Algérie

Préoccupation première : «vendre» le FJD


Photo : S. Zoheir
De notre correspondant à Constantine
A.Lemili

Le drame de Abdallah Djaballah est un peu comme celui de Sisyphe dans la mythologie grecque. Une fois que la formation politique, à la tête de laquelle il se trouve, assure son ancrage dans la société surgissent des évènements exogènes, plutôt orchestrés, qui viennent l'affaiblir et littéralement, en ce qui le concerne, le disqualifier par des procédés très peu orthodoxes, il serait honnête de le souligner.
En milieu d'après-midi de vendredi dernier, à la salle Benbadis de Constantine, il ne pouvait donc que paraître normal qu'il fasse dans la plaidoirie pro domo s'appesantissant nécessairement sur les déboires des partis politiques, dont il était le dirigeant charismatique précédemment, dans la mesure où ceux qui l'ont précédé à la tribune, à savoir L. Benkhalef, son éminence grise et un membre du bureau national, chargé de la condition féminine, s'étaient au préalable longuement étendus sur la dimension incomparable du chef et subséquemment de «ses» déboires. C'est donc en faisant dans le flash-back qu'il rappellera à l'assistance : «C'était en l'an 2000 que nous nous sommes rencontrés pour la dernière fois dans cette salle et le thème de notre rencontre consistait à consolider un front du refus contre la venue du chanteur juif natif de Constantine? Enrico Macias.» Le cheikh exultera en rappelant la reculade de ceux qui l'avaient invité à l'époque. Entamant ensuite son laïus sur sa traversée du désert et sur ceux qui n'ont eu cesse de l'accompagner, insistant sur leur très forte conviction à ne rien concéder, éviter compromis et compromissions avec le pouvoir et qui lui ont ainsi permis, à travers les formations politiques qu'il a dirigé, de revenir sur la scène politique, et d'en sortir à chaque fois grandi. Faisant dans l'interactivité, il prendra la salle à témoin à chaque fois qu'il décide d'en ausculter la fidélité. Quoi qu'il en soit, c'est beaucoup plus une prise de langue à nouveau avec une partie de la population qui lui est acquise et qu'il cherche à redynamiser, qu'à de la harangue politique habituelle qu'il s'est exercé, même si de temps à autre il s'autorisait des comparaisons à travers lesquelles il s'évertuait alors à démonter l'illégitimité des pouvoirs qui se sont succédés depuis l'Indépendance mettant en exergue la notion de justice, élément de l'enseigne du parti et, considérant, rejointe à l'unisson par le demi-millier de personnes présentes, la notion immatérielle d'une justice algérienne. il tiendra également à évoquer «un développement national qui n'existe pas » ou, si tant est que d'autres soutiennent le contraire, «aura peu de chance alors de perdurer une fois la manne pétrolière épuisée». Djaballah s'interroge à haute voix : «A quel développement pourra alors prétendre l'Algérie sans les hydrocarbures '»Le cheikh reste convaincu que seule la religion cimentera l'unité nationale, citant ainsi comme exemple «La Tunisie, l'Egypte, la Lybie et le Maroc » soulignant que «ces peuples ne sont en rien supérieurs aux Algériens». En conclusion, le discours de A. Djaballah était franchement empreint d'une grande suffisance à telle enseigne qu'on le donnerait pour grand vainqueur des prochaines élections législatives. La réalité pourrait toutefois être bien autre, et il faudra plus que deux mois d'existence pour le FJD pour arriver à la dimension de ce qu'ont été en leur temps Ennahda et El Islah.