Prémices d'une alternative

Prônée par un pouvoir qui veut l'inscrire dans la future Constitution en tant que «constante nationale», pour des desseins inavouables, la réconciliation est en train de prendre corps au sein de l'opposition politique. La conférence pour la transition démocratique prévue aujourd'hui à Alger a déjà atteint son premier objectif : le dialogue est possible entre des acteurs politiques qui ont suivi jusqu'ici des trajectoires parallèles, parfois opposées, ayant souvent partagé les aspirations mais jamais la démarche.L'initiative de la CNLTD est un vrai motif d'espoir pour la population en attente d'un changement politique dans le pays, au moment où le pouvoir en place renvoie l'image désespérante de la déliquescence, accompagnée d'une razzia sur les richesses nationales. La dernière élection présidentielle a plombé le moral des Algériens, y compris ceux qui ont apporté leur voix pour le 4e mandat. Pire que le statu quo, il y a risque de chute dans le vide, dans un monde où même les pays dirigés par des équipes entreprenantes ont du mal à maintenir à flot leurs systèmes économiques et à défendre les intérêts de leurs communautés.L'activité diplomatique des derniers jours, présentée comme une «preuve de vie» du régime, ne rassure pas la population qui soupçonne les parties étrangères d'accourir dans ce moment de crise nationale pour débloquer des dossiers à leur avantage exclusif. Les consultations menées par le chef de cabinet de la Présidence en vue de réviser la Constitution ne recueillent que l'indifférence de l'opinion publique, ce qui est le contraire d'un débat que commande une ?uvre politique aussi déterminante pour l'avenir du pays que la mise en place d'une nouvelle Loi fondamentale. L'action gouvernementale oscille entre l'improvisation et l'approximation, loin de susciter l'espoir d'une remise en état du pays, finissant de faire comprendre à la génération issue de l'école fondamentale qu'elle a eu tort de bien apprendre la langue arabe.On ignore dans quelle langue s'exprimeront les participants à la rencontre de la CNLTD aujourd'hui, mais il est clair qu'ils relaieront très exactement les préoccupations et les attentes des citoyens. Elles tiennent en quelques mots : rupture avec l'actuel système politique qui est passé au stade du règne oligarchique. Pour vaincre les dernières réticences, les organisateurs de la conférence pour la transition ont dû mener un travail de pédagogie en direction d'une autre génération politiquement «formatée» pendant la décennie de lutte contre l'extrémisme religieux, expliquant que toutes les obédiences s'inscrivant dans une activité pacifique peuvent et doivent s'inscrire dans la plateforme posant les bases d'un nouveau système politique. Il n'y a pas d'autre voie pour constituer une alternative à un pouvoir qui a entamé son règne en dénonçant l'interruption d'un processus électoral et le clôt en en imposant un autre.