Poutine grand favori

Crédité dans les derniers sondages de 58 à 66% des intentions de vote, Poutine devance de très loin ses quatre concurrents. Guennadi Ziouganov, 67 ans, le communiste qui brigue pour la 4e fois le Kremlin, est crédité de 10 à 15%. Mikhaïl Prokhorov, 46 ans, le milliardaire arriverait en 3e place avec quelque 8, 7% de voix. Vladimir Jirinovski, 66 ans, le populiste, et Sergueï Mironov, 59 ans, le leader de centre-gauche, boucleraient la liste avec des scores dérisoires. Selon les analystes, l'enjeu pour ces derniers se limite à étendre l'influence de leur parti et montrer la hauteur des concessions que devra consentir à faire le futur locataire du Kremlin. Déterminés à pousser Poutine à jeter l'éponge, ils tenteront aujourd'hui de rééditer les manifestations qui ont succédé aux législatives de décembre dernier, remportées avec près de 50% des voix par le parti au pouvoir « Russie unie ». Pour « attirer l'attention sur la situation politique intérieure », ils prévoient d'organiser aujourd'hui et demain treize rassemblements à Moscou. « On s'attend à ce que soient utilisés des mécanismes pour prouver que les élections sont truquées. Ils vont eux-mêmes bourrer les urnes, contrôler eux-mêmes et présenter des plaintes eux-mêmes », déclare le candidat favori. Comme pour faire taire ses détracteurs qui l'accusent déjà de fraude, il a demandé l'installation de webcams dans les 94.000 bureaux de vote où plus de 109 millions de Russes sont attendus et accusent ceux qui refusent de marcher avec lui de « traîtes à la patrie » et « d'espions à la solde des Américains ». Et pour cause ! L'homme fort du pays, qui a ramené la stabilité après les turbulentes années 1990 et réussi à redonner à la Russie sa stature de grande puissance, « vit » cette élection comme une « bataille ». Aujourd'hui, il promet de « réarmer » son pays (600 milliards de dollars d'ici 2020) comme il ne l'a jamais été. Il promet aussi, des réformes politiques de grande envergure, des hausses de salaire de 200%, de bourses d'études et de retraites et une baisse de l'immobilier de 20%. L'opposition et les Occidentaux, qu'il accuse d'être à l'origine des manifestations, le laisseraient-ils faire ' Certains experts doutent qu'il puisse aller au terme de son mandat de six ans en compagnie de son « dauphin » Dmitri Medvedev à qui il a promis le poste de Premier ministre. La raison ' Les Occidentaux ne semblent pas disposés à le laisser arriver à un des objectifs : propulser la Russie parmi les cinq principales économies du monde d'ici à 2020, avec un pib par habitant de 35.000 dollars, soit le triple de celui de 2010 et faire payer aux oligarques les privatisations des fleurons du pays dans les années 1990 qui leur ont permis de faire fortune, notamment dans les secteurs minier et pétrolier, pour une bouchée de pain.