La lettre de Saïdani à Aït Ahmed vient, enfin, résoudre l'énigme qui, depuis le début 2012, entoure la nature des rapports entre le FFS et le pouvoir.En effet, à la veille du scrutin législatif de mai 2012, Aït Ahmed expliquait, dans un message au conseil national, "la nécessité tactique" de prendre part à des élections qu'il boycottait depuis deux législatures. Cette décision s'inscrit "dans notre stratégie de construction pacifique de l'alternative démocratique à ce régime despotique, destructeur et corrompu", écrivait-il.
Et pour préciser le caractère tactique de cette participation, le leader charismatique du FFS ajoutait cette précision : "Notre but ne réside pas dans un quota de sièges à atteindre. Notre but est dans la remobilisation politique et pacifique de notre parti et de notre peuple. C'est là l'essentiel de notre décision. Remettre du mouvement dans le statu quo."
On remarquera qu'il est question de construction "pacifique" de l'alternative démocratique et de remobilisation politique et "pacifique". L'argument n'est pas innocent, venant quelques années après l'insurrection du "printemps noir" de Kabylie et quelques mois après le début des Printemps arabes. Une année plus tard, dans son message au congrès, le président du FFS reliait le combat du parti "aux luttes sociales, syndicales et politiques (...) en faveur de l'émancipation des peuples et contre la dictature, la violence et le chaos".
Dans son courrier, Saïdani ne laisse aucun doute quant à une prochaine entreprise commune. Même si celle-ci devra prendre la forme d'une initiative politique associant le FLN et le FFS, il va sans dire qu'il ne peut s'agir que d'un deal entre le zaïm et le pouvoir représenté par ses décideurs du moment. Connaissant la sensiblerie statutaire du zaïm, difficile d'imaginer, en effet, un tête-à-tête Aït Ahmed-Saïdani.
Au demeurant, si le secrétaire général du FLN s'est permis de rendre publique l'intégralité de sa missive, c'est que les vrais tête-à-tête ont déjà eu lieu. Expliquant a posteriori l'éviction de Karim Tabbou, la participation "sans conditions de quota" aux législatives de 2012, le silence devant la quasi-vacation de pouvoir qui dure depuis au moins quelques mois et la satisfaction compréhensible mais contenue devant ce qui ressemble à une dissolution de la "police politique". La signature de la lettre du régime par Saïdani n'est probablement là que pour donner une forme politique à des tractations de pouvoir, une fois celles-ci avérées fructueuses.
La correspondance reprend jusqu'à la littérature d'Aït Ahmed : il s'agit, dans cette coopération, de "dynamique politique" qui anime le pays et de "protéger le pays des dangers multiformes qui le guettent". Elle sert surtout à ménager l'égo du zaïm, en plaçant le pouvoir en position de demandeur et en posant la démarche comme un appel à l'intervention "historique" d'un "historique".
Difficile de deviner la forme de cette surprenante convergence, la perspective d'une Constituante, entreprise politique qui aurait logiquement satisfait le patron du FFS, étant exclue. Mais, la démarche vise "les échéances les plus rapprochées" ; nous connaîtrons donc très vite le contenu de ce "new deal".
M. H.
musthammouche@yahoo.fr
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Posté Le : 01/10/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Mustapha Hammouche
Source : www.liberte-algerie.com