Les premiers enseignements de ce premier tour des législatives en France sont presque conformes aux sondages délivrés avant le 10 juin, donnant une victoire du PS sans pour autant que ce ne soit un raz-de-marée. Ainsi, et selon les résultats définitifs publiés par le ministère français de l'Intérieur, l'ensemble de la gauche (PS, EELV et Front de gauche) totalise pour le premier tour 46,77% des voix, contre 34,07% des voix pour la droite (UMP et alliés) et 13,6% pour le Front national. Un résultat qui conforte un peu plus les scores de la présidentielle. L'autre information du jour est l'abstention record des électeurs avec 57,23% de participation. Le Parti socialiste devra donc composer avec les courants de la gauche plurielle pour prétendre à une majorité absolue qui l'absoudra d'une cohabitation avec la droite, scénario appréhendé par la classe politique à gauche. Donc, avec plus de 46% des voix recueillies ce dimanche, François Hollande peut espérer une majorité absolue à l'issue du second tour le 17 juin. Selon les estimations, le PS pourrait, à lui seul, obtenir de 283 à 329 sièges à l'Assemblée alors que la majorité absolue se situe à 289 sièges. Si cette hypothèse se confirme, le président français pourrait bien se passer d'EELV et surtout du Front de gauche de Mélenchon pour mener indépendamment son programme.
Pour l'UMP, rien n'est joué tablant sur une plus grande mobilisation de ces troupes, lors du deuxième tour. Reste maintenant à savoir la position de Jean-François Copé concernant les directives à donner en cas de triangulaire et aux éventuels duels Front national-gauche. Le FN s'est qualifié au second tour dans 61 circonscriptions sur 577, dont 32 en triangulaire et 29 dans le cadre de duels. Un bureau politique extraordinaire du parti s'est tenu, hier après-midi, à Paris pour en discuter. Le principe du «ni, ni» - ni Front national, ni front républicain avec la gauche - devrait principalement l'emporter. En cas de triangulaire pour le second tour, le parti a annoncé que ses candidats devraient se maintenir partout où ils sont qualifiés.
«Il n'y aura pas d'alliance avec le Front national du point de vue électoral», a déclaré le secrétaire général de l'UMP. Pourtant, et malgré cette position officielle, la tentation est grande chez nombre de ténors, dont des anciens ministres sous Fillon. «Le père n'est pas la fille et le temps a passé», a affirmé Gérard Longuet alors que l'ancienne ministre, Nadine Morano, candidate UMP dans la 5e circonscription de Meurthe-et-Moselle, arrivée en seconde position (34,33%) derrière le PS (39,29%), espère récupérer les électeurs du FN. Elle les a en effet appelés dimanche à se retrouver sur sa candidature au second tour des élections législatives. Sur le plan local, la tentation d'une alliance avec le FN existe bel et bien. Selon de récents sondages, quelque 60% des sympathisants UMP seraient favorables à une alliance avec le FN. Pour sa part, la sénatrice UMP Chantal Jouanno a déjà prévenu qu'elle se battrait pour la mise en place «d'un barrage absolu» au FN au second tour des législatives. Cette discordance dans les voix pourrait faire le jeu du Front national et précipiter l'unité de la famille UMP déjà sérieusement remise en cause après la défaite de Nicolas Sarkozy, le 6 mai dernier. L'ex-candidate FN à l'Elysée entend contribuer à l'éclatement de l'UMP en contraignant des députés appartenant à son aile droite à s'allier avec elle pour sauver leur siège, dimanche 17 juin. Elle espère aussi que les électeurs de l'UMP voteront massivement pour le candidat FN dans les circonscriptions où il y aura un duel avec le PS. Le Front national, avec 13% des suffrages, triple son score de 2007 et trois d'entre eux sont d'ailleurs bien partis pour l'emporter. C'est le cas de Marine Le Pen à Hénin-Beaumont, de sa nièce Marion Maréchal-Le Pen dans le Vaucluse ou de l'avocat Gilbert Collard dans le Gard. Le FN peut ainsi espérer décrocher trois sièges et marquer son grand retour à l'Assemblée, d'où il était absent depuis plus de vingt ans. Enfin, sa patronne pourrait décider, afin de faire perdre les socialistes, de soutenir au second tour des candidats UMP dans des circonscriptions où les siens n'ont pu se maintenir.
