Algérie

Précarité



Précarité
L'Algérien aurait-il subrepticement adhéré au grand temple du consumérisme en l'espace d'à peine une décennie ' C'est, en tout cas, ce que laisse souvent entendre le discours officiel en vigueur, appuyé parfois de photographies périodiques de l'Office national des statistiques (ONS). Ainsi, selon les conclusions de la dernière enquête menée par cet organe sur l'évolution du niveau de vie en Algérie, les dépenses des ménages sont carrément passées du simple au double entre 2000 et 2011. De prime abord, l'enquête de l'ONS suggère, quelque part, que ces dix dernières années, l'Algérien dépense désormais plus car gagne-t-il, assurément, beaucoup plus.Or, toute chose étant relative, s'il est vrai que durant la période considérée, le pouvoir d'achat des ménages a été effectivement gratifié de quelques points de rattrapage, il ne reste pas moins vrai que les revenus des Algériens continuent à ne croître qu'en évolution arithmétique tandis que les prix à la consommation, eux, croissent indubitablement en progression géométrique. En clair, si les revenus se sont effectivement améliorés depuis dix ans, les prix des divers produits ont, à l'évidence, progressé quatre ou cinq fois plus ; ce qui rend bien plus clairement compte de l'évolution des dépenses, même si les modes de consommation et «le panier de la ménagère» ont naturellement intégré quelques nouveaux usages consuméristes.Quoi qu'il en soit, le fait est qu'à l'image de l'économie nationale dans son ensemble, les quelques progrès de niveau de vie enregistrés ces dernières années restent des plus précaires, tant ils sont le fait de quelques mesurettes de distribution de rente et de soutien aux prix généralisé et mal ciblé. La politique socioéconomique de la décennie écoulée, faut-il en convenir, a bel et bien accouché d'une société de journaliers, les valeurs «travail salarié» et «productivité» laissant, pour ainsi dire, de plus en plus place aux logiques rentières.Aussi, comme le révèle si bien l'enquête de l'ONS, les ménages algériens, dont les revenus et les dépenses ont sensiblement augmenté, restent toujours enclins à consacrer le gros de leur budget à l'alimentaire, ce qui dénote, à n'en point douter, de l'absence de perspectives réelles d'accès au progrès social. Qui plus est, les gains de pouvoir d'achat issus de traitements salariaux de la Fonction publique, tout comme ceux nés de dispositifs de soutien aux prix, restent perpétuellement menacés d'érosion sous l'effet d'intempestives et incontrôlables poussées inflationnistes. Le pic de 9% atteint en 2012 en dit long sur les capacités des institutions à parer aux effets de phénomènes d'inflation importée, ou encore aux graves dérégulations qui caractérisent la formation des prix sur les marchés internes.




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