Algérie

Pourrissement



Pourrissement
Signée en 2003 et actualisée en mai 2011 entre Algérie Poste (AP) et le partenaire social, la convention portant sur les revendications socioprofessionnelles des travailleurs de la poste n'est toujours pas appliquée. C'est ce qui a déclenché le mouvement de grève qui paralyse depuis quelques jours les bureaux de poste. Suivi par la majorité des travailleurs, ce débrayage a comme point commun avec celui des travailleurs de l'Etusa (Entreprise de transport urbain et suburbain d'Alger), observé fin 2012, et bien d'autres secteurs, la non application des conventions conclues. En d'autres termes, la non tenue des engagements pris. Pour apaiser la tension sociale qui prévaut au sein de nos entreprises publiques, dont la gestion se fait de manière archaïque sans planification ni prospective, les pouvoirs publics, en collaboration avec les sections syndicales relevant de l'Union générale des travailleurs algériens (Ugta), s'empressent de constituer des groupes de travail qui travaillent de longues semaines, voire de longs mois, pour établir des conventions collectives qui finissent par être mises aux oubliettes. Croyant calmer le jeu, les dirigeants de ces entreprises avec la complicité de l'Ugta promettent monts et merveilles dans ces documents sans aller au bout de leur application. Mais en réalité, ils ne font que pousser vers le pourrissement puisque l'arnaque finit par être démasquée tôt ou tard. Il suffit d'une petite étincelle pour soulever la colère enfouie et montrer le marasme de milliers de travailleurs. Dans le cas d'AP, c'est le non paiement de la prime de fin d'année qui a poussé les travailleurs à la grève et à demander le départ du secrétaire général du syndicat du secteur et du directeur général d'AP. A l'époque de Benbouzid, les enseignants avaient également demandé son départ, pour le retrouver quatre mois après au Sénat dans la liste du tiers présidentiel. Celui qui a mené l'école algérienne à la catastrophe a fini par revenir par une autre porte. Il s'agit là d'un autre dossier aussi inquiétant que cette situation de pourrissement sur le front social, laquelle ne fait que dévoiler encore une fois les nombreuses lacunes dont souffre la gestion de nos entreprises publiques, soumises au diktat de «managers» -quoique le terme ne leur sied pas du tout. A chaque fois qu'une grève est entamée, on cherche à trouver des subterfuges pour parler de l'illégalité du mouvement, minimiser son impact et dresser l'opinion publique contre les travailleurs grévistes. Des éléments auxquels s'ajoute un autre justificatif, celui des difficultés financières. D'un côté, on se permet des dépenses inutiles et, de l'autre, on évoque des problèmes d'argent pour expliquer l'impossibilité de prendre en charge les doléances des travailleurs, qui sont posées dans une conjoncture de plus en plus en difficile, notamment avec les prévisions d'une hausse des prix. Et le pourrissement continue.
S. I.


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