«Nous avons vécu deux années (de pandémie de Covid) très particulières, très difficiles, pratiquement uniques dans l'histoire de la médecine algérienne. J'espère qu'on va tirer des leçons de cette période», a déclaré Pr Rachid Belhadj, président de l'Académie algérienne de développement des sciences médico-judiciaires et chef de service de la Médecine légale au CHU Mustapha, qui était l'invité de la Radio nationale, Chaîne 3. «Nous avons fait face à l'une des plus grandes pandémies, il est temps à présent de tirer les leçons et d'?uvrer à l'amélioration de notre système de santé, loin des discours démagogique et politique», a-t-il ajouté, estimant que la priorité devrait être accordée aux services des urgences. «Les urgences, c'est la première vitrine dans un système de santé», affirme encore Pr. Belhadj.Concernant la situation actuelle en matière de contaminations au coronavirus en Algérie, «nous enregistrons des taux très faibles par rapport aux quatre vagues de Covid-19, mais nous n'avons pas encore atteint le zéro cas, pendant une période de plus de trois mois. Parce que les données scientifiques disent qu'il faut entre trois et six mois pour dire que c'est fini. Il y aura tout de même quelques cas sporadiques, ce que l'on est en train de vivre», affirme Pr. Belhadj.
Même constat en matière de décès liés au Covid-19, où l'intervenant constate qu'il y a «zéro cas» au CHU Mustapha depuis une semaine, alors qu'aux services réanimation «il n'y a pas de surcharge». «Encore une fois, ‘El Hamdoulillah', parce que nous avons souffert pendant deux années».
Mais beaucoup reste à faire pour aboutir à un système de santé performant, pour Pr Belhadj. L'intervenant estime que la réforme du secteur passera inévitablement par la valorisation des compétences pour «freiner leur fuite vers le privé et vers l'étranger. «J'insiste sur la revalorisation des ressources humaines dans le secteur de la Santé publique et de l'Enseignement supérieur», ajoute l'intervenant, estimant que l'Algérie possède des compétences jeunes qu'il faut former, encourager et bien rémunérer.
Rachid Belhadj plaide également pour l'instauration d'un «système d'évaluation des performances». Ceci passe par la réforme de la gestion administrative et financière des structures hospitalières en instaurant l'obligation de résultat.
«On demande l'évaluation. Si un service fonctionne bien, il faut l'encourager. Mais lorsqu'un service n'est pas rentable, il faut agir», dit-il. «Nous sommes en train de négocier avec nos tutelles, c'est-à-dire les ministères de la Santé et de l'Enseignement supérieur, je parle en tant qu'hospitalo-universitaire, comment proposer un système de santé qui soit humain, basé sur la générosité et l'entraide, et aussi, ce qui est très important pour nous, penser à la revalorisation de la ressource humaine et les payer à leur juste valeur», poursuit-il. Citant le cas des professeurs en médecine, l'intervenant considère qu'il y a une «grande discordance flagrante entre son salaire et son rendement». «Mais il faut évaluer. Si on évalue les gens on va créer un système de santé efficace», dit-il à ce propos. Interrogé sur les pénuries récurrentes de produits et d'équipements médicaux, le Pr Belhadj a fait savoir qu'elles ne dépendent pas des structures hospitalières et qu'elles sont généralement causées par des lourdeurs administratives. Il réclame l'ouverture d'un couloir vert pour l'importation des produits sensibles et l'allégement des procédures administratives.
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Posté Le : 07/04/2022
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : R N
Source : www.lequotidien-oran.com