Le travail informel prive ses acteurs de leurs droits élémentaires, notamment un revenu sûr et une couverture sociale rassurante en cas de maladie ou d'invalidité. En dépit des avantages de l'économie formelle, certains secteurs, notamment en Algérie, font toujours appel à des travailleurs dans un cadre informel.En termes de chiffres, l'Organisation internationale du travail (OIT) a indiqué dans ses rapports que 42% à 67% des travailleurs des pays du voisinage méridional travaillent dans l'économie informelle. Pour inverser la donne, l'Organisation mondiale du travail et l'Union européenne ont ainsi lancé le projet Solifem, qui soutient la transition de l'économie informelle à l'économie formelle, par le biais d'un dialogue social tripartite dans les pays du monde arabe. En ciblant particulièrement l'Algérie, l'Egypte, le Liban et la Palestine.
Le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, Youcef Cherfa, a affirmé, hier, en marge de l'ouverture des travaux, de la première réunion régionale du projet Solifem, à l'Hôtel El Djazair à Alger, que ce programme qui s'étale sur trois ans est d'une importance avérée. Par le fait qu'il donne une chance aux femmes et aux jeunes exerçant dans la sphère de l'informel d'acquérir des compétences et des qualifications leur facilitant une intégration dans l'économie formelle. Le ministre a également souligné que le projet Solifem prévoit, entre autres, une assistance technique afin d'aider les politiques nationales à réduire le taux de chômage et à créer une dynamique sur le marché de l'emploi formel. Et d'affirmer que le projet compte soutenir les PME/PMI et améliorer leur compétitivité. M.Daniel Cork, directeur chargé du programme Solifem, a affirmé que les initiateurs du projet en collaboration avec les responsables du ministre du Travail ont ciblé quatre secteurs pilotes en Algérie. Les secteurs qui emploient le plus de travailleurs de l'informel. A savoir, les secteurs de l'agroalimentaire, l'agriculture, le commerce et le bâtiment-matériaux de construction. Selon lui, il faut passer par un diagnostic afin de concevoir des mécanismes et des orientations aidant l'Algérie et les pays concernés par ce programme. Dans le but de concevoir une stratégie cohérente et intégrée, facilitant le passage graduel de l'économie informelle à l'économie formelle. Et ce, insiste-t-il, selon la spécificité de chaque pays.
Le but étant de revoir la législation et d'engager un dialogue ouvert avec les travailleurs de l'informel et les entrepreneurs qui trouvent des difficultés pour passer à l'économie formelle. Donc, il sera question de diagnostiquer ce phénomène, pour ensuite engager un dialogue social tripartie en Algérie et dans les pays concernés par ce programme.
Boudiaf Mohamed Cherif, directeur chargé du projet Solifem au ministère du Travail, a affirmé pour sa part que cette réunion régionale est le début d'un processus pour arriver à tracer une feuille de route. Il dira, en outre, que la question du travail informel est une question transversale qui concerne plusieurs secteurs. Il faut, ajoute-t-il, d'abord poser un diagnostic. « Nous avons fait appel au Centre de recherche en économie appliquée pour le développement (CREAD) pour la réalisation d'une étude sur les économies formelle et informelle, et on laissera les conclusions aux chercheurs », précise l'intervenant. Pour passer ensuite, dit-il, à l'organisation de réunions du comité chargé de piloter le projet, afin d'établir des feuilles de route pour chaque secteur selon ses spécificités, tout en associant le partenaire social dans la démarche. M. Cork dira que ces études sont financées dans leur grande partie par l'Union européenne avec une participation de 10% de la part de l'Organisation mondiale du travail.
Le secrétaire général de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), Salim Labatcha, a mis l'accent sur la nécessité d'assurer aux travailleurs une couverture et une sécurité sociale au lieu d'un salaire faramineux sans déclaration. Car la personne ou le travailleur n'est pas à l'abri d'un accident de travail, ou de tomber malade. Il dira également que l'employé doit penser également à sa retraite. Le projet Solifem, précise le SG de l'UGTA, est d'une grande importance puisqu'il permettra d'abord de mettre le doigt sur les véritables raisons favorisant l'économie informelle, à travers un diagnostic exhaustif. Et sur la base du diagnostic, les différents intervenants mettront en place une stratégie qui drainera le travail de l'informel vers l'économie formelle. Pas seulement, dit-il, à travers les mesures coercitives, mais surtout à travers des mesures incitatives.
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Posté Le : 29/11/2022
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : M Aziza
Source : www.lequotidien-oran.com