Le directeur général de l'administration pénitentiaire, Mokhtar Felioune, s'exprimant sur les ondes de la chaîne I de la radio nationale est revenu longuement hier sur la situation des établissements pénitentiaires du pays en affirmant que « la majorité des détenus sont des jeunes avec un niveau d'enseignement primaire et sur un total de 55.000 détenus, 45% sont analphabètes ». Felioune a estimé que « l'enseignement est le seul remède contre la délinquance et le crime, et le meilleur moyen de protéger les jeunes de tout risque de délinquance ». Il a également précisé que « le nombre de détenus inscrits dans les différents niveaux d'enseignement pour 2008-2009 est de 10.700 et que les inscriptions restent ouvertes ». Sur la motivation qui guide certains détenus à opter pour l'enseignement, Felioune a indiqué que « les mesures telles la grâce présidentielle accordée aux prisonniers lauréats, la semi-liberté et la liberté conditionnelle ont encouragé les détenus à s'intéresser davantage à l'enseignement ». Il s'est félicité de « l'inexistence de récidive parmi les prisonniers ayant suivi un enseignement au sein des établissements pénitentiaires excepté un seul cas depuis 2003 ».
En matière de gestion des prisons, Felioune a rappelé que son administration accorde une importance particulière à la formation continue des personnels des prisons, des cadres dirigeants (directeurs généraux, chefs de service...). Il a souligné en outre le rôle des organismes d'accompagnement de réinsertion et d'aide aux détenus libérés dont les assistants sociaux, les psychologues. Un premier a été inauguré à Blida en juillet dernier et d'autres verront le jour prochainement à Oran, Ouargla et Sétif.
Comme appoint à cette démarche, Felioune a noté que son administration travaille aussi avec un nombre d'organisations et d'associations dont les Scouts musulmans algériens, l'association «Iqra», l'association «Ouled El Houma» dans le but d'humaniser ces établissements. L'invité de la chaîne I a toutefois considéré que « la surpopulation carcérale est une entrave au programme de réforme pénitentiaire » et que la solution réside dans la réalisation des 81 nouveaux établissements en projet.
Plus globalement, Felioune a rappelé que « le droit algérien prévoit des dispositions à même de garantir la promotion des droits de l'homme au sein des établissements pénitentiaires ». Il a également indiqué que « la loi sur l'organisation pénitentiaire et la réinsertion sociale des détenus promulguée en février 2005 prévoit des dispositions élargies à 14 textes d'application dont les mesures garantissent la promotion des droits de l'homme.
Outre les mesures prévues par la loi pour l'amélioration des conditions carcérales et du traitement des détenus, la législation autorise également toutes les organisations gouvernementales et non gouvernementales nationales ou étrangères ainsi que la presse nationale et étrangères à effectuer des visites dans les établissements pénitentiaires ».
A ce titre, selon Felioune, « 1.286 personnes, dont 451 journalistes et 152 délégations étrangères ont visité les prisons algériennes en 2008 ».
S'agissant de la protection des droits des détenus, Felioune a passé en revue les mesures spécifiques préférentielles prévues par la loi sur l'amélioration des conditions carcérales, notamment au plan de l'alimentation et de la protection sanitaire, pour les femmes enceintes et celles ayant des nourrissons à allaiter. A titre d'exemples, Felioune a rappelé que « la loi prévoit pour la frange des détenus mineurs, des dispositions identiques à celles d'un régime scolaire interne et non d'un établissement pénitentiaire ». Et de préciser qu'en plus, « la loi confère au détenu le droit d'exprimer ses doléances en tant que mesure préventive garantissant davantage de transparence en faveur des droits de l'homme ainsi que le droit de gérance des biens matériels ». Par ailleurs, la législation en vigueur, selon Felioune, « autorise le détenu à présenter ses doléances au directeur de l'établissement pénitentiaire. En cas de non réponse dans un délai n'excédant pas dix jours, le détenu est en droit d'adresser des correspondances à son avocat, au magistrat ou au procureur de la République ». A ce titre, le responsable dira que des registres de doléances existent au niveau de chaque établissement pénitentiaire.
Les doléances relatives aux crimes sont adressées directement au procureur de la République, a-t-il ajouté soulignant que « les prisons algériennes connaissent depuis plusieurs années une situation de calme grâce au contrôle et à la prise en charge des doléances des détenus ». Dans ce contexte, Felioune a indiqué que « le Haut-Commissaire aux droits de l'homme à l'ONU avait adressé une correspondance aux différentes administrations pénitentiaires sur l'importance de la couverture sanitaire, du droit à la défense, à la nourriture, à l'enseignement et à la gérance des fonds personnels outre le contrôle auquel ces établissement doivent être soumis ».
Posté Le : 07/10/2008
Posté par : sofiane
Ecrit par : Salah C
Source : www.lequotidien-oran.com