Sans anticiper sur les chances de son succès, la mission du panel chargé de conduire le dialogue et la médiation s'annonce compliquée. Non seulement en raison des péripéties ayant entouré sa mise en place et des multiples critiques auxquelles il est confronté, mais également à cause de l'intransigeance de l'état-major de l'armée, hostile aux préalables posés par le panel alors qu'ils sont jugés nécessaires pour l'amorce d'un dialogue sérieux.Dans l'éditorial de sa livraison du mois d'août, la revue El Djeïch a réitéré le rejet de ces préalables, dont l'élargissement des "détenus d'opinion" et la levée des barrages dressés chaque vendredi sur les voies d'accès à la capitale. "Dès lors que la finalité du dialogue national attendu est la recherche des modalités d'organisation de l'élection présidentielle dans les plus brefs délais, cela implique impérativement de rehausser le niveau du débat, d'éviter de se fourvoyer dans des questions secondaires, de poser des conditions préalables et des diktats illégaux tant cela va complètement à l'encontre de l'intérêt suprême du pays (?)", écrit la revue, qui reflète généralement le point de vue de l'état-major.
Autant la revendication de l'élargissement des "détenus d'opinion" que la demande de l'allégement ou de la levée des barrages des forces de sécurité déployés aux portes d'Alger sont considérés comme des "idées empoisonnées" inspirées par la "bande", concept vague et fourre-tout, où personne n'est identifié puisqu'il est repris même par les manifestants. Ce refus est d'autant plus paradoxal que l'institution militaire, comme l'a déclaré son chef d'état-major, appuie l'initiative de dialogue conduite par Karim Younès. Or, celui-ci n'est pas près, visiblement, d'abandonner l'exigence de ces préalables.
Dans sa dernière sortie sur Radio M, Karim Younès s'est dit toujours dans l'attente de la concrétisation de ces mesures sur lesquelles s'est engagé le chef de l'Etat, Abdelkader Bensalah. "On attend toujours de l'Etat algérien, qui s'est engagé, qu'il concrétise ces mesures afin d'apaiser le climat", a indiqué Karim Younès, avec, cependant, cette précision de taille : "Nous, nous avons rencontré le chef de l'Etat. C'est au chef de l'Etat de nous répondre." Faut-il dès lors conclure à des divergences au sein du pouvoir, visiblement ébranlé par le mouvement populaire, comme l'a suggéré Smaïl Lalmas, qui s'est d'ailleurs retiré du panel '
Quoi qu'il en soit, l'intransigeance de l'armée et son appui à l'Exécutif, dont la démission figure aussi parmi les préalables, ne sont pas de nature à rétablir la confiance avec le peuple, si telle est réellement sa volonté, pour créer les conditions d'un éventuel retour à la légitimité populaire. Peut-être que le discours attendu aujourd'hui d'Ahmed Gaïd Salah à Blida nous renseignera davantage sur les intentions des "puissants du moment" quant à leur vision pour sortir de l'impasse. Vont-ils concéder quelque compromis ou persister encore dans leur posture '
Karim K.
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Posté Le : 08/08/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Karim Kebir
Source : www.liberte-algerie.com