Algérie

Pragmatisme



Les échanges de délégations de haut rang entre Alger et Tripoli, leur constance surtout, incitent les observateurs à souligner un perceptible réchauffement des liens entre les deux pays voisins. Dernière visite d?importance d?un haut responsable algérien en Libye, c?est celle du chef d?état-major de l?ANP, le général de corps d?armée Ahmed Gaïd Salah. Est-ce pour autant, comme le soutiennent d?aucuns, une préfiguration d?un axe Alger-Tripoli ? Il serait difficile d?appuyer une telle hypothèse, en l?état actuel des choses, si elle n?est pas rapportée à la réalité du terrain. Plus que d?un axe, il conviendrait d?y voir en fait un retour à la normale après que la Libye soit sortie de sa longue mise au ban de la communauté internationale. Il n?en va plus de même maintenant que le colonel Kadhafi bénéficie d?un retour de grâce, y compris dans les capitales occidentales qui le vouaient aux gémonies. Même George Bush en dit désormais le plus grand bien, après que les Etats-Unis n?ont pas hésité, il y a quelques années, à bombarder la Libye et à imposer contre elle des sanctions économiques très dures. Tripoli paraît même être devenue une étape obligée pour les dirigeants de la planète, comme en atteste le séjour en Libye du Premier ministre britannique, Tony Blair, une visite ponctuée par la signature d?accords dans les domaines des hydrocarbures et de la défense. Le pragmatisme dont font preuve les dirigeants libyens, à l?évidence soucieux de bonifier leur image, ne peut pas les conduire à entretenir les meilleures relations avec leurs partenaires étrangers et à créer des tensions à leurs frontières, plus particulièrement avec leurs grands voisins. La Libye, après de nombreuses années d?isolement punitif, ne gagnerait pas à une rechute dans l?instabilité et les initiatives improductives pour une région vers laquelle semblent se tourner les investisseurs. Le réalisme libyen tient-il, comme le croient des analystes, au fait que le colonel Kadhafi, qui dirige la Libye depuis près de quarante ans, cultive une vision apaisée de la destinée de son pays qu?il voyait à la tête du monde ? Les temps ne sont manifestement plus aux rêves démesurés, car la mondialisation impose un réveil brutal à chaque pays et le porte à évaluer ses arguments. La première vertu est la bonne entente qui dicte à chacun, et forcément à des pays voisins, de ne pas s?ingérer dans les affaires des autres et encore moins à les déstabiliser. Les pays du Maghreb ont tout avantage à exister dans une telle bonne entente, car au bout du compte aucun d?entre eux ne va changer de territoire. Les règles de la proximité, les lois de la géographie et de l?histoire ne peuvent alors que pousser deux pays proches comme l?Algérie et la Libye à multiplier les possibilités. C?est quand il y a une volonté contraire de se tourner le dos que l?avenir de la grande entité maghrébine se trouve insulté. Pourquoi cette région du monde devrait-elle céder à une fatalité de la brouille, alors qu?il y a tant de voies possibles pour le dialogue. Mais cela, il faut être au moins deux pour le comprendre et y adhérer.


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