Algérie

Prémices d'un dégel'


Place au dialogue
Il faut dire que le collectif autonome des médecins résidents algériens a placé très haut la barre des revendications. Est-ce par manque d'expérience ou était-il pris par sa dynamique qu'il n'arrivait plus à contenir et maîtriser'
Le bras de fer entre les médecins résidents et les tutelles dont ils dépendent, à savoir le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, le ministère de la Santé, de la population et de la Réforme hospitalière et de la Population, semble laisser la place à de sérieuses tractations et discussions autour de la plate-forme revendicative qui a vu le jour depuis plus de trois mois de sit-in, de grèves corroborées par une marche grandiose à Oran, après la riposte répressive qui s'est abattue sur eux lors d'une tentative de marche au CHU Mustapha Pacha. La dynamique des médecins résidents a été enclenchée sur fond d'une liste de revendications où certains points constituent jusqu'à maintenant un parterre méritant qu'on se penche pour le traiter avec attention et responsabilité. La question de la pédagogie et de l'encadrement ainsi que le volet socioprofessionnel, sont des points relevant d'une réalité têtue à laquelle personne ne pourrait tourner le dos. Mais la question du service civil est une question qui a été mal conçue, voire abordée par ces futurs spécialistes de la santé publique. Pour ainsi dire, les animateurs du Camra manquaient d'expérience sur certains sujets qui font de la santé publique sa raison d'être, à savoir le service civil et la notion de la solidarité nationale comme dimension inaliénable constituant la matrice de la politique sanitaire de l'Etat algérien. Les médecins résidents ont fait du service civil un «dogme» en matière de revendications pour son abrogation. Ils considéraient que discuter et dialoguer avec les pouvoirs publics, c'était d'abord faire de l'abolition du service civil une condition sine qua non, pour mettre un terme à la grève qui a commencé de façon cyclique et qui s'est transformée en une grève illimitée. Il faut dire que le Collectif autonome des médecins résidents algériens a placé très haut la barre des revendications. Est-ce par manque d'expérience ou était-il pris par sa dynamique qu'il n'arrivait plus à contenir et maîtriser' Les médecins résidents qui agissent sous la bannière du Camra ont maintes fois exprimé le fait que leur structure «est dépourvue de démarche animée par des visées politiciennes et partisanes», donc, le manque d'expérience pourrait se justifier comme étant l'élément d'une démarche qui a mis pêle-mêle toutes les revendications dans le même panier sans lien, et sur les patients et sur le devenir de la santé publique. Les médecins résidents viennent de changer de discours, ce qui est bien en soi, ils soulèvent la problématique liée à l'affectation au service civil qui «devrait être tributaire de la disponibilité des moyens nécessaires», c'est déjà une avancée perceptible par rapport au niet et au refus catégorique qu'ils faisaient brandir avant au tout début de leur débrayage. Alors qu'au commencement et dans la phase de balbutiement de ce mouvement des médecins résidents, il n'était pas question du tout d'entendre un autre refrain à part celui de «l'abrogation du service civil». Cette évolution qui marque la dynamique mobilisatrice et revendicative des médecins résidents et du Camra est vue comme un signe annonciateur d'un dégel entre les tutelles concernées par ce conflit et les médecins résidents. La réunion qui s'est tenue jeudi, dans le cadre du comité intersectoriel regroupant les ministères de la Santé, de l'Intérieur, du Travail, de l'Enseignement supérieur, des Finances, ainsi que la Fonction publique est un exemple concret d'une ébauche vers la résolution des questions pendantes telles que les défaillances sur le plan pédagogique et celles qui affectent le volet de l'encadrement qui est caractérisé par un déphasage manifeste. Il faut signaler aussi que les pouvoirs publics viennent de mettre en place un mécanisme exhaustif comme étant le signe d'un vrai dialogue et aussi comme une forme concrète de prise en charge des revendications objectives et réalistes des médecins résidents. Quant au service civil, le professeur Bendib qui suit bien ce dossier et qui est proche de la problématique soulevée par les médecins résidents, voit que la solution doit être conçue dans le cadre d'une réforme progressive et modulée, en tenant compte des spécificités des zones telles qu'elles sont énumérées dans la carte sanitaire nationale. Dans ce sens, le professeur Bendib précise que la «réforme progressive» se fera «par étapes», à travers des «mesures incitatives et attractives permettant d'encourager les médecins résidents à accomplir ce service, notamment dans les régions éloignées du pays», a-t-il expliqué. Une chose est sûre, les grèves illimitées n'aboutiront pas à des solutions négociables, la preuve est saillante, quand on constate les dégâts causés par le Cnapeste qui a appelé les enseignants affiliés à ce syndicat à observer une grève illimitée, alors que ledit syndicat est soumis à respecter son engagement avec d'autres syndicats autonomes qui ont signé la Charte d'éthique de l'Education nationale. Le dialogue est adopté comme élément dorsal de la part de la ministre de l'Education nationale Nouria Benghebrit. Le recours à la grève illimitée de la part du Cnapeste ne fait que l'isoler y compris par ses collègues des autres syndicats appartenant au secteur de l'Education nationale. Le dégel qui se profile à l'horizon quant au dossier des médecins résidents et le dialogue entamé par les pouvoirs publics avec tous les syndicats, va permettre au front social de retrouver le chemin de l'apaisement et couper court avec les velléités de certains microcosmes politiques d'utiliser cette dynamique sociale comme un piédestal pour réaliser des dessins inavoués.
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