Algérie

Préparées au mépris des normes : Les boissons douteuses se multiplient



Des boissons rafraîchissantes, jus et limonades, fabriquées au mépris des normes d'hygiène, dépourvues d'étiquette et d'appellation, sont commercialisées sur le marché national. Les membres de l'Association des producteurs algériens de boissons (APAB) sont de plus en plus inquiets. « Nous constatons aujourd'hui une multiplication des marques de boisson dont les conditions de fabrication, de conditionnement, de stockage et de transport demeurent douteuses », s'alarme Ali Hamani, président de l'Apab.S'exprimant hier lors d'une conférence de presse organisée à l'hôtel Hilton, à Alger, consacrée au lancement officiel d'une campagne de sensibilisation à l'endroit du consommateur, M. Hamani a levé le voile sur certaines pratiques courantes dans la filière des boissons : « Ces producteurs ne respectent pas les normes de fabrication, d'étiquetage et d'appellation ('). Ces produits sont vendus au rabais, parce que la date limite de péremption est de 3 à 4 jours. On en fait même des produits de promotion. Il faut faire attention », dénonce-t-il énergiquement, en rappelant qu'un produit non étiqueté est un produit douteux. La tromperie sur la qualité de certaines boissons, particulièrement les jus de fruits, menace davantage la santé du consommateur.« Des produits étiquetés sont confectionnés dans des baignoires de salles de bains », révèle Slim Othmani, président du conseil d'administration de la Nouvelle conserverie de Rouiba.Des contrefacteurs utilisent de plus en plus des colorants et des arômes non contrôlés, selon un autre producteur affilié à l'Apab.Ceci dit, les producteurs jettent la pierre aux pouvoirs publics : « Le travail de contrôle n'a pas été fait. Pourtant, la veille sur les produits alimentaires doit être permanente. C'est le rôle de l'Etat. Nous ne pouvons pas faire cela », soutient M. Othmani. La multiplication des pratiques frauduleuses trouve son origine, selon le patron de l'Apab, dans l'existence d'un vide juridique relatif à la dénomination des produits de la filière des jus. M. Othmani pointe du doigt le ministère du Commerce.Un texte, censé réguler cette problématique, traîne dans les tiroirs depuis 10 ans, selon lui. Il précise encore que la liste des produits alimentaires confectionnés dans le respect des normes n'est pas encore établie. Interrogé sur l'ampleur du marché de l'informel dans la filière de boissons. M. Hamani se dit dans l'incapacité de fournir des statistiques.La bataille des chiffresCependant, la bataille des chiffres entre le Centre national du registre du commerce et l'Apab laisse présager de l'ampleur du phénomène. Alors que le premier avance le chiffre de 1600 producteurs de boissons inscrits sur ses listes, le second parle de 700 qui activent réellement sur le terrain. Le reste étant versé dans la sphère informelle et l'activité saisonnière. Une autre étude, réalisée par le programme Euro-développement PME (EDPME) en coordination avec l'APAB avance plutôt 400 véritables producteurs. En avril 2009, M. Hamani avait estimé le taux du marché informel à 10%. Pour contrecarrer ces pratiques délictuelles, l'Apab, en collaboration avec l'Institut algérien de normalisation (IANOR) et l'allemand GTZ, compte soumettre en septembre prochain un projet de labellisation des boissons aux ministères de l'Industrie et du Commerce. Le projet a pour but de moraliser la filière de boissons.« La labellisation va écarter définitivement les producteurs de produits douteux », espère M. Hamani. Par ailleurs, l'Apab a lancé hier une campagne d'information et de sensibilisation à la qualité des boissons à l'adresse des consommateurs sur les supports médiatiques.Cette action s'étalera sur trois semaines. Créée en automne 2003, l'Apab regroupe une trentaine de producteurs adhérents détenant 85% du marché. Le chiffre d'affaires de cette organisation professionnelle était de 45 milliards de dinars en 2008, pour une production de 20 millions d'hectolitres, et enregistre un taux de croissance moyen de 10% par an, selon l'Apab.


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