La mercuriale s'affole. C'est le sujet de discussion numéro un des
ménages. La hausse des prix a induit également de « nouveaux » comportements.
Des gargotiers ont dû s'adapter et surtout adapter le choix des plats
proposés à la clientèle à des prix imbattables. Il est, de plus, fréquent
d'entendre dans des gargotes des clients commander une « demie » assiette de
haricots, de « h'rira ». Bien sûr, qui dit demi-plat, dit moitié prix. Certains
travailleurs ont tendance à préférer aller vers le gargotier bon prix que de
rejoindre leur domicile. Le repas de midi n'est plus cette institution
familiale qui doit réunir tous ses membres. Le couple qui travaille, les
habitations situées loin du domicile familiale et la courte pause déjeuner,
obligent à faire l'impasse sur le repas de midi. Difficile de répondre sur le
pourquoi de ce comportement sachant que, par pudeur, aucun n'aimerait faire
étalage de sa situation. Un restaurant, ayant ouvert boutique du côté de St
Antoine, bat tous les prix. Des menus variés à 30 dinars et 50 dinars ont fait
de lui le « roi des gargotiers ». Quand la sardine coûtait moins cher, il
offrait un plat de boulettes saucées conçue à partir de ce poisson à 50 dinars.
Quand on entre dans cette boutique, il y a toujours foule qui attend d'être
servie. Ce restaurateur accepte de faire crédit. Manière de fidéliser une
clientèle. Et il y a, bien-sûr, la fameuse « kalantika », indétrônable repas de
secours.
Parmi les gens questionnés, nombreux déclarent « on mange n'importe quoi
à midi et le conjoint sait toujours se débrouiller avec les enfants ». Mais le
soir, c'est presque devenu le repas principal. « La vie est devenue tellement
chère qu'elle a amené de larges franges de la population à faire des choix »,
nous dit un fonctionnaire. Il y a aussi ces femmes qui mangent à midi sur les
lieux du travail. « Elles cotisent pour acheter un bon ragoût sans plus chez le
restaurateur du coin à raison de 200 dinars et deux petits pains », nous
dit-on.
Il y a quelques années, la nourriture ne constituait que 60 % du salaire
mais force est de constater que de nos jours, cette donne a changé et
l'essentiel du salaire va dans l'alimentation. Et le paiement des factures
d'électricité, eau et autre crédit ne laisse qu'une petite marge pour boucler
ses fins de mois. Et tout naturellement, les ménages ne peuvent grignoter que
sur la part réservée à la nourriture. Hier matin, au marché d'El-Hamri, il n'y
avait presque pas de foule parmi les clients. Pourtant, les étalages étaient
emplies de tout. Les prix affichés frôlaient l'incroyable à commencer par la
pomme de terre à 80 voire 90 dinars, la tomate à 120 dinars, les haricots verts
à 180 dinars, l'oignon à 50 DA, le petit pois à 60-70 dinars... Les
poissonniers quant à eux chômaient. La sardine à 240 dinars le kilo dissuadait
plus d'un pour demander le prix des autres poissons. Mais la sardine qui «
offre la garantie du poisson du jour » est toujours hors de prix. Hier, dira
Karim, un ancien poissonnier du marché d'El-Hamri, « je n'ai vu qu'une
vingtaine de casiers de sardine à la pêcherie ». Cette offre moins importante a
fait voler les prix à la criée.
Ce tour d'horizon renseigne bien sur la cherté de la vie. Les causes sont
multiples mais le constat est le même.
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Posté Le : 08/04/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : LT
Source : www.lequotidien-oran.com