Les observateurs tiennent la prochaine visite du président de la République à l?Assemblée populaire nationale (APN) pour une grande première. Durant son premier quinquennat, Abdelaziz Bouteflika n?avait jamais franchi le seuil de l?APN et rien dans ses discours n?indiquait qu?il pouvait changer dans son parti pris d?ignorer l?institution élue. En faisant un pas, politiquement significatif vers l?APN, quelques mois après sa réélection, Abdelaziz Bouteflika a-t-il choisi de normaliser les relations entre la Présidence et l?instance législative ? Les analystes ont souvent voulu déceler dans l?ignorance où était tenue l?APN par le président de la République un conflit de légitimité. Abdelaziz Bouteflika avait ainsi pu affirmer publiquement qu?il ne voyait aucune logique dans le fait que son programme de gouvernement doive transiter par l?APN, alors qu?il avait déjà été validé par le scrutin présidentiel. En d?autres termes, Abdelaziz Bouteflika considérait que la légitimité qu?il tenait du peuple se suffisait à elle-même. C?est implicitement toute la construction institutionnelle induite par la Constitution qui pouvait faire double emploi au regard des prérogatives, voire des pouvoirs du Président. Quelle avancée peut-on dans ce sens attendre du système bicaméral s?il est lui-même factice, si les deux chambres du Parlement ne sont que des caisses de résonance qui amplifient le pouvoir lié à un régime présidentiel ? Car si le président de la République a longuement ignoré tout au long de son premier mandat l?APN, celle-ci en retour n?a rien entrepris pour mettre en difficulté l?Exécutif en charge du programme présidentiel qui est toujours passé comme une lettre à la poste dans l?hémicycle. Sénateurs ou députés, les élus de la nation n?ont jamais représenté le moindre embarras pour le président de la République, même si d?aucuns ont voulu faire croire à l?hypothèse de la dissolution de l?APN en cas de blocage. Or, il n?y eut à aucun moment, durant le premier quinquennat de Abdelaziz Bouteflika, la possibilité qu?un tel cas de figure se réalise. L?initiative, en fait, n?a jamais relevé de l?APN, mais du président de la République qui décide à quel moment l?APN redevient fréquentable. C?est de toute évidence ce qui va se produire avec cette première visite du président de la République à l?APN qui consacre sa prééminence dans la vie politique et l?articulation de la vie institutionnelle à cette prééminence.
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Posté Le : 25/10/2004
Posté par : sofiane
Ecrit par : Amine Lotfi
Source : www.elwatan.com