Premiers symptômes de la «fièvre» du sacrifice

Dès que l'Aïd El-Fitr est consommé, on a quelques jours pour rééquilibrer nos budgets. On change nos manières de consommer, on économise sur les dépenses des repas. Heureusement que c'est la saison estivale et des salades suffisent à combler les creux. Dans les discussions, on commence timidement à évoquer l'Aïd El- Adha.Certains sont interpellés par l'existence de zribas de moutons que le voisin a installées dans le quartier. On parle même de la taille des béliers qui sont proposés à la vente. Le chef de famille est vite entrainé dans un engrenage, celui de l'acquisition d'un mouton. Dès qu'il accepte, ses enfants lui sautent au cou pour l'embrasser et le remercier. Du coup, il est pris au cou. Généralement, dans le langage usuel actuel, on désigne comme mouton ou plus tôt agneau la personne qui est hameçonnée à chaque fois par des escrocs ou des arnaqueurs. Surtout lorsque la même personne se fait arnaquer à chaque fois. Ainsi, comme le vrai mouton de Panurge qui, presque heureux, rentre en courant dans l'abattoir, le mouton sur deux pattes est heureux d'acheter le mouton à quatre pattes plus cher que l'an dernier et se dit qu'il a fait l'affaire. Cette année, juste après l'Aïd El-Fitr, de nouveaux maquignons se sont réveillés, qui ont récupéré les béliers non vendus l'an dernier pour les proposer une nouvelle fois à ceux qui n'ont pas pu les acquérir. Ces béliers sont plus charnus que l'an dernier et leur laine est deux fois plus fournie. Ils ont des cornes torsadées et apparemment fortes. Ils ne sont plus ceux de l'an dernier. Dans les quartiers populaires, derrière les bâtiments ou sur des espaces conquis, des «zribas» sont installées. Comme dans ce quartier sur les hauteurs d'Alger, l'aire de jeux communément désignée terrain matico ou matéco sert chaque année de bergerie à l'air libre, à la même personne. Les enfants de ce très haut bâtiment sont alors privés de jeux pendant les vacances, cédant leur aire aux moutons. Leurs parents, comme des moutons, préfèrent se taire. Ils n'ont pas d'autre choix. Parfois, c'est la compromission qui s'installe chez les parents. Ces derniers achètent un mouton en payement par facilité. La bête est gardé chez le vendeur de moutons jusqu'à la veille de l'Aïd. Le jour du sacrifice, c'est au tour du vrai mouton d'être sacrifié par le faux mouton. Au fait, qui est le mouton ' Bourse du mouton C'est un prix moyen presque identique à travers le territoire national que nous avons recueilli dans les principaux souks à bestiaux, du 1er au 4 août, pour nos lecteurs : l'Antenais 27 000/35 000 DA ; l'Antenaise 20 000/30 000 DA ; Les moutons du sacrifice coûtent entre 35 000 et 50 000 DA. Ceux de 50 000 DA sont rares