Algérie

Près de 4 ans après le début de la crise financière



Près de 4 ans après le début de la crise financière
Les choix de politique économique effectués par nos dirigeants depuis le déclenchement de la crise financière internationale à la fin de l'année 2008 font de l'Algérie une sorte de partenaire économique idéal pour les pays industrialisés. Un bilan paradoxal pour une politique placée sous le signe du 'patriotisme économique'.
qu'il s'agisse de commerce international, de recyclage des excédents financiers ou de politique d'attraction des IDE, les partenaires économiques de l'Algérie ont toutes les raisons de se frotter les mains. Dans la période récente, beaucoup de commentateurs nationaux se sont étonnés et félicité de voir les délégations étrangères se succéder en rangs serrés dans les couloirs de nos ministères et de nos chambres de commerce. Depuis le début de l'année, patrons et ministres, français, britanniques, espagnols, italiens et turcs ; tout le monde semble avoir inscrit le voyage d'Alger à son agenda. Et pour cause, l'Algérie est depuis plus d'une décennie un excellent partenaire commercial dont les performances dans ce domaine ont résisté à la crise internationale. Dernier chiffres connus, en 2011 nos importations ont encore progressé de près de 14% alors que le commerce mondial n'a connu qu'une augmentation limitée à 5%, selon les données établies par le FMI. Une tendance qui ne date pas de l'année dernière puisque nos importations de marchandises qui s'élevaient encore à un peu plus de 9 milliards de dollars en 1999 ont dépassé 44 milliards de dollars en 2011. Sans compter des importations de services qui ont également explosé depuis le milieu de la décennie écoulée et qui se situaient l'année dernière à près de 12 milliards de dollars portant le montant total de nos importations à 56 milliards de dollars. Dans un contexte international, marqué depuis fin 2008 par un ralentissement de la croissance et des échanges mondiaux, notre pays figure donc au petit nombre de ceux qui continuent de soutenir vigoureusement la croissance du commerce international.
Pas dans la compétition '
Pour les pays industrialisés, anciens comme la France, l'Italie, l'Espagne et les Etats-Unis, ou nouveaux, comme la Turquie ou la Chine qui figurent en tête des bilans de nos échanges extérieurs, notre pays présente un autre avantage. Il ne se contente pas de soutenir de façon très dynamique la croissance des échanges internationaux, il a de surcroît la particularité de ne constituer en aucune manière un concurrent. Alors que la plupart des pays émergents qui sont aujourd'hui les locomotives de la croissance mondiales (Chine, Inde, Brésil, Turquie, etc.), se livrent entre eux une concurrence très vive et sont engagés avec les anciens pays industrialisés dans une compétition féroce pour la conquête des marchés des produits manufacturés, l'Algérie continue d'exporter presque exclusivement des hydrocarbures et d'importer pratiquement tout le reste. Dans son dernier rapport de conjoncture publié en février dernier, la Banque d'Algérie note de ce point de vue que l'année 2011 a été une très bonne année pour les recette pétrolières. Avec un prix moyen annuel de 112 dollars/baril, en progression de 40% par rapport au prix moyen de l'année 2010, et malgré une diminution de 4,9% des exportations d'hydrocarbures en volume, les recettes d'exportation d'hydrocarbures ont atteint 71 milliards de dollars l'année dernière. La mauvaise nouvelle est que, contrairement aux informations qui ont circulé en début d'année, les exportation hors hydrocarbures sont, selon les comptes de la Banque d'Algérie toujours assez loin de la barre des 2 milliards de dollars fixé comme objectif par les pouvoirs publics depuis plus d'une décennie et ne dépasse pas 1,2 milliard de dollars même si elles sont en hausse de plus de 25% par rapport à 2010. On comprend donc l'intérêt que l'Algérie suscite de la part des pays exportateurs de produits industriels en tous genres, mais aussi la sollicitude et l'indulgence que lui témoigne des institutions financières internationales qui tout en constatant régulièrement 'l'absence de diversification de l'économie algérienne',mettent un bémol à leur tentation de critiquer l'immobilisme de nos gouvernants en constatant la contribution qu'elle apporte dans un contexte difficile au soutien de la croissance du commerce international.
Une contribution importante à la stabilité du système financier
