Pousse-toi que je m'y mette

Du sang-froid pour vaincre la peur d'un avenir qui enterrerait les espoirs communs et multiples ' A chaque veille de vendredi, les Algériens se demandent si la rue va de nouveau démontrer qu'elle en a et elle le fait. Elle le fait tout en cultivant une mémoire des faits qui, dans tous les cas, aide à faire échouer les scénarios douteux et contrer les tentatives qui ne se comptent plus de faire basculer le pays dans une dérive totalitaire. Il faut dire que ce qui se manigance en coulisses contre la stabilité du pays, déjà fragilisé par le refus d'accéder à la demande citoyenne, n'est pas de bon augure.Ils arrêtent à tout-va, sans dire pourquoi, ou alors, il le font du bout des lèvres pour que nous ne comprenions rien ou devinions à peine les griefs retenus contre la personne convoquée.
Désormais, chaque responsable politique, chaque entrepreneur, chaque homme d'affaires, chaque général sait que s'il répond à une convocation, il n'est pas sûr de quitter librement les lieux. L'Algérie va-t-elle s'en sortir indemne ' D'aucuns travaillent à ébranler les certitudes de populations déterminées à ne rien céder des espaces repris à la censure et à l'interdit.
Le pays n'est pas encore dans l'impasse, mais il ne tardera pas à l'être si l'on persiste à lui imposer une feuille de route dont il ne veut pas. Pour l'instant, une armée que l'on aimerait savoir préoccupée par la défense des frontières communique à coups d'interventions télévisées. Pas pour rendre compte de l'état desdites frontières, mais pour reprocher aux Algériens leur ingratitude à son égard. Qui cette dernière sert-elle en se substituant, avec une telle célérité, aux tribunaux civils ' Ce qui laisse perplexe, c'est que l'on fasse pareil pour tout le monde, que l'on confonde, et cela n'a rien d'innocent, procès politique et procès contre la corruption. Et ce qui gêne dans l'affaire, c'est cette stratégie qui consiste à insulter l'intelligence des Algériens tout en leur assurant le contraire. Autrement dit, que l'on va dans le sens de leurs revendications. Le système sait-il au moins qu'en ne cédant rien des privilèges accumulés, il court le risque de ne plus trouver à qui se fier '
M. B.