Algérie

Premier client de l'Algérie, l'Espagne rattrapée par les scandales de corruption



Premier client de l'Algérie, l'Espagne rattrapée par les scandales de corruption
Selon le quotidien espagnol El Mundo, deux dignitaires espagnols auraient empoché une «redevance mensuelle» de 15 000 euros et quelque 737 000 euros de commissions.Miraculeusement épargné jusque-là, le royaume d'Espagne, premier client de l'Algérie (plus de 15 milliards d'euros de volume d'échange), fait son entrée bruyante dans le club pléthorique des pays dont les sociétés paient des commissions et des rétro-commissions pour s'adjuger des marchés publics en Algérie. C'est El Mundo, le grand quotidien espagnol qui l'a révélé dans sa livraison de jeudi dernier. Le journal espagnol a ainsi levé un pan de voile sur les pratiques de certaines sociétés ibériques investies surtout dans le secteur de l'énergie, des ressources en eau, des transports, etc.Véritable coup de tonnerre dans le ciel de l'establishment politique espagnol, le scandale, le premier du genre a être porté sur la place publique, met aux prises, en plus des responsables algériens ? et leurs familles ? de l'Algérienne des eaux (établissement public à caractère industriel et commercial), l'un des groupes d'entreprises espagnoles les plus importants et de référence dans les secteurs des infrastructures, des énergies renouvelables et des nouvelles technologies, Elecnor en l'occurrence, 1,7 milliard d'euros de chiffre d'affaires en 2014.Les protagonistes de ce scandale, qui réunit des dirigeants politiques espagnols en les personnes de Gustavo de Aristegui, ambassadeur d'Espagne en Inde depuis avril 2012 ? et anciennement ambassadeur en Algérie ?, et Pedro Gomez de la Serna, député du Parti populaire espagnol, le n°2 du parti de droite espagnol au pouvoir, sont soupçonnés de trafic d'influence, d'évasion fiscale et d'avoir touché plusieurs millions d'euros de commissions via leur société Voltar Lassen.Dans son enquête étayée par des documents mis en ligne, la radio Cadena SR (groupe radiophonique espagnol) révèle que les cabinets conseil Scardovi (propriété de Pedro Gomez de la Serna) et Karistia (propriété de Gustavo de Aristegui) ? entreprises de lobbying espagnoles agissant sous le label international Voltar Lassen ? ont facturé, entre 2011 et 2014, à une vingtaine de sociétés, dont Elecnor, des services visant à obtenir des contrats de travaux publics à l'étranger. Ces sociétés payaient une redevance mensuelle fixe et une commission comprise entre 1% et 5% pour chaque marché passé.Il en est ainsi des deux contrats attribués à Elecnor en Algérie : la construction d'un système de canalisation d'eau en 2009 pour 250 millions d'euros (dit travaux aval de la station de dessalement d'eau de mer de Souk Tleta à Tlemcen sur un linaire de 157 km) et le contrat de réalisation du tramway de Ouargla signé en 2013 pour un montant de 230 millions euros. Les documents publiés font état d'une commission de 1% pour le contrat du système de pipeline et une facture d'un montant de 737 000 euros. Pour le tramway, figure une facture pour le paiement d'un montant de 92 000 euros.Dans le dossier de mise en accusation établi par le procureur des services anticorruption de la division Fiscalía Anticorrupción, figurent deux courriers remis par un ancien associé de Volar Lassen. Ces courriers étaient adressés par Critobal Tomé, l'agent basé à Alger de la firme Voltar Lassen, au député PP. Ces correspondances ont permis à la Fiscalía Anticorrupción de découvrir le modus operandi, les montants et voies de paiement des commissions.Dans ces lettres (datant de 2012), l'intermédiaire espagnol reconnaissait avoir soudoyé des proches de dirigeants de l'ADE, d'avoir versé, par l'intermédiaire de Wertern Union, en France, des commissions et réclamait au député une intervention auprès de Elecnor pour lui reverser la somme de 570 000 euros avancés par ses soins pour sécuriser lesdits contrats. Selon El Mundo, pour les projets précités, les deux dignitaires espagnols auraient empoché une «redevance mensuelle» de 15 000 euros et quelque 737 000 euros de commissions.Selon radio Cadena SER, le représentant de la multinationale espagnole Elecnor a reconnu dans sa déclaration la relation contractuelle avec Voltar Lassen et avec les dirigeants du PP et d'avoir payé les services de leur cabinet suite à la conclusion des deux contrats remportés en Algérie. Le représentant d'Elecnor a ajouté que le «contact était coutumier» avec Gomez de la Serna qualifié d'être «l'un des partenaires du projet» et «un de ses porteurs». Citant par ailleurs des dirigeants du PP, la radio espagnole rapporte que l'activité des lobbys de type Volar Lassens était «autorisée» par le Parlement et que «tous les revenus étaient déclarés et imposés par le Trésor espagnol».




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