Algérie

Présence



Présence
«Il y a des gens qui sont morts et on dirait qu'ils sont toujours vivants et d'autres....» Mouloud MammeriQu'est-ce que gouverner' Pour les uns, c'est coordonner, gérer les activités propres à un Etat, constater les problèmes afférents à une société, y proposer des solutions et y remédier en s'efforçant de rester fidèles aux principes qui régissent un équilibre acquis par des décennies de conflits. Pour d'autres, c'est avant tout prévoir, c'est-à-dire projeter, dans un avenir plus ou moins lointain, l'évolution des problèmes constatés et des solutions appliquées. C'est évidemment cette dernière tâche qui est la plus difficile, car elle nécessite, outre une perspicacité des gouvernants, des outils théoriques très efficients. Cependant, pour beaucoup de gens, en général, ceux qui sont échaudés par plusieurs décennies de parti unique, de manipulation des masses et de démagogie, gouverner c'est promettre, promettre et puis promettre.Les promesses sont, en général, faites en période électorale, quand les candidats au futur Parlement d'où sortiront les futurs Premier ministre et ministres font tout pour amadouer les citoyens naïfs. Mais il y a des gouvernements qui, comme l'exprime la fameuse expression, «ne se mouchent pas du coude et continuent à faire des promesses quand ils sont en butte à des problèmes qui durent ou à un mécontentement général, que la presse la plus muselée du monde n'arrive pas à étouffer». Ainsi, il n'y a pas longtemps, alors qu'il était sur la pente glissante qui conduit en général vers la sortie, un Premier ministre n'avait pas hésité à promettre, lors d'un discours-fleuve tenu devant les caméras de l'unique, de construire annuellement 100.000 logements. Evidemment, malgré la situation sécuritaire qui se dégradait alors, beaucoup d'âmes naïves avaient commencé à chanter les louanges de ce Premier ministre, réputé comme incorruptible. En 2007, beaucoup de citoyens (ceux qui ne sont pas morts ou partis comme harraga «par une nuit sans lune, dans une mer sans fond», ou se sont débrouillés grâce au système «D», un petit pied-à-terre dans une cité perdue dans une banlieue abandonnée, attendent encore leur logement au pied du mur de l'Aadl. On passera sur les promesses faites pour régler les problèmes des médicaments, améliorer le système hospitalier, nettoyer au Kärcher les allées infestées par la corruption, débarrasser le pays des terroristes résiduels, réformer la justice, l'éducation, créer plusieurs chaînes de télévision...Enfin, que des promesses. La dernière en date est la décision du gouvernement de contrôler tous les véhicules importés. En a-t-il les moyens' Sachant qu'en 2006, 200.000 véhicules ont été importés, combien de techniciens compétents faudra-t-il pour contrôler sérieusement si les produits montés dans les pays émergents, comme l'Iran, la Turquie, le Brésil ou la Chine, répondent aux normes de sécurité demandées: la situation se compliquera un peu plus lorsqu'il s'agira de pièces détachées, sachant qu'un emballage subtil ou un transit par un port complaisant peut dérouter le contrôle de visu. Le ministère des Transports, responsable de cette initiative ô combien louable, mais téméraire, pourra-t-il s'acquitter de cette tâche alors qu'à l'heure actuelle, les citoyens, qui se font transporter actuellement dans des épaves qui osent porter le nom de bus dans des conditions que même la société protectrice des animaux réprouve, constatent amèrement la non-application du cahier des charges par les négriers du transport privé et l'absence de tout contrôle sur la charge et l'hygiène de ces rafiots roulants. Avec les devises dépensées pour importer des véhicules individuels, ces trois dernières décennies (on ne connaîtra peut-être jamais le chiffre astronomique qui a couvert ces coûteuses opérations), appelées AIV ou autres astuces pour faire entrer un objet polluant..., on aurait peut-être pu réaliser le dernier métro, un tramway nommé désir. Pour illustrer l'inanité de certaines promesses de contrôle et de transparence, il suffit de se rapprocher des vulcanisateurs pour entendre des vertes et des pas mûres sur la qualité des pneus... Ou alors se poser simplement la question sur l'absence des institutions de l'Etat dans la crise de la pomme de terre devenue aliment de base des masses populaires dont le prix du baril suit la courbe contraire de celle du baril de pétrole. Et de s'interroger parallèlement sur la raréfaction du topinambour, de la patate douce et surtout de la disparition de sa confiture: c'est que les temps doivent être durs.




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