Pragmatisme

Fidèle à sa politique vis-à-vis du Maroc, l'Algérie a réitéré à l'occasion de la visite du chef de la diplomatie marocaine à Alger qu'elle était toujours disposée à traiter les relations entre les deux pays dans un cadre global. Le pragmatisme algérien est toujours de mise, car refusant de focaliser sur un seul point ou deux, comme le faisaient jusque-là les responsables marocains.
Le fait nouveau, cependant, est cette nouvelle approche du côté de Rabat qui donne l'impression d'accepter que les contentieux soient traités graduellement. Attendons pour voir si les Marocains, qui ont constaté que la politique du harcèlement systématique adopté auparavant pour forcer la main aux Algériens sur la question des frontières n'a guère donné de résultats, changent de fusil d'épaule seulement dans l'espoir d'atteindre leurs objectifs même dans des délais un peu plus longs.
Une chose est sûre, il y a du 'pragmatisme makhzénien' dans l'air parce que le but recherché est toujours le même, à savoir la réouverture de la frontière et un changement de la position algérienne sur le dossier sahraoui. Et pour mieux gérer le facteur temps et accélérer le traitement des dossiers et leur suivi, le gouvernement d'Abdelilah Benkirane préconise des rencontres périodiques plus fréquentes entre les responsables des deux pays. Quelle que soit la couleur politique du gouvernement marocain, islamiste ou autres, ces deux objectifs demeurent prioritaires pour le souverain alaouite.
Il faut, cependant, attendre pour voir qu'elle sera la réaction de nos voisins de l'Ouest, lorsqu'il s'agira de traiter les dossiers lourds, notamment la question de la sécurisation de la frontière pour lutter contre la contrebande et le trafic de drogue, qui constituent des soucis de premier ordre pour les responsables algériens. Rabat devra aussi régler le problème des Algériens spoliés de leurs terres au Maroc, à travers des indemnisations ou une restitution. Et comme la valeur de ces terres est loin d'être négligeable, le Makhzen risque de faire preuve de réticence. En d'autres termes, c'est lorsque les deux parties aborderont les contentieux, les uns après les autres, que l'on connaîtra les véritables intentions de Rabat.
M. T.