Algérie

Prendre la lune avec ses dents !



Non, je ne parlerai pas de la canicule. Ni de ces jeunes qui se font ôter la vie en voulant faire trempette sur nos plages bondées. Ni de la hausse des climatiseurs et autres refroidisseurs à eau... à deux balles. Non, encore moins de tous ceux qui nous dessinent, comme un destin effroyable, une fin du monde proche, alors que nous ne savons pas vraiment quel monde voulons-nous. Non, je veux parler de moi, de mon pays : l'Algérie. L'Algérien aime parler, même à lui-même. Le dézédien passe au moins huit heures par jour (plus qu'il ne boulotte !) à parler au téléphone sans que personne ne trouve aucun mal à deviner sur quoi il pourrait bien «déblatérer», pendant tout ce temps qui ne veut pas mourir. Comme une seconde nature, l'Algérien a un besoin si irrépressible de parler qu'il est capable de dire tout, n'importe comment, à l'endroit, à l'envers, la bouche pleine, l'estomac vide, dans n'importe quelle langue, dans toutes les positions, avec tous les mots qui lui «transitent» par la tête. Il faut bien se convaincre que l'Algérien a une soif irrépressible de «se dire» à l'autre, de montrer sa langue fourchue à tous, son nez bien droit et ses pieds bien plats.Celui qui est présenté comme ayant le sang le plus chaud de tout le genre humain, il veut quitter la Terre pour se rendre sur la Lune, seul moyen pour lui d'exprimer son rejet total et violent d'une société qui le cloue au mur de toutes les incompréhensions.
A scroller sur leur téléphone, des Algériens des deux sexes, de tout âge et de toutes conditions, écrivent sur leur mal être, parfois avec des mots crus, voire à la limite des gros mots. L'époustouflant succès des «machins parlants» en Algérie s'expliquerait aussi par ce «cas particulier» à nous autres Algériens, celui d'actionner son portable partout et nulle part, dans la rue, sur le toit d'un moulin à vent, coincé dans un bus ou un taxi, sous la douche, au boulot, suspendu entre ciel et terre, juste pour demander qu'est-ce qu'il y a à becqueter à midi, le match de football programmé pour la soirée, le temps qu'il fera demain la veille ou même la date du prochain Muharram. «Allah Ghaleb», religion déclarée du peuple, est devenue l'incantation de tout Algérien comme incapable de faire face à ses trop nombreuses ornières...


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