Algérie

Poussière, insécurité et soif



Poussière, insécurité et soif
C'est un authentique ghetto. Les habitants des tours des Allées du 20 Août 1955 dans la ville de Skikda vivent le calvaire, depuis trois décennies déjà.Les 12 tours de 14 étages chacune, qui étaient censées, lors de leur construction, apporter un petit exotisme urbanistique à cette ville, cachent très mal, la malvie et l'oisiveté qui caractérisent ces lieux. Les poussières, signe particulier de cette immense cité, ne sont rien devant d'autres lacunes qui minent le quotidien des habitants. Le semblant d'espace vert aménagé par la commune n'a rien d'un espace de détente. On n'y a planté qu'une multitude de poteaux électriques parmi quelques arbustes. Ces mêmes poteaux n'ont d'ailleurs jamais fonctionné. «On a tenté de nous prendre en charge pour éviter à nos jeunes de verser dans la consommation de la drogue en aménageant, à nos frais, ce terrain de proximité. On a déboursé près de 4 millions de centimes pour acheter du tuf.On a demandé à la commune et même à la daïra de nous envoyer un engin pour niveler et compacter ce tuf de façon à le rendre praticable pour nos jeunes footballeurs, mais on ne nous a même pas répondu», témoigne un quinquagénaire. Mais ceci n'est rien. Les manques d'aménagements extérieurs sont rien par rapport aux dangers qui guettent les habitants à l'intérieur des tours. Déjà pour commencer, il faudrait savoir que chaque tour comprend 56 appartements. Autant dire, presque une petite cité élevée dans les airs. Lors de leur construction, ces tours comprenaient des ascenseurs ainsi que trois entrées, l'une principale et les deux autres devaient servir d'issues de secours. Selon les habitants, les ascenseurs n'ont jamais été mis en marche. «J'ai toujours habité cette tour et jamais je n'ai vu cet ascenseur fonctionner. Je me souviens seulement que lors des premiers mois de notre venue ici, des techniciens de l'OPGI de l'époque étaient venus faire des essais sur ces ascenseurs.On avait même convenu que ces engins ne devaient desservir que les 10 derniers étages, soi-disant pour les préserver. Puis, les techniciens sont repartis et cet ascenseur n'a plus bougé depuis», raconte un des habitants. Cette situation concerne malheureusement toutes les tours des Allées du 20 Août 1955. Ses répercussions sur le quotidien des habitants sont «insupportables», selon leurs termes. «Ce sont surtout les vieilles personnes qui en souffrent le plus, surtout celles qui habitent les étages supérieurs. Même nous, les jeunes, il nous arrive des fois de ne plus vouloir ressortir de chez-nous», ironise un des jeunes de la cité. D'autres racontent leurs péripéties : «Croyez-le, les habitants des étages supérieurs louent souvent un appartement ailleurs pour pouvoir organiser leurs fêtes de mariage. Ici, personne ne peut inviter des gens chez lui. Mais qui pourrait escalader plus de 10 étages pour répondre à une invitation '» Ces déclarations ne sont pas si ironiques que ça. C'est une réalité que vivent ces habitants depuis plus de 30 ans. En plus de l'absence d'ascenseurs, un autre problème guette ces habitants. Il s'agit de la fermeture des issues de secours. «Certaines issues ont été converties en locaux commerciaux. D'ailleurs même l'escalier de secours a été fermé. En cas de danger, il serait très difficile aux 56 familles qui y habitent d'évacuer les lieux», témoignent les habitants. D'autres insistent sur le manque d'eau potable. «Les étages supérieurs restent les moins dépourvus. On tente à chaque fois de nous faire des cours de physique pour nous expliquer le pourquoi de cette situation. On ne veut pas d'explications, on veut boire», martèle un vieil habitant. Les habitants de cette tour ont de tout temps bataillé pour voir leur situation s'améliorer. Ils avaient même, dans le passé, porté plainte contre les pouvoirs publics et ils se disent encore prêts à batailler pour qu'on daigne enfin se rappeler de leur existence. Espérons que ce cri de détresse soit enfin perçu.


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