Skikda - Bekkouche Lakhdar

Première exploitation d'arboriculture de montagne en Algérie: Quand Bekkouche Lakhdar rêve de grandeur



Première exploitation d'arboriculture de montagne en Algérie:  Quand Bekkouche Lakhdar rêve de grandeur




Un mont de maquis, de roches et de broussaille, a été transformé en eldorado d’arbres fruitiers, et ce grâce aux efforts de deux hommes ; comme quoi, le seul miracle demeure le travail.

Un grand défi! Un véritable exploit!» Tels sont les qualificatifs qui seyent le mieux lorsqu’on s’enfonce dans les 62 ha qui forment l’exploitation d’arboriculture s’étalant à perte de vue à Chaâb El Gatt, sur les hauteurs de Bekkouche Lakhdar, au sud-est de Skikda. En arpentant l’interminable piste en pente qui mène aux lieux, on est vite attiré par le spectacle désolant d’une décharge sauvage qui longe la route et surtout par des centaines d’oliviers que l’Etat a plantés et que les agriculteurs ont délaissés pour être carrément absorbés par la broussaille et les mauvaises herbes.

Un gâchis qui témoigne encore que n’est pas agriculteur qui veut. Cette désolation s’éclipse vite à la vue de l’exploitation. Point de broussaille. Des parcelles, en damier, lézardent une terre fraîchement arrosée et un groupe d’agriculteurs vaque à ses occupations quotidiennes. L’air frais de Bekkouche Lakhdar qu’on aperçoit au loin, emplit les lieux. Cette exploitation est la première du genre en Algérie, selon les responsables de l’institut technologique de l’arboriculture fruitière (Itaf). Sa spécificité n’est pas seulement en relation avec la diversification de ses cultures, mais surtout par rapport à l’effort consenti par les frères Boukraïne qui ont converti tout un mont de maquis, de roches et de broussaille en un véritable eldorado. «Nous avons entamé les plantations en 2010 après avoir engagé d’énormes efforts et de grands travaux pour défricher cet espace montagneux.

Il nous était certes plus facile d’investir sur des terres plus plates mais nous voulions aussi relever le défi et prouver que l’Algérien reste en mesure d’innover et de réussir quand il trouve l’aide et l’appui nécessaires», reconnaît, non sans fierté, Samir Boukraïne, véritable cheville ouvrière du projet. Financée à part entière sur fonds propre, l’exploitation dispose aussi d’une totale autonomie. «Tout ce que vous voyez est réalisé par nos propres fonds, néanmoins nous reconnaissons l’appui considérable que nous ont apporté la Chambre agricole, la direction des services agricoles et celle des forets », reconnaît M Boukraïne. Pour garantir l’autonomie en eau afin d’éviter d’empiéter sur les besoins des autres agriculteurs de la région, les initiateurs de l’exploitation ont réalisé trois retenues collinaires d’une capacité globale de 230.000 m3, ce qui permet d’assurer une irrigation au goutte-à-goutte de toute l’exploitation. Pour accompagner ces efforts, cette dernière a été dotée de 5 km de piste, d’un réseau de drainage des eaux pluviales, de 15.000 brise-vent ainsi que d’un réseau de goutte-à-goutte. «Les agrumes occupent une grande partie de l’exploitation, mais nous avons aussi planté des pommiers, des pêchers, des grenadiers, des oliviers et même des cerisiers. Des essais ont également été entrepris avec la plantation des pieds de vigne (raisin de table)».

Cette diversification est d’ailleurs en train de créer un nouveau biotope dont les répercussions ne tarderont pas à générer une symbiose naturelle. «L’exploitation dispose également de plusieurs dizaines de ruches, ce qui nous a emmenés à planter 300 eucalyptus pour parfaire notre approche», ajoute M Boukraïne. Sur le plan social, l’apport est tout aussi considérable dans une région connue pour son manque d’opportunités d’emploi. «L’exploitation emploie 22 travailleurs permanents et un ingénieur agronome», conclut notre interlocuteur. Les premières récoltes des arbres à noyaux et à pépins sont prévues pour cette année, en attendant le mûrissement des agrumes. Mais quel que soit le temps à attendre, il reste à reconnaître le mérite de toute une famille qui a apporté un plus non seulement à Skikda mais à tout un pays.


Une exploitation-pilote :

Selon Bourekouk Mourad, président de la Chambre agricole locale, l’exploitation d’arboriculture de Bekkouche a été retenue comme un modèle du genre en Algérie. «Un protocole sera bientôt signé entre l’exploitation et l’Itaf. Il portera sur la vulgarisation, ainsi que la formation des agriculteurs, notamment dans les activités de la conduite des vergers et de la taille », explique notre interlocuteur.

Il ajoutera qu’en plus de cet acquis qui conforte les efforts consentis dans le secteur, l’exploitation réservera une parcelle au profit de l’Itaf qui aura à l’utiliser pour des expériences relatives à l’arboriculture. Assimilant cet accord à une «reconnaissance des efforts apportés par les propriétaires de l’exploitation», le président de la Chambre agricole précisera que cette dernière sera proposée pour figurer dans le canevas protocolaire des visites qui auront à concerner la wilaya de Skikda.


Khider Ouahab



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