Une contribution qui ne se limite d'ailleurs pas au seul commerce des biens et des services. Depuis 2008, le système financier international traverse une crise qui a d'abord frappé les banques privées avant de se transformer, depuis 2010, en une crise des dettes souveraines des pays de la zone euro et des Etats-Unis qui a conduit à la dégradation de la notation financière de beaucoup d'entre eux et menace la stabilité de l'ensemble du système financier international. Dans ce contexte également notre pays se révèle un partenaire précieux. La politique des autorités financières algériennes qui consiste d'abord à constituer des réserves de change importantes et croissantes, puis à recycler ces excédents financiers sous forme de bons du Trésor émis par les gouvernements des pays exposés à la crise des dettes souveraines constitue une contribution importante à la stabilisation du système financier international. Dans ce domaine, selon la Banque d'Algérie, l'encours des réserves de change de notre pays (or non compris) s'élevait à 182 milliards de dollars à fin décembre 2011 contre 162 milliards de dollars, il y a un an. Le gouverneur de la Banque d'Algérie rappelait dernièrement de façon lapidaire la position habituelle de l'institution qu'il dirige sur le caractère 'sans risque' de ces placements financiers. À propos du rendement de ces placements, le rapport de la Banque d'Algérie relève en outre 'des revenus au titre des investissements à l'étranger en baisse par rapport à 2010 en contexte de maintien du taux directeur de la Réserve fédérale Américaine quasiment nul'. Notons qu'on connaît désormais de façon précise, le montant des réserves de change, la nature des placements, réalisés en quasi-totalité en titres souverains (à 98%), leur structure répartie à peu près à parts égales en dollars et en euros ainsi que leur rendement moyen qui se situerait aux environs de 2% au cours des dernières années .
Des IDE en recul
Un troisième domaine enregistre en revanche, depuis la fin de l'année 2008, des performances très médiocres qui pénalisent beaucoup plus l'économie algérienne que ses partenaires industrialisés dont elles servent au contraire les intérêts : il s'agit de l'investissement étranger. L'image peu attractive de l'Algérie en tant que terre d'accueil des IDE était confirmée dès la fin 2010 par une mission du Fonds monétaire international. Au chapitre des investissements étrangers, la délégation du FMI relevait des IDE, hors hydrocarbures et hors secteur financier, d'environ 280 millions de dollars en 2009 et divisés par près de 3 (baisse de 60%) entre 2008 et 2009. Pour les 6 premiers mois de l'année 2010, la délégation d'experts faisait état d'un montant d'IDE hors hydrocarbures évalué à moins de 250 millions de dollars, soit environ 500 millions de dollars en rythme annuel. Le chef de mission du FMI estimait à cette occasion que les mesures de recadrage des investissements étrangers et du commerce extérieur décidé par le gouvernement algérien, notamment celles contenues dans la LFC 2009 ont eu un 'impact sur le comportement des investisseurs qui ont pris une position d'attente pour voir dans quelles conditions ils peuvent venir investir en Algérie'. Les experts du FMI relevaient de surcroît que 2010 a connu un reprise importante des flux de capitaux vers les pays émergents. 'Nous n'avons pas observé une reprise semblable pour l'Algérie au niveau des investissements directs étrangers, qui reste très faible', avait-il ajouté. Plus récemment, c'est le dernier rapport de conjoncture de la Banque d'Algérie qui annonçait pour l'année 2011 des investissements directs étrangers, hydrocarbures compris, en baisse sensible : 'En flux nets, le poste investissements directs est estimé à 1,8 milliard de dollars en 2011 contre 2,2 milliards de dollars en 2010.' La Banque d'Algérie souligne en outre, sans livrer, malheureusement, le détail de la structure de ces investissements, que les IDE continuent d'être orientés principalement vers 'les industries extractives' qui restent très largement en tête des bilans, suivi par l'industrie manufacturière et le 'secteur de la construction'.
Autant de résultats et de domaines qui soulignent, de façon paradoxale, l'inefficacité, voire l'impasse, dans laquelle les choix économiques effectués au cours des dernières années au nom de la défense de l'intérêt national semblent avoir engagé l'économie algérienne.
H. H.




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