échec de la politique de réinsertion Dans une intervention, tenue en marge du forum sur le rôle de la société civile dans la réinsertion sociale des détenus, qui se tient depuis hier à Alger, le directeur général de l?administration pénitentiaire, M. Fellioune, a déclaré que le taux de récidive a atteint 45 %, touchant surtout la petite criminalité. Un taux qui interpelle lourdement non seulement les autorités mais également la société civile, d?autant que c?est cette dernière qui reste la plus grande victime de la violence quotidienne, notamment dans les grandes villes du pays. Le ministre de la Justice, Tayeb Belaïz, a quant à lui déclaré lors de son intervention que 59 % des détenus sont âgés de moins de 30 ans, et 84 % ne dépassent pas le niveau scolaire primaire. « Il est nécessaire de garantir le climat propice à la réinsertion des délinquants et à l?accompagnement des détenus là où des secteurs du gouvernement ne peuvent être présents », a déclaré M. Belaïz, ajoutant : « Ce rôle de proximité est à même de consolider les chances de réussite des personnes concernées. » Ce qui a poussé M. Fellioune à insister sur la nécessité d?une réinsertion sociale qui, selon lui, est à même de réduire le taux de récidive et aider les détenus à reprendre leur place au sein de la société. Dans ce sens, le responsable a affirmé que 500 détenus ont bénéficié cette année de la liberté conditionnelle. Une mesure prévue par le nouveau dispositif de réinsertion sociale qui permet aux prisonniers qui offrent les garanties de bénéficier d?une liberté conditionnelle. Une commission nationale de réaménagement des peines, chargée d?étudier les demandes, a été installée récemment par le ministre de la Justice. « Le nouveau dispositif de détention en milieu semi-ouvert sera effectivement mis en place entre 2006 et 2007. Ce qui soulagera sensiblement les prisons », a-t-il expliqué, tout en notant que le budget consacré à l?alimentation des détenus a connu « une légère augmentation » pour atteindre 56 DA par jour et par prisonnier. Interrogé sur le nombre de prévenus (attente d?un procès), M. Fellioune a précisé qu?il « ne représente pas » une grande proportion par rapport aux normes internationales. « Il est de 11,5 %, dont la majorité ne dépasse pas les 4 mois de détention. Ce qui nous met, à peu près, dans les mêmes normes européennes qui se situent à 12 %... » Le responsable a estimé, par ailleurs, que dans le programme de la réforme judiciaire, il est prévu la construction de 51 établissement pénitentiaires, dont 40 font partie du programme d?urgence lancé il y a deux ans. Un programme qui tarde à voir le jour et les détenus continuent à bénéficier de 1,5 m2, alors que la norme internationale est de 10 à 12 m2. A propos du forum organisé par son département avec le parrainage du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), sur le thème du rôle de la société civile dans la réinsertion sociale des détenus, M. Fellioune a déclaré avoir invité à cette rencontre une quarantaine d?associations (dont dix nationales) sur les 73 000 agréées par le ministère de l?Intérieur. « Elles sont représentées dans 31 wilayas et certaines ont déjà participé à des actions en direction des détenus. Nous sommes prêts à recevoir les autres associations qui expriment leur volonté d?apporter une quelconque aide pour la réinsertion sociale des détenus », a-t-il tenu à préciser. Lors de l?ouverture des travaux de ce forum, le ministre de la Justice, Tayeb Belaïz, a déclaré dans une longue intervention : « Le nouveau rôle des établissements pénitentiaires ne se limite plus à l?emprisonnement des individus, mais il concerne actuellement leur prise en charge sur les plans psychologique et éducatif ainsi qu?en matière de formation à travers l?utilisation de moyens modernes afin de les éloigner des actes criminels. » Des faits et des lois Il a rappelé en outre les dispositions de la nouvelle loi sur l?organisation des prisons et la réinsertion sociale des détenus, tout en précisant que d?autres textes de loi seront prochainement promulgués et ont trait à la définition des structures des établissements pénitentiaires, leur gestion, leurs attributions ainsi que leurs partenaires. Le ministre a mis en exergue les moyens consentis dans l?effort de réinsertion. Dans ce contexte, il a noté les résultats enregistrés par les détenus aux examens du baccalauréat de la dernière session qui a vu la réussite de 243 détenus contre 151 l?année dernière, alors que 259 ont été reçus aux examens du BEF de cette année contre 117 l?année dernière. Il a déclaré que le nombre des détenus dans les différents paliers de l?enseignement et les différentes disciplines de la formation professionnelle dans tous les cycles de l?enseignement pour l?année scolaire 2005 - 2006 a atteint 5697 détenus contre 3127 l?année écoulée, alors que le nombre des inscrits dans la formation professionnelle durant l?année en cours a atteint 3920 contre 2219 l?année dernière. Le représentant du PNUD a quant à lui déclaré à la presse n?avoir pas encore pris connaissance de la situation des prisonniers algériens. « Je suis en Algérie depuis trois semaines seulement, mais le PNUD apporte son expertise et son aide financière à la réforme du système pénitentiaire pour une période étalée sur 4 ou 5 ans. Le budget consacré à cette opération est estimé à près de 2 millions de dollars... », a-t-il souligné. Consacrée à l?expérience française dans le domaine de la réinsertion, la communication d?Arnaud Bernard, directeur de service pénitentiaire d?insertion et de probation (français) n?a été présentée que l?après-midi du fait d?un problème technique dans la présentation par image informatique. M. Arnaud nous a déclaré néanmoins que les problèmes de la réinsertion sociale sont les mêmes à quelques différences près. « Nous vivons le problème de la promiscuité, puisque nous avons les mêmes surfaces occupées par détenu, c?est-à-dire à peu près 1,5 m2 par détenu. Dans nos établissements, il y a près de 55 000 détenus, alors que 120 000 bénéficient du régime de la liberté conditionnelle. Ce qui soulage un peu nos établissements. Il est important aussi de noter que, même chez nous, c?est la petite délinquance qui est la plus représentée dans les prisons. La détention pour certains crimes, comme les violences sexuelles ou la conduite en état d?ivresse, a fait que le nombre des détenus a sensiblement augmenté ces dernières années. Néanmoins, le mouvement associatif en France joue un rôle très important dans la réinsertion de ces détenus une fois en liberté. La récidive ne touche que la petite délinquance. Elle ne touche pas par exemple les délinquants sexuels qui sont souvent pris en charge par le mouvement associatif... », a déclaré M. Arnaud. Lors du débat qui a ponctué les communications, de nombreux intervenants, notamment du mouvement associatif, se sont sont demandés comment onpeut parler du rôle de la société civile, si les pouvoirs publics refusent d?agréer les associations et n?ouvrent les portes des prisons que pour certaines associations dont le choix obéit à des considérations beaucoup plus politiques. Une préoccupation légitime dans la mesure où, à ce forum d?une grande importance, n?ont pas été invités les représentants des organisations des droits de l?homme, notamment celles qui participent à des programmes de réinsertion des détenus, financés par le PNUD et la commission européenne, comme par exemple la Ligue algérienne des droits de l?homme (LADH) présidée par Boudjemâa Ghechir. Les travaux de cette rencontre se poursuivront aujourd?hui avec l?élaboration de recommandations, devant servir de plan de travail pour l?administration pénitentiaire.
Posté Le : 13/11/2005
Posté par : sofiane
Ecrit par : Salima Tlemçani
Source : www.elwatan.com