LES CADORS EN TETE
A gauche, le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a été très clair: tout ministre battu aux législatives devra quitter le gouvernement. Outre le chef du gouvernement lui-même, 24 ministres étaient en lice à ce premier tour des législatives. En Guadeloupe, Victorin Lurel (Outre-mer), a été élu dès le premier tour avec 67,23% des voix, tout comme Delphine Batho (déléguée à la Justice), 53,18%, Jean-Marc Ayrault avec 56,43%, Laurent Fabius (Affaires étrangères), 52,81%, Bernard Cazeneuve (Affaires européennes), 55,39% et Frédéric Cuvillier (Transports et économie maritime), avec 57 ,47%. Parmi les ministres qui sont en ballotage favorable, on retrouve, entre autres, Pierre Moscovici (Finances) avec 40,81%, Stéphane Le Foll (Agriculture), 46,01%, Aurélie Filippetti (Culture), 43,51%, Manuel Valls (Intérieur) obtient 48,6%, Jérôme Cahuzac (Budget), 47%, Benoît Hamon (Economie sociale et solidaire), avec 47,01%. Quant aux menacés, il y a Kader Arif (Anciens combattants) avec 30,84% et Marie-Arlette Carlotti (Personnes handicapées) avec 34,43%. Parmi les ténors de la gauche plurielle en difficulté, Ségolène Royal à La Rochelle. Celle qui brigue le perchoir de l'Assemblée nationale se retrouve opposée à un candidat dissident PS qui pourrait bénéficier des voix de la droite. A Hénin-Beaumont, battu par Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon n'est arrivé que troisième avec un peu plus de 21%. Il préfère se désister au profit du candidat socialiste. Mais le grand perdant de ce premier tour est probablement François Bayrou. Dans sa circonscription des Pyrénées-Atlantique qu'il occupe depuis 1986, le président du MoDem se retrouve au c'ur d'une triangulaire qui risque fort de lui coûter son poste de député. Quant à Razzy Hammadi, il est arrivé largement en tête en réalisant 36,71%. A droite, la plupart des ténors de l'UMP sont également en tête dans leur circonscription. C'est le cas de Jean-François Copé, de Christian Jacob, de François Fillon ou de Xavier Bertrand. Mais pour certains, l'issue reste encore incertaine. Ainsi, pour sa première participation à une élection, l'ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, Henri Guaino risque d'être confronté à une triangulaire dans les Yvelines. Michèle Alliot-Marie, qui remettait en jeu son siège conquis en 1988, fait la course en tête (35,37%). En tête, également, Nathalie KosciusKo-Morizet (39,46%). Dans la 21ème circonscription du Nord, Jean-Louis Borloo rate la réélection dès le premier tour comme en 2007, mais fait figure de favori pour dimanche prochain. L'ancien ministre du Travail, Eric Woerth, malgré ses démêlés judiciaires, est aussi bien parti pour retrouver les bancs de l'Assemblée. Parachuté à Boulogne-Billancourt, Claude Guéant, l'ex-ministre de l'Intérieur, est en tête (30,41%), mais n'est pas encore débarrassé de son adversaire, dissident UMP, bien implanté, qui arrive second (26,89%). Ils retrouveront la candidate socialiste (22,14%) dans une triangulaire. La sensation est venue de Rama Yade qui n'est même pas parvenue à se qualifier pour le second tour. François Fillon rate de peu son élection dès le premier tour, avec 48,62%. Quant au FN, la question est de savoir le nombre de députés qu'il enverra au Palais Bourbon' Pour Marine Le Pen, partant de zéro, «un élu serait déjà une victoire».
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Posté Le : 12/06/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Moncef Wafi
Source : www.lequotidien-oran.com