-Quels sont les défis que doit relever l'Algérie en matière de ressources en eau 'Notre pays, à l'instar des pays méditerranéens, vit depuis les années 1970 une réduction des apports atmosphériques, qui constituent la première ressource en eau des pays du Maghreb. Tous les scénarios développés jusqu'à maintenant sont pessimistes et prédisent une réduction des eaux souterraines ainsi que de la pluviométrie. Les programmes de construction de barrages pour emmagasiner ces eaux de précipitations constituent un outil intéressant pour accroître les réserves en eau. Mais il y a d'autres aspects. Il faut trouver les sites nécessaires pour concevoir ces barrages. Dans la région ouest par exemple, on n'arrive plus à en trouver. Ces barrages coûtent très cher.Une fois réalisés, nous constatons qu'il y a un problème d'envasement important. Cela constitue un handicap, puisque la capacité de stockage de ces barrages est réduite. Ainsi, il faut penser en parallèle à la construction des barrages, le stockage de ces eaux superficielles dans les sous-sols, et aux projets de recharge des nappes. L'Algérie a déjà eu un programme ambitieux pour la construction de retenues collinaires, avec la volonté d'en réaliser 1000 retenues. Mais le projet a été un échec, parce que les normes de construction n'ont pas été respectées. Les stations de dessalement de l'eau peuvent constituer un apport supplémentaire pour combler un manque.Un autre phénomène persiste également. Il s'agit de la pollution des nappes due à la réduction du niveau des nappes côtières et l'altération de la qualité de ces eaux par les nappes marines. Ce qui a abouti à l'invasion des eaux salées. Il y a par ailleurs les rejets directs dans la nature des eaux usées industrielles et domestiques. En outre, des produits fertilisants, employés excessivement par les agriculteurs, engendrent la pollution des eaux superficielles et souterraines.-Quelles sont les raisons de l'échec concernant le programme de construction de 1000 retenues collinaires 'Les programmes ambitieux dans la construction des ouvrages hydrauliques doivent être lancés en collaboration avec les chercheurs, car ils peuvent aider et proposer des solutions plus adéquates que les bureaux d'études. Ces derniers font de l'ingénierie seulement. Les chercheurs étudient les impacts qui peuvent avoir lieu suite à la réalisation de ces ouvrages. Une infrastructure modifie tout un environnement climatique, hydrologique, hydrogéologique et hydraulique. Les consultations des chercheurs permettent d'éviter les fiascos économiques, car tous les scénarios sont mis en relief.-Quelles sont les capacités des eaux souterraines 'Les chiffres exacts du volume des eaux souterraines, avancés par le ministère des Ressources en eau, sont plus importants dans le Sud que dans le Nord. Mais je préfère parler des eaux avec philosophie et pas avec les chiffres, qui parfois cachent d'autres intentions. Le vrai problème qui se pose est la difficulté de renouvellement des nappes phréatiques, dans la partie nord du pays, et l'impossibilité de renouveler ces eaux dans le Sud, car ce sont des nappes fossiles, accumulées sur des milliers d'années.Depuis les années 1970, le nombre de forages, notamment dans les régions fertiles, a augmenté pour satisfaire la demande. Conjuguées à la réduction de la pluviométrie, les nappes sont surexploitées. Des répercussions négatives ont eu lieu en termes quantificatif et qualificatif.-Quel sera l'impact de l'utilisation de la fracturation hydraulique une fois l'exploitation de gaz de schiste lancée 'Il faut tout simplement se diriger vers les laboratoires de recherche et les chercheurs pour connaître les scénarios; en France et aux USA, les opposants à l'exploitation au gaz de schiste sont plus nombreux que ceux qui sont pour.-Que préconisez-vous pour le secteur 'Il est à préconiser la construction de logements collectifs ou individuels munis de système de récupération d'eaux de pluie. Dans les pays développés, c'est fait dans un sens économique, pour réduire la facture. Les gens doivent prendre conscience du coût et de la valeur de l'or bleu. Il y a trop de gaspillage d'eau en Algérie. Il faut à la fois sensibiliser et en parallèle mettre en place des dispositifs de dissuasion pour ceux qui gaspillent. Il faut permettre aux couches vulnérables d'accéder à l'eau, mais en même temps à travers la facture, combattre le gaspillage. Sensibiliser via les médias lourds, la presse écrite, l'école, pour dire que cette eau est précieuse. Il faut par ailleurs intervenir sur l'ensemble du réseau pour diminuer les fuites, qui sont énormes.Les réseaux doivent être rénovés et mettre en place des services compétents pour combattre les fuites. En outre, il faut penser à traiter les eaux usées pour les utiliser pour l'irrigation, l'arrosage et pourquoi pas le rechargement des nappes qui se vident. Si on arrive à récupérer 70% des eaux rejetées dans les circuits, c'est déjà un effort considérable. Il faut se focaliser par ailleurs sur l'équilibre régional. Les régions qui ont des capacités limitées en eau ne doivent pas recevoir une population dont la demande serait supérieure à l'offre. C'est un point essentiel à étudier avant de développer les villes. Nous devons tenir compte du facteur de disponibilité limitatif. Si cette demande devient exagérée, il faudra ramener de l'eau d'autres régions, cela coûtera très cher.
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Posté Le : 11/01/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Bsikri Mehdi
Source : www.elwatan.com