aller jusqu'au bout de la
route qui vient buter contre une falaise. Sur la gauche, un sentier descend rapidement jusqu'à l'oued qui s'échappe d'un étroit
canyon.
Des bouquets de palmiers hauts et vigoureux se détachent en noir sur la falaise ocre. La fraîcheur, presque le froid, qui
vous saisit, surprend.
Le bruit de l'eau courant sur les pierres, assourdissant, est insolite. En période de basses eaux, les bons marcheurs peuvent
remonter le cours de l'oued, qui reste profondément encaissé, jusqu'à Baniane en deux heures environ ou jusqu'à Rhoufi en
quelque cinq heures.
Oasis de montagne : Balcon de RhoufiLe village de Baniane dont les maisons cubiques toutes neuves sont groupées autour d'une mosquée blanche et verte. Comme tous
les villages de l'Aurès, Baniane a terriblement souffert de la guerre.
L'ancien hameau qui dominait le canyon de ses pittoresques greniers à étages - les " guelaas " - a été détruit. Les nouvelles
agglomérations ont été construites plus prés de la route.
A 18 km une déviation conduit à un vaste belvédère aménagé au-dessus d'un méandre de l'oued qui coule ici au fond de gorges
profondes aux parois abruptes.
Des milliers de palmiers occupent ce fond des gorges. Les palmes se rejoignent presque au-dessus de l'eau vive.
Accrochées aux lèvres du canyon, voire creusées à mi-hauteur dans la falaise, d'anciennes habitations et des greniers ajoutent
à l'insolite du site.
Des masses de figuiers de Barbarie s'agrippent dans les éboulis au pied de la falaise et ont aussi envahi les cours des maisons
abandonnées.
Depuis le nouveau village, un chemin aux dalles polies par le frottement des sandales permet d'atteindre la rivière. On peut
alors se plonger dans l'intimité de cette magnifique palmeraie prisonnière de la montagne. Il faut flâner sur les rives de
l'oued, abrité par un ciel de palmes.
Sous cette ombre claire poussent les orangers, les citronniers ; les vignes enlacent les troncs Des chemins de terre serpentent
entre les planches de légumes, enjambant les séguias où coule une eau claire.
Oasis de montagne : DjemmorahProches de Biskra, Branis et Djemmorah se situent dans la partie inférieure de l'oued Abdi, là où les eaux descendues du djebel
Mahmel, au fond des Aurès (vallée de Menaa) se fraient un chemin dans les grès rouges typiques des zones pré-sahariennes.
Venant de Biskra, on franchit tout d'abord le col de Sfa, à 817 m d'altitude, d'où la vue s'étend, au-delà du mur à vif que
constitue la falaise de l'Aurès, jusqu'à de lointaines crêtes enneigées. Une route sous le col, conduit, en 12 km, à Branis,
puis à Djemmorah, 20 km plus loin.
Les arbres fruitiers, aussi bien ceux d'Europe, pruniers, pommiers, que ceux plus typiquement maghrébins, grenadiers, figuiers,
abricotiers bénéficient, au même titre que les palmiers-dattiers, d'un savant système d'irrigation assuré par des goulottes,
troncs de palmiers évidés, et par des " peignes " en pierre qui répartissent judicieusement l'eau précieuse.
bon courage ,mais t'a oublié ouest et sud-ouest de Biskra notre reine. merci
mosbah habibi - retraité - Biskra
05/10/2008 - 1967
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Posté Le : 10/09/2007
Posté par : nassima-v
Source : www.umkbiskra.net