Algérie

Première soirée du festival international Dimajazz : Karim Ziad' une prestation de maestro



C'est parti ! Le Festival international de jazz de Constantine a entamé sa 15e édition dans la soirée de mardi. Dimajazz, après une éclipse de deux ans, renoue avec son public, fidèle à l'événement depuis les débuts.Les inconditionnels des rythmes et percussions ont tenu à être là pour la première soirée. Pour rien au monde ils n'auraient raté le concert inaugural animé par l'inégalable Karim Ziad et son groupe.
Cet artiste, qui a accompagné Safy Boutella, Joe Zawinul et Cheb Mami, est un habitué du festival. Ravi d'être là lui aussi, il le fait savoir dès son entrée sur la scène du théâtre Mohamed Tahar Fergani, entouré de ses quatre musiciens : Michel Alibo (basse), David Aubaile (piano synthé), AcaoIrving (saxophone) et NenadGajin (guitare). 1, 2, 3? et le tempo est donné.
Les airs musicaux s'enchaînent et ne se ressemblent pas. Karim Ziad, batteur-percussionniste, a le secret de la mesure et il choisit d'ouvrir son concert justement avec Constantine, un titre composé par Youced Boukella pour l'album Maghreb & Friends de N'guyen Lê. «C'est un des plus grands virtuoses et pionniers métissant les rythmes maghrébins et la batterie moderne dans tous les styles (du hard rock de Khindjar en Algérie, à un jazz contemporain sophistiqué utilisant les mesures asymétriques», est-il décrit. «Je me sens à la maison», a-t-il lancé, en entamant le 4e morceau, Plateforme, un n'sraf que le pianiste David Aubaile lui a composé.
Le public ne peut qu'être ravi de cette présence, de cette communion musicale. Win Nsibak, Ifrikya, crient les plus jeunes, installés au balcon. Visiblement, ils connaissent le répertoire de l'artiste, né à Alger, il y a 52 ans et où il a fait ses premières armes. Ifrikya (Afrique) est au fait son premier album. Une création qui revisite l'héritage afro-maghrébin dans un dialogue aux couleurs du jazz. L'interprétation sur scène laissait libérer des sonorités, portées par intermittence entre lui et le guitariste Menad Gagin.
Une dualité dans l'harmonie et la cadence. L'ambiance s'enflamme à chaque note. L'enthousiasme se propage dans les rangs, des places d'orchestre aux loges. Un souffle exaltant balaye le théâtre. Nul doute, c'est la fête ! Le come-back de Dimajazz est fort applaudi.
Un retour gagnant marqué du sceau de la résistance, celle opposée «aux turbulences traversées par l'ensemble des festivals d'Algérie, au moment où l'ancien modèle de festivals devenu obsolète, tarde à céder la place à un nouveau modèle basé sur le professionnalisme et la rentabilité économique et culturelle, au service du développement local», insistent les organisateurs. En première partie de soirée, Fayçal Belattar a accaparé ce temple du 4e art.
Ce conteur constantinois, primé mondialement pour ses œuvres, s'est emparé de l'espace, du temps et de l'esprit de l'assistance. Avec son complice, Labib Benslama, guitariste et compositeur, il sème la parole sur un air de sansula et un jeu de lumière éblouissant. Un moment sublime. Une performance.
L'édition 2018 de Dimajazz rendra hommage au parrain de l'édition 2004, Djamel Allam, et au défunt Adel Merrouche, membre fondateur du festival, disparu en 2007. Sur scène, Karim Ziad aura aussi une pensée pour celui qui «est mort pour la cause». Sa prestation qui a duré une heure et demie se termine comme elle a débuté.
En apothéose. En duo avec Kaoutar, une jeune chanteuse algéroise, il interprète deux de ses tubes, Alouahide (Unique) et Ya Rijal (Les hommes), en parfaite symbiose avec le public. Rappel. Il s'incline. Et une dernière pour la route Chabiba, reprise en ch'ur. Incontestablement, mardi soir, Constantine était The place to be.


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