Algérie

Poursuite de l'affaire Achour Abderrahmane au tribunal d'Alger Audition des accusés sur fond d'interrogations



Poursuite de l'affaire Achour Abderrahmane au tribunal d'Alger                                    Audition des accusés sur fond d'interrogations
Plus on avance dans le procès, plus on s'aperçoit que la complicité a joué un rôle primordial dans l'affaire. Sinon comment expliquer que des sommes colossales aient été encaissées sans le moindre soupçon des services de contrôle de la BNA '
La question est sur toutes les lèvres des présents à l'audience de l'affaire Achour Abderrahmane qui s'est poursuivie hier au tribunal de Sidi-M'hamed avec l'audition des mis cause. Deux d'entre eux ont déjà été interrogés avant le week-end par le juge Mohamed Rekkad. Il s'agit de M. A., chef de service à l'agence de Bouzaréah, et de B. M., directeur de l'agence de Cherchell, accusés d'association de malfaiteurs et dilapidation de deniers publics, escroquerie, émission de chèques sans provision, faux en écritures comptables et négligences graves.
Ces derniers ont nié les accusations. Le chef de service de l'agence de Bouzaréah nie, en effet, avoir une quelconque relation avec les chèques qui sont du ressort du directeur d'agence, seul habilité à donner les ordres de paiement. Le directeur de l'agence de Cherchell a rejeté le fait d'avoir transmis des chèques sans provision à l'encaissement à l'agence de Bouzaréah et considère que 'le retrait de l'imprimé portant la mention non autorisé au paiement n'a aucun fondement car cette pratique ne peut se faire sans l'aval et la complicité du directeur d'agence'. Hier, c'était au tour de A. D., directeur régional de la BNA. Celui-ci, dans un arabe parfait, répond aux questions du juge tout en niant l'accusation d'association de malfaiteurs et dilapidation de deniers publics. Il précise que lorsqu'il avait pris ses fonctions de directeur régional, l'affaire avait déjà éclaté au grand jour. 'Dès mon installation, j'ai entamé une procédure de régulariser la situation. Au moment des passations de consignes, le problème existait déjà et la question était en voie de traitement pour recouvrer les prêts de Achour Abderrahmane. J'ai fait tout ce qui était possible pour régler ce problème', dira l'accusé.
'Mais comment se fait-il que ce client continuait à bénéficier du même traitement de faveur alors qu'il ne remboursait pas ses dettes ' Pourquoi votre attention n'a pas été attirée par les montants élevés qui lui étaient accordés interroge le juge. 'Je ne pouvais contrôler tous les chèques. Pour moi, les documents présentés étaient conformes', répond A. D., précisant que le contrôle était du chef de département qui lui rend des comptes par des rapports périodiques et quotidiens lorsqu'il s'agissait de cas suspects. Dans une longue explication, il fait part au juge qu'il est impossible qu'il puisse contrôler à lui seul les 21 000 clients. Il se contentait pour cela de lire le compte rendu de ses subalternes. Cependant, là où les choses se compliquent, c'est lorsque l'accusé présente Achour Abderrahmane sous la facette d un bon client pour lequel des recommandations ont été particulièrement faites'. En d'autres termes, des directives ont été reçues pour 'bien traiter ce client qui est d'un grand intérêt pour la BNA'. C'était assez clair, selon le juge, pour permettre au juge de s'interroger sur l'établissement de 250 chèques en 18 jours au profit de Achour Abderrahmane. L'accusé précise encore une fois qu'il n'était pas de son ressort de contrôler tous les chèques. C'est quoi votre rôle alors à la direction régionale ' demande le procureur. 'Je coordonne la bonne marche de la stratégie de l'institution', se contente de répondre l'accusé qui, à demi-mot, accuse les chefs d'agence de Bouzaréah et de Cherchell. Deuxième accusé, S. B., qui n'est autre que le beau-frère de Achour Abderrahmane, est le gérant de l'une des sociétés de ce dernier. Lui aussi était au Maroc durant la même période où Achour et deux de ses proches collaborateurs étaient dans ce pays. S. B. avait fait une année de prison au Maroc suite au mandat d'arrêt international lancé contre lui par les autorités algériennes. Pour sa part, il a plaidé non coupable. 'J'avais décidé de mon propre chef de rentrer dans mon pays, sachant que je n'avais rien à me reprocher', dira-t-il. Tous diront la même chose. On a comme l'impression que dans cette affaire, beaucoup de zones d'ombre ne seront pas éclairées. Et si toute cette histoire cachait un trou pour lequel des boucs émissaires sont prêts à être sacrifiés ' Pour le moment, on sait que le procès va durer quelques jours.
A F


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