Prescrire un jeûne qui fait du bien !

Puisque la nuit du doute est prévue pour ce soir, les marchés se sont un peu plus animés qu'à l'ordinaire. Ramadhan oblige, l'excuse est toute trouvée pour envoyer bouler les mesures qui épargnent la vie. Peu importe si l'on contribue à étendre ce que tout le monde craint mais que tout le monde ne fait pas vraiment l'effort d'éviter. Surtout lorsque vient s'en mêler la raison qui devient impérative de manger mieux que de coutume, comme pour se récompenser d'avoir réussi à surmonter la faim entre l'aube et la rupture du jeûne.Ah ! manger et manger de façon démesurée comme d'habitude et même plus que d'habitude pour oublier les frustrations induites par ce maudit confinement qui dicte de rester chez soi. Quel pied quand on n'a pas grand-chose d'autre à faire ou même, d'ailleurs, quand on a de quoi occuper ses journées.
C'est la tradition qui le veut ainsi et conduit à se nourrir plus que de raison ! Pourquoi les Algériens privilégient-ils la satisfaction de leur estomac au besoin d'aller travailler ' Eviter de s'endetter pour gratifier son palais de ce dont on se passe volontiers en temps normal ' Pourquoi renoncer à ce rituel ' En Occident, le jeûne est à la mode.
On le recommande très sérieusement et de plus en plus pour détoxifier son corps, pour le nettoyer, le débarrasser des toxines qui font que l'on va mal. Chez nous, on va vérifier, ce soir, que l'on a bien acheté tout ce qu'il faut pour tenir le coup. On va passer en revue les provisions entassées pour ne manquer de rien au cas où. En Algérie, on est toujours suspendu à un «au cas où». Voilà pourquoi à chaque fois que vous voyez une queue quelque part, vous êtes quasiment certain qu'au bout, il y a une histoire de denrées alimentaires. On a vaguement entendu parler du baril de pétrole à zéro dollars aux Etats- Unis et d'un pétrole que l'on ne sait plus où stocker. Il y en a tellement que les clients familiers ne sauraient plus quoi en faire en ces temps de pandémie où tout ce qui en dépend est à l'arrêt. Que devient-on quand on a renoncé, depuis des lustres, à évoluer autrement qu'en vendant son gaz et son pétrole ' Beaucoup pensent qu'Allah y pourvoira en temps voulu.
M. B.