Les premiers jours et soirées de ce Ramadhan 2022 ne semblent pas avoir atteint le rythme connu pendant les années avant Covid-19. Une certaine morosité est palpable pendant les journées avec un ralentissement flagrant des activités commerciales et du volume de déplacement des citoyens. Les marchés sont presque déserts hormis quelques ménagères qui y font une incursion rapide et ciblée. Pour Yacine, vendeur de fruits et légumes : «Cette situation est due aux prix élevés de certains produits qui sont devenus inaccessibles à une grande partie des foyers. Les rares acheteurs ne prennent que le strict nécessaire pour un repas ou au maximum deux. Ces derniers espèrent chaque jour une accalmie et ainsi faire quelques économies. Ils évitent carrément de mettre la main sur les fruits cette année à contrario des années écoulées». Même son de cloche au niveau des boucheries de viandes rouges ou blanches.«Avec des pics de 2.000 dinars pour l'agneau et 1.800 pour le veau, je ne vends que quelques kilogrammes par jour», dira Hocine, un jeune boucher de père en fils, et d'ajouter : «De mémoire, je n'ai jamais vu un ralentissement pareil pendant le mois sacré». Du côté de la volaille, ce n'est pas la gaieté. Les familles qui achetaient des poulets entiers ne prennent actuellement que des parts en détail. Cette situation est quasi la même dans les commerces d'alimentation générale ou aux boulangeries. Les habitudes commerciales des ménages ont considérablement changé à cause de la baisse du pouvoir d'achat. Les gens n'achètent presque plus de limonades de marques connues ou des produits laitiers comme les yaourts ou le camembert. Pour Samir, un boulanger pâtissier dont l'enseigne est connue à Oran, «cette année, ma recette a chuté drastiquement. On ne vend que du pain et peu de gâteaux occidentaux ou orientaux». Pour Nassim, receveur de bus sur la ligne H, «le bus fait sa tournée depuis le début du mois à moitié vide; on est obligé de faire des attentes de plus de 10 minutes à la station El-Bahia pour tenter de rentabiliser nos rotations, alors qu'avant, il y avait plus de voyageurs».
Les soirées ne sont pas en reste alors que tous les espoirs y étaient portés. Une fois la prière des tarawihs terminée, c'est le désert dans beaucoup de quartiers à Oran. Les gens se pressent de rentrer chez eux. Abdelhak, gérant d'un café à Maraval, qui comptait énormément sur ces soirées est déçu. « Cette année encore, c'est le calme plat. Je ne suis pas encore arrivé à faire 2.000 dinars de recette. Je n'en peux plus, je suis au bord de la faillite, car je ne m'en sors plus ». Pour beaucoup, cette situation serait due essentiellement à une météo capricieuse ces derniers jours avec un froid glaçant et des rafales de vents qui dissuadent plus d'un de mettre le nez dehors que pour une nécessité absolue. Mais pour d'autres comme Amine : « Je ne sors plus le soir pour éviter de dépenser. Vu la cherté qui règne en maître et mon salaire qui est resté figé depuis plusieurs années, je préfère rester chez moi regarder la télévision car si je sors, ce sont des cafés ou gâteaux à payer pour des amis et croyez-moi ça chiffre, au moins 500 dinars par soir. Je préfère les économiser pour mes enfants ». Pour rappel, la direction du commerce et de la promotion des exportations avait lancé un appel aux commerçants de la ville pour la prolongation des heures d'ouverture durant le mois sacré du Ramadhan. Cette ouverture interviendrait une fois la rupture du jeûne entamée jusqu'à minuit.
Une période qui permet aux Oranais de renouer avec la vie nocturne, surtout que la première décade du mois sacré coïncide avec les vacances du printemps. Il intervient également pour donner un coup de pouce aux commerces qui connaissent des moments difficiles après deux années de vaches maigres dues à la pandémie de coronavirus, qui ont impacté le pouvoir d'achat et aussi les flux financiers et commerciaux par le manque de circulation des personnes.
Toutefois, l'appel n'a pas eu l'écho souhaité. Lors d'une virée effectuée la soirée du mardi au niveau de quelques grandes artères, on a constaté que nombreux sont les commerçants qui continuent de fermer très tôt ou n'ouvrent pas le soir, chose qui n'est guère digne de la capitale de l'Ouest. Le développement du tourisme ne peut, en aucun cas, découler de la fermeture de bonne heure des commerces. On parle d'absence de vie nocturne à Oran. Selon un vendeur de vêtements, c'est une question de volonté.
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Posté Le : 07/04/2022
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : J Boukraa
Source : www.lequotidien-oran.com