Algérie

Prédicateurs ou prestidigitateurs '



Prédicateurs ou prestidigitateurs '
Je ne suis ni un moraliste, ni un historien, ni un penseur contemporain, ni même quelqu'un qui s'est longuement penché sur une quelconque doctrine pour vouloir ensuite l'imposer aux autres. Je suis un simple citoyen du monde qui désire simplement participer humblement et modestement au débat d'aujourd'hui.Je suis certes musulman et je ne m'arrêterai pas d'aller profondément dans la direction de cette religion de compassion, afin de mieux la comprendre, tellement elle est si splendide et si convaincante. Les médias publics ont fait trop de bruit, ces dernières semaines, autour de la venue de certains prédicateurs pour des conférences à Montréal. Ce tamtam à la québécoise fait peur à tout le monde. Il a donné le vertige à beaucoup de résidants de notre paisible île. Comme si des extra-terrestres sont prêts à débarquer pour s'approprier nos biens, nos femmes, nos enfants, notre conscience et j'en passe. Toute la classe politique est sur le qui-vive et cherche les meilleurs voies et moyens pour leur refuser l'entrée à nos aéroports. Et voici encore une autre manière de faire de la publicité à ces malvenus ; c'est malheureusement vrai, car c'est la meilleure façon de leur préparer un grand auditoire, de leur permettre de vider nos porte-monnaies en contrepartie d'un classique islamique et islamiste coloré à leur façon; une vraie sonate du diable. C'est vrai que nous vivons, de nos jours, une grande vague d'islamophobie. Je dirai un tsunami médiatique international qui présente l'islam comme une menace de la modernité. L'islam ne cesse de faire l'objet de manipulations et de tentatives de désinformation afin de la dépouiller de son humanisme et de sa spiritualité, jusqu'à en faire un commerce honteux. Souvenons-nous de ce qu'affirmait David Yerushalmi (ce juif hassidique qui est l'instigateur de la campagne anti-charia aux Etats-Unis) : «L'essentiel consiste à faire du bruit, à créer la controverse et à ancrer dans l'esprit du citoyen ordinaire l'idée que l'islam est une menace.» Certains prêcheurs et conférenciers d'aujourd'hui sont de véritables docteurs «es malhonnêteté intellectuelle», qui par l'usage du «verbe» disent et écrivent ce qu'ils veulent, sans jamais être inquiétés. Profitant souvent de «sales enveloppes brunes», des subventions atteignant parfois le million de dollars, pour occuper avec un culot inouï l'espace médiatique, tout en brandissant «la morale» pour tenter de nous faire avaler leurs couleuvres quand ils traitent de sujets idéologiques sensibles, comme la religion, l'immigration etc. Ils érigent la culture de l'ignorance ; pourtant, l'islam fait l'éloge du savoir, de la différence et du mélange des civilisations. Cette «pseudo» élite intellectuelle a favorisé, de par son message erroné, l'action intégriste et extrémiste. Elle a servi de machine à alimenter les propagandistes de tous bords. Des fanatiques, profitant alors de cette anarchie intellectuelle, de cette «absence de vérité», la nature a horreur du vide, arrivent sans aucune difficulté à propager une autre contre-vérité, à leur façon, allant même, dans beaucoup de cas, jusqu'à l'interprétation de manière rigoriste des textes sacrés. Ces vautours humains, ces faussaires de la vérité, n'hésitent pas à placer leurs intérêts personnels ou politiques, avant toute autre considération. Ils pensent pouvoir berner longtemps les peuples avec des discours lénifiants. Mais il fallait appartenir à la «société des niais» ou encore souffrir de myopie frisant la cécité pour ne pas comprendre que les arguments et interprétations invoqués par ces promoteurs du mensonge et de la bêtise ne tenaient pas debout. Je ne veux pas être si pessimiste au point de dire que tout est noir, mais j'éviterai aussi l'optimisme niais, car les distances qui séparent les individus en termes de visions philosophiques et sociologiques sont grandes, de sérieux conflits on en voit encore de nos jours, et les indices et indicateurs signalant de graves tensions à venir sont si nombreux autour de nous. L'islam a permis d'éviter le pire à l'humanité. C'est une religion qui a orchestré les plus grands développements culturels et scientifiques de l'histoire. Cette religion a libéré la justice et l'esprit critique. Elle a encouragé le dialogue comme source de règlement des conflits. Elle a ouvert des pistes porteuses ainsi que des idées et de l'aide aux sciences et techniques... Dans l'absolu, elle a permis une économie de plusieurs billions de dollars à l'humanité. Imaginons le contraire : les prisons seraient débordées à cause de l'inconduite des gens, les coûts de gestion de l'anarchie qui s'en suivra seraient impossibles, la violence aurait atteint son paroxysme. Il est temps qu'une conscience musulmane naisse, qui sache dire ce qui est de l'islam et ce qui n'en est pas (dans le respect de la diversité et du pluralisme). Les musulmans doivent s'ouvrir, docilement, à cette majorité qui cherche à comprendre autant faire face, intelligemment, sans tambour ni trompette, au racisme d'une minorité qui trompe, ment et manipule. La dynamique doit changer dans l'intérêt de tous. Si elle fait aujourd'hui de l'islam un problème, elle doit contribuer dorénavant à en faire la réponse convaincante à toutes les questions posées. La religion ne saurait avoir pour finalité ultime de dresser l'homme contre l'homme. Les musulmans doivent comprendre une fois pour toute qu'il faut opérer une rupture entre le champ religieux et le champ politique afin de préserver leurs pays des affres de l'intolérance religieuse. Nous constatons ces dernières années une ruée vers l'arène politique de beaucoup de dignitaires religieux (printemps arabe oblige). De leur côté, les politiques font de ces derniers des annexes de leur partis. Ce mélange fait que la religion n'est plus une affaire privée mais devient un instrument du politique, pour vaincre ou périr. La laïcité ne rejette pas l'islam ; c'est une philosophie du vivre ensemble dans le respect des convictions et croyances de chacun. Des monstruosités comme couper des mains ou inciter à tuer, sans éprouver ni peine, ni compassion, ni regret ne sont pas le fait d'une religion. Si un être humain en est arrivé là, c'est parce qu'on lui a fait un lavage de cerveau. Le prophète Mohamed (QSSSL) n'est qu'un simple homme avec ses forces et ses faiblesses. Aucun écrit ne souligne qu'il ait institué un culte de sa personne. Il signifia aux musulmans qu'il ne doit exister aucune contrainte en religion. A titre d'exemple, son oncle paternel, celui qui a tout fait pour lui, dans la mesure où il était orphelin, est mort sans être musulman. Nul part, il n'est écrit qu'il l'obligea à se convertir à l'islam, ou qu'il lui coupa les mains ou les pieds. Il a autorisé de son vivant la célébration d'une messe dans sa mosquée. Dans sa propre famille, tant maternelle que paternelle, il y avait des non-musulmans qui n'ont jamais été inquiétés ni mis à mort, ni par lui ni par ses compagnons. Alors prédicateur ou prestidigitateur ' Les deux ne m'inquiètent pas ; bien au contraire, ils m'amusent.


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