Algérie

Première phase du plan de partition



La proclamation unilatérale de l'autonomie gouvernementale en Cyrénaïque, annoncée mardi depuis Benghazi par un conseil de 3000 chefs locaux de cette partie est de la Libye où se trouvent 70% des réserves pétrolières du pays n'est que la première phase du plan de partition définitive de la Libye imaginé à Paris et à Londres.La dissidence locale dans le bastion de la rébellion contre le régime déchu du colonel Kadhafi a invoqué des arguments en partie fondés pour justifier la option post-indépendance de sa région. Entre autres, l'instabilité politique qui règne sur l'ensemble du territoire libyen depuis la prise de Tripoli par les insurgés, mais aussi la marginalisation de leur région comme sous les 42 ans de l'ère de Kadhafi.
Les rapports des nombreuses organisations humanitaires internationales représentées sur place abondent dans le même sens. La torture en Libye s'est généralisée sur fond de règlements de comptes ainsi que des luttes des clans pour un pouvoir sans partage. Un bras de fer qui s'est vite traduit par une grave dérive humanitaire, d'ailleurs prévisible dès le départ, du fait des abus des ex-combattants dont le comportement a fini par assombrir l'image de la révolution libyenne.
La crise libyenne est en réalité la conséquence directe de l'absence de toute institution d'Etat, comme en Tunisie et en Egypte, dans le pays des ourouchs. Les ex-combattants de Misrata admettent ouvertement agir «comme police et armée pour rétablir l'ordre» à leur manière. Ce sont là des indices plus que suffisants prouvant que la Libye est bien entrée dans une situation de non-gouvernance. Feu Kadhafi avait averti que le système traditionnel de la Jamahiriya ne repose sur aucune institution moderne et que lui-même n'était pas le chef d'un Etat qui n'existait pas.
Le recours à cet acte de dissidence aura surpris en apparence les pays de la coalition militaire occidentale qui ont conduit la guerre en Libye et qui, à présent, s'inquiètent des conséquences de ce qu'ils qualifient d'«actes de dérive» régionaliste. Pourtant, leur griffe est assez apparente dans le plan de partition qui se met en place depuis Benghazi et qui sera élargi à l'autre moitié du pays, la Tripolitaine, région moins riche en hydrocarbures.
La nouvelle situation de la Libye rappelle parfaitement le cas de l'Irak où la région pétrolière de Kirkuk s'est accaparée de cette richesse commune à tout le pays, avec les complicités occidentales. Le gouvernement intérimaire de Tripoli a de bonnes raisons d'invoquer le «complot extérieur contre l'unité nationale», même s'il ne pose aucun nom sur le visage de cet ennemi encore invisible mais que tout le monde connaît.
La partition
de la Libye était, en fait, déjà finalisée bien avant que le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, n'aille à l'ONU plaider et obtenir le feu vert du Conseil de sécurité pour l'invasion de la Libye. Tout le monde se rend aujourd'hui à l'évidence que la France et le Royaume-Uni, la tête du peloton, avaient tracé ce plan de partition de la Libye en Tripolitaine et Cyrénaïque (le futur Etat pétrolier) avec pour capitale Benghazi là où flottait le drapeau français, avant même le début des opérations militaires.


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