Algérie

Premières auditions des émeutiers d’Oran



La juge d’instruction près le tribunal d’Oran d’Es Seddikia a ordonné, tard dans la soirée d’avant-hier, la mise sous mandat de dépôt de 82 personnes, dont 16 mineurs, pour les chefs d’inculpation d’attroupement non armé et de détérioration de biens d’autrui, dans les émeutes qui ont secoué récemment la ville d’Oran. Ce sont en tout 200 personnes qui ont été auditionnées par le magistrat instructeur jusqu’à une heure tardive de la nuit. Concernant les 82 autres prévenus, le juge d’instruction a ordonné le contrôle judiciaire pour les uns et la liberté provisoire pour les autres personnes incriminées dans ces événements. Par ailleurs, 12 mineurs ont été remis à leurs parents.
Une vingtaine de prévenus seront prochainement traduits devant la chambre d’accusation du tribunal d’Oran qui devra statuer sur leur cas. Depuis lundi, début du déclenchement des émeutes à Oran, les services de sécurité avaient procédé à l’arrestation de plus de 300 personnes, dont 150 ont été relâchées avant la procédure de présentation de jeudi.
Entre-temps, 50 autres présumés émeutiers ont fait l’objet d’arrestation par les services de l’ordre. Selon des sources concordantes, les 20 mineurs écroués ont été placés dans un centre de rétention situé dans la cité résidentielle Djamel. Jeudi, aux environs de 21 heures, les familles qui avaient pris place tôt le matin devant le tribunal montraient des signes d’impatience. Les parents, les proches et parfois de simples voisins se sont massés aux abords du tribunal d’Es- Seddikia. Cette journée particulièrement chaude a été marquée par une forte présence des services de sécurité, notamment au niveau du siège du parquet qui a été interdit au stationnement.
Trois fourgons de police ont renforcé la sécurité aux alentours immédiats du tribunal. La résidence d’hôtes El- Bahia, située à proximité du tribunal, a été sécurisée par la présence de deux fourgons de police. Des parents de détenus rencontrés sur place avouaient leur incompréhension devant cette situation. Si pour la majorité d’entre eux, l’arrestation de leurs enfants obéissait à une logique judiciaire, d’autres, par contre, estiment que l’arrestation de leurs enfants s’est faite sur la base de simples présomptions.
Un père visiblement abattu expliquait à qui voulait l’entendre que son fils mineur était  juste sorti pour s’enquérir de la situation.
Certains parents qui préféraient garder le silence attendaient stoïquement les résultats de l’audition du juge d’instruction.
Oran, qui a doucement repris depuis jeudi ses allures de ville calme et attrayante, se relevait doucement de trois journées de folie dévastatrice. Au niveau des quartiers réputés chauds de la ville, les forces de sécurité ont pris position au niveau des accès d’entrée et de sortie.
Il s’agit essentiellement des quartiers de Derb, St-Pierre, Delmonte, St-Eugène, de la rue Mohamed-Khemisti et de celles adjacentes menant à la rue commerçante Larbi-Ben- M’hidi. Des quartiers excentrés comme Haï Zitoun, Sananès, El-Hamri, Médioni ou encore El-Barki, lieu de résidence du président du MCO, ont été quadrillés par une discrète mais importante présence policière. Le bilan non officiel des dégâts matériels fait état de 150 véhicules partiellement endommagés ou totalement calcinés, 20 mobiphones ont été arrachés ainsi que 20 abribus ont été entièrement détruits. La création de comités de vigilance dans ces quartiers serait à l’origine du retour au calme de la ville.
L’appel aux amis et supporters du MCO, lancé jeudi par des personnalités appartenant au monde du sport et de notables de la ville, a sans doute poussé les jeunes à modérer leur comportement.
Les événements qu’a connus la ville d’Oran n’étaient empreints d’aucune revendication politique ou contestation sociale, clairement établie.


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