Poutine réhabilitera-t-il la puissance de la Russie '

Le retour de Vladimir Poutine à la tête de la Russie était attendu par une bonne partie de la population de ce pays, celle, aujourd'hui électrice et majoritaire, qui ne supporte pas de voir la Russie se retirer, de plus en plus, de son rôle de puissance internationale, et céder, par tranches entières, sa souveraineté économique.Poutine a prouvé, in praesentia de 2000 à 2008, puis in absentia de 2008 à 2012, qu'il était devenu le symbole d'une Russie forte et le garant d'un équilibre politique au sein du pouvoir. Son retour désiré par une majorité, rejeté par une opposition qui formule d'autres aspirations que celles regardant la restauration du lustre d'antan, est le signe d'un retour de l'esprit nationaliste russe avec ses pendants au niveau interne sur les plans social et économique, et au niveau externe, sur le plan de la diplomatie russe en direction de l'Occident. Ce n'est pas un hasard si tous les chefs d'Etat occidentaux qui ont adressé leurs félicitations à Vladimir Poutine ont tenu à accompagner leurs messages de formules symboliquement chargées d'expectatives et d'attentes de voir la Russie s'orienter vers la voie de la modernisation, la mode occidentale étant à une méfiance vis-à-vis de tout nationalisme, ressenti alors comme une régression et un état de fait contre le progrès. Pourtant, en huit années à la tête de la Russie, Poutine avait réussi à redresser la situation économique et politique, et à édifier une Russie forte et résolument tournée vers la modernité, sans renoncer à des valeurs nationalistes que beaucoup considèrent en Russie comme les fondements de l'unité de la nation russe. Il faut dire aussi qu'un Vladimir Poutine au pouvoir en Russie aurait tendance à réactiver le rôle agissant de la Russie dans la gestion des dossiers épineux sur lesquels la gestion occidentale a été trop exclusive et par trop catastrophique. Le retour à un juste équilibre des forces, ou du moins des visions géostratégiques, pourrait, voire devrait, neutraliser la pensée et l'action uniques pour ne pas dire iniques.