Vladimir Poutine, le n°2 russe, a explicitement accusé jeudi les Etats-Unis d'avoir été derrière la capture et l'assassinat du colonel libyen Mouamar Kadhafi, alors qu'il tentait de fuir la ville assiégée de Syrte. Lors de la traditionnelle séance de questions/réponses à la télévision russe, Poutine a indiqué que les forces spéciales américaines sont impliquées dans la mort du dirigeant libyen, tué d'une balle dans la tête, lors d'un lynchage, dans des circonstances troubles, peu après sa capture.
«Des drones, notamment américains, ont attaqué la colonne (de voitures de Kadhafi). Puis avec leurs radios, via des forces spéciales qui n'avaient rien à faire là-bas, ils ont fait venir la soi-disant opposition et des combattants qui l'ont éliminé, sans jugement et sans enquête», a affirmé Poutine à la télévision.
Quelque temps après la mort de l'ex dirigeant libyen, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, avait déjà soulevé la question de la légalité de la frappe aérienne qui a touché le convoi de Kadhafi, conduisant à sa capture puis à sa mort par balle, alors qu'il était prisonnier. Au moment des faits, l'Alliance atlantique avait indiqué qu'elle ignorait que le colonel Kadhafi se trouvait à bord d'un des véhicules.
Réagissant aux affirmations du Premier ministre russe, le Pentagone a estimé jeudi, «ridicule» d'accuser les Etats-Unis d'avoir eu un rôle dans la mort, en octobre, du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi. «L'affirmation selon laquelle des forces spéciales américaines ont été impliquées dans la mort du colonel Kadhafi, est ridicule», a précisé le capitaine John Kirby, porte-parole du secrétaire américain à la Défense Leon Panetta.
Pour autant, les accusations de Poutine reposent sur des faits déjà soulignés par la presse française, après la mort de Kadhafi. Témoin gênant, lors d'un procès au Tribunal pénal international (TPI), le colonel Kadhafi aurait été liquidé par la France et les Etats-Unis, qui avaient en fait planifié son assassinat bien avant le 20 octobre, jour de sa capture et de sa mort, près de Syrte, alors qu'il tentait de quitter la ville. Ce sont là les révélations du quotidien satyrique français «Le Canard Enchaîné», selon lequel, aussi bien les Etats-Unis que la France voulaient liquider physiquement le colonel, et éviter sa comparution devant des juges du TPI : empêcher qu'il ne se serve de la tribune du TPI pour parler de ses relations supposées avec la CIA, avec les services secrets français et autres officines du renseignement américaines et françaises.
Avant les affirmations de Poutine, «Le Canard Enchaîné» avait écrit que «des troupes spéciales au sol, américaines et françaises, étaient d'ailleurs présentes aux côtés des insurgés du CNT, notamment à Syrte où se déroulait la dernière bataille pour la chute du régime de Kadhafi». Elles appartenaient, selon le quotidien parisien, aux services de renseignements américains et français, avec pour mission de porter assistance aux unités du CNT qui investissaient la ville, quartier par quartier et surtout, capturer le «Guide» vivant.
Le 20 octobre, à 8h30 du matin, 3 avions de l'OTAN s'approchent de Syrte, alors qu'une colonne de 75 véhicules fuit la ville, à vive allure. Kadhafi en faisait partie, et un drone américain «Predator» tire des roquettes. Un mirage F1CR français de reconnaissance suit un Mirage 200-D qui largue deux bombes de 225 kilos guidées au laser. Bilan : 21 véhicules détruits et Kadhafi seulement blessé. Des soldats français auraient été sur les lieux et ont assisté à la capture de Kadhafi, et à son lynchage. Les images de télévision montrent qu'il est tabassé, molesté, frappé à la tête, et puis plus rien, sauf une autre image le montrant gisant dans son sang, à même le sol. Officiellement, il a été tué d'une balle tirée à bout portant par un jeune.
De nombreux témoignages confirment, cependant, la présence, sur les lieux, de militaires étrangers que les troupes du CNT n'ont pas inquiétés. Parmi eux, il y aurait même des mercenaires sud-africains, certains blessés, chargés, eux, de faire sortir le «Guide» indemne de la ville. Deon Odendaal, un de ces mercenaires, cité par le quotidien sud-africain «Reporter», indique qu'au moins 2 Sud-Africains ont trouvé la mort dans l'opération, mais précise que la plupart des mercenaires s'en sont sortis parce que les soldats libyens ont crié de ne pas tirer sur des étrangers, et les ont même aidés à fuir.
Selon Poutine, l'acte de décès du colonel Kadhafi a été bel et bien signé par Washington. Aucun doute là-dessus. Et, selon le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Luis Moreno Ocampo, la mort de Kadhafi pourrait être assimilée à un crime de guerre. «La mort de Mouammar Kadhafi est une des questions qui doit être éclaircie - savoir ce qui s'est passé - parce qu'il existe de sérieuses suspicions sur le fait que c'était un crime de guerre», a-t-il déclaré à la presse, jeudi à New York.
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Posté Le : 17/12/2011
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Yazid Alilat
Source : www.lequotidien-oran